[Entretien] Robert Sagna sur les travaux de Baldé dans la commune de Ziguinchor « Ce programme, nous l’avons élaboré et trouvé les financements »

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Dans un entretien qu’il nous a accordé l’ancien maire de Ziguinchor, Robert Sagna Secrétaire Général du Rassemblement pour le socialisme et la démocratie / Takku defaraat Sénégal (Rsd/ Tds) nous livre ses impressions sur les questions de l’heure. Entre autres questions, la politique, la crise casamançaise, l’appel au dialogue lancé par le Chef de l’Etat, la campagne arachidière, les travaux de Baldé dans la commune de Ziguinchor ont été évoqués.

La Sentinelle : Parlez – nous de votre parti où en êtes vous ?

Rober Sagna : Le parti se porte bien. Il va avoir bientôt deux ans et nous tenons toutes les semaines une réunion du bureau politique et nous participons aux activités politiques nationales. Nous participons également aux activités de Bennoo. Nous avons pris part aux assisses nationales, nous effectuons des tournées à l’intérieur du pays, notre parti fonctionne normalement, il n’ y a pas de problème particulier.

L.S : On ne vous entend pas souvent sur les questions de l’heure ?

R.S : Ecoutez, je m’exprime quand j’ai envie qu’on m’entende comme vous le faites. Je parle quand je pense qu’il est nécessaire de le faire ou bien si les occasions se présentent et qu’on me demande mon point de vue sur une actualité. Sinon le parti s’exprime toutes les semaines et certainement vous avez eu l’occasion de publier quelques communiqués de mon parti.

L.S : Ne pensez -vous pas qu’il est encore possible de rejoindre votre ancienne formation le parti socialiste, d’autant plus que rien idéologiquement ne vous divise ?

R.S : Si ! Quelque chose nous divise, sinon nous n’allions pas quitter le Parti Socialiste. Nous avons aujourd’hui notre parti. Certes nous sommes issus des flancs du parti socialiste. Nous avons quelque chose de commun qui est très important. Nous sommes tous des socio-démocrates et nous n’avons jamais cessé de lancer un appel à toutes les autres formations, et continuons à le faire pour que tous les socio démocrates notamment ceux qui sont sortis du flanc du parti socialiste se regroupent pour que la grande famille se retrouve.

L.S : Etes – vous prêt à retourner au Parti Socialiste ?

R.S : Non ! Je ne crois pas que la solution est de réintégrer le parti socialiste. Il est hors de question de retourner au parti socialiste. Il est possible que l’ensemble des formations politiques issues du flan du parti socialiste, se retrouvent autour d’une plate forme commune qu’ils vont définir pour que la grande famille socio démocratique se retrouve. Je lance un appel à tous les socio démocrates pour se retrouver autour d’une plate forme commune sur laquelle on peut s’entendre, mais la question n’est pas de retourner au parti socialiste.

L.S : La crise casamançaise connaît un regain de tension ces derniers jours. Avez-vous une formule magique à proposer pour trouver la paix ?

RS : on, je n’ai pas de formule magique.

L.S : Alors quelle solution de sortie de crise préconisez vous ?

RS : il faut d’abord avoir la volonté d’aller à la paix. Cela s’adresse à la fois aux pouvoirs publics, notamment aux autorités qui nous gouvernent et ceux qui sont dans le maquis. Il faut de la volonté de part et d’autre pour essayer de trouver une solution de sortie de crise. Il faut se retrouver autour d’une table de négociations, car il n y’a pas d’autres issues parce que dans tous les conflits, quelles que soient les gravités, quelles que soit leur degré, tous les conflits se terminent toujours autour d’une une table de négociations. De mon point de vue, il faut aller à cette table de négociations et le plus tôt serait le mieux. En plus le conseil que je peux donner au chef du maquis c’est de prendre toutes les dispositions pour aller à la paix. L’appel ne s’adresse pas seulement aux rebelles mais aussi au président de la république. Pour dialoguer, il faut deux personnes.

L.S : Votre successeur à la mairie de Ziguinchor s’engage résolument à reconstruire la ville notamment les artères et les canalisations. Ne vous sentez- vous pas un peu responsable de cette situation ?

R.S : Je ne suis responsable de rien du tout. J’étais maire pendant 25 ans, j’ai fait ce que j’avais à faire. Un nouveau maire est arrivé, il fait ce qu’il a à faire. Je crois qu’il n’ y a aucune responsabilité particulière là-dessus. Un maire, il est là pour répondre aux sollicitations et aspirations des populations. Le nouveau maire poursuit tout le programme que j’ai entamé. Ce sont mes projets et mes financements qu’il a trouvés. Vous ne pensez pas qu’en moins d’une année un maire peut arriver à élaborer et trouver un financement et l’exécuter ça ne peut être. Ce programme, nous l’avons élaboré, nous avons trouvé ce financement. Une équipe est arrivée et elle l’a en mis en œuvre. Vous savez il y a une continuité. Je crois, il n’ y a rien de grave à cela, il faut seulement s’en féliciter pour qu’il puisse exécuter ce programme et qu’il accomplisse bien son travail au profit des populations de cette région.

L.S : Qu’en est –il des accords que vous aurez signés avec les bailleurs de fonds avant votre départ ?

R.S : Nous avons eu plusieurs programmes avec ces bailleurs de fonds. Si vous parlez des infrastructures routières en ce qui concerne la commune, c’est un accord avec la Banque mondiale, un contrat de ville d’un peu plus de 2 milliards de francs. Nous avons également signé avec l’union européenne, un contrat concernant les pelages des routes de Ziguinchor pour un montant de 12 milliards qui vont être étendus sur plus de 16 milliards pour ne citer que cela. Nous étions également avec l’association des maires francophones sur un programme d’érection d’un centre culturel. Nous avons également des programmes dans les domaines de la santé et de l’éducation, c’est autant de programmes que nous avons ficelés. Je crois que ces programmes sont en train d’être concrétisés par la nouvelle équipe.

L.S : Benno Siggil Sénégal est une entité qui regroupe les principaux partis de l’opposition, vous sentez- vous à l’aise dans cette structure ?

R.S : Parfaitement, nous avons été avec Benno à l’élection. Bennoo est organisé d’une façon où il y a un staff, six leaders de partis qu’on appelle les groupes de contact. Bennoo regroupe 35 partis. Le staff se réunit tous les mardis et les leaders de tous les partis se retrouvent tous les jeudis. Vraiment, nous nous sentons très à l’aise dans Benno. Nous n’avons pas de problème particulier dans le fonctionnement de la structure.

L.S : Croyez vous à la candidature unique ?

R.S : Non seulement j’y crois et j’y travaille parce que cela me paraît le meilleur choix pour apporter le changement. Il faut une nouvelle alternance pour que le Sénégal puisse retrouver un nouvel élan, pour que la pauvreté soit éradiquée mais également la démocratie de ce pays puisse être renforcée et qu’on vive dans une atmosphère plus sereine qui permette à ce pays à aller de l’avant. Ce que je constate aujourd’hui, c’est malheureusement que, nous avons régressé. C’est un peu dommage que les espoirs fondés sur ce changement en 2000 ne soient que des illusions. Il faut rapidement faire avancer les choses, pour cela il faut que tous les sénégalais s’y mettent, parce que la démocratie c’est un acquis, il faut la renforcer pour nous vivre dans une ère de paix, de prospérité.

L.S : Bennoo peut –il imposer au Président les réformes que vous exigez sur le code électoral, le fichier entre autres ?

R.S : Je crois que le problème n’est pas d’imposer, mais de dialoguer et convaincre. L’essentiel, c’est de discuter, que chacun expose ses arguments. Si on est de bonne foi, on doit pouvoir accepter les arguments patents et pertinents qui permettent d’aller vers un climat économique et social serein. Ce n’est pas un conflit mais un dialogue, un échange avec au bout une bonne foi qui permette à chaque parti d’exposer ses points de vue, d’écouter les points de vue des autres, d’échanger pour arriver à un consensus le plus large possible sur les différentes questions qui vont être abordées .Il faut que ce dialogue soit sincère et franc.

L.S : Le président Wade vient de vous appeler au dialogue. Qu’en pensez- vous ?

RS : C’est vrai qu’il a appelé au dialogue, mais ce n’est pas la première fois. Il ne s’agit pas d’appeler au dialogue, mais d’y aller. Bennoo a réagi positivement à cet appel. Au moment où je vous parle, une lettre a été envoyée au président de la République qui définissait une plateforme de dialogue, les termes de références de ce dialogue. Des propositions concrètes ont été faites au Président de la République et jusqu’à maintenant nous attendons qu’il réagisse

L.S : Le Monument de la Renaissance a fait l’objet de critiques souvent acerbes. Vous avez certainement votre point de vue là-dessus, lequel ?

R.S : J’ai toujours dit que je ne comprends pas cette fausse querelle sur cette statue. Le Chef de l’Etat a le droit d’ériger une statue. Ce que j’ai constaté, on a voulu donner à ce monument une connotation plus ou moins religieuse, alors que pour moi cette statue est laïque, comme il en existe dans d’autres pays. Je ne vois pas pourquoi elle fait l’objet de beaucoup de débats. C’est regrettant que cela fasse l’objet d’interprétations à connotation religieuse, cela n’a pas de sens.

L.S : Le Sénégal prépare le cinquantenaire de son accession à l’indépendance. Etes-vous impliqué dans les préparatifs de l’événement, que compte faire votre parti ?

R.S : Ecoutez, je crois que c’est un événement important. On doit le célébrer car cela fait 50 ans que le Sénégal a accédé à l‘indépendance. C’est une étape qui devrait permettre à tous les sénégalais, à tous les leaders de l’opposition ou le pouvoir de faire le bilan d’étape, de faire dans le processus de développement de notre pays. Cela concerne tous les citoyens, mon parti va apporter sa réflexion à ce bilan d’étape, nous allons réfléchir pour savoir ce qui a été fait, ce qui a été bien fait ou moins bien fait et essayer de dégager des perspectives pour demain, pour que la jeune génération puisse s’asseoir sur des socles.

L.S : Le président Wade menace d’interdire la vente de la friperie, n’a-t-il pas raison, si cela permet de booster l’industrie textile ?

R.S :C’est un problème complexe. Si on doit supprimer toutes les activités informelles, dans ce pays, je crois que cela créerait les meilleures conditions d’un malaise social. Il faut accepter un certain nombre d’activités qui vont permettre aux Sénégalais de survivre. Aujourd’hui, sur quatre Sénégalais, il y a à peine deux qui travaillent ou peut être moins, donc il y a des activités qui permettent à ces citoyens Sénégalais de subvenir à leurs besoins. La question est de savoir en quoi l’importation de cette friperie peut- elle avoir d’inconvénient sur l’industrie industrielle textile. Il faudrait aussi voir quel apport ces activités de ventes des friperies peuvent-elles avoir sur l’économie sénégalaise et qu’est ce que cette vente de friperie peut apporter aux Sénégalais par rapport à la main d’œuvre, et à la création de l’emploi. C’est comme ça qu’on doit analyser cette affaire. Je crois que la suppression de cette activité est un problème qui n’est pas simple à mon avis, on ne devrait pas prendre une décision hâtive, il faut évaluer l’activité par rapport à la création d’emploi. Autre chose, il y’ a aussi le pouvoir d’achat des Sénégalais. Beaucoup de Sénégalais s’habillent avec la friperie. Il ne faut pas prendre hâtivement des décisions sans au préalable les étudier. Je vais vous donner un exemple, quand j’étais ministre des transports, mes techniciens m’avaient demandé de supprimer les « taxis clandos ». Mais après réflexion, j’ai dit que cela apporterait plus de problèmes qu’il ne résout. Il faut légiférer, contrôler et je pense qu’il faut tolérer cette activité parce que certains « goorgolou » n’ont pas les moyens de se payer des « prêt à porter » Il faut faire en sorte que cela ne crée plus d’inconvénients que d’avantages. Je n’ai jamais voulu supprimer les » taxis clandos » parce que cela ne rend pas service aux sénégalais, il faut veiller à ce que cela ne soit pas un danger public. Dans un pays en voie développement, il ne faut pas toujours imiter les pays hyper développés.

L.S : La campagne arachidière bat son plein avec beaucoup de bruit. Qu’en pensez- vous ?

R.S :J’ai eu l’occasion de le dire, j’ai contesté le niveau de production annoncé, quand on parle d’un million de tonnes. Cela ne peut être vrai, si l’on sait qu’on a distribué que 3oomille tonnes et j’ai toujours déploré le manque de financement. Une campagne se prépare quatre mois à l’avance en cherchant le financement, non seulement avec le pool bancaire national, mais avec l’extérieur. J’ai constaté que le repreneur de la Sonacos n’avait pas suffisamment d’argent, il a acheté le peu que les agriculteurs ont produit. Le Gouvernement a du mal à collecter les 300 mille tonnes qu’il s’était fixées. Aujourd’hui, le constat est là, il ne peut avoir 200 mille tonnes, et c’est décourageant pour conserver cette filière. Le bassin arachidier fait nourrir plus de 800 mille familles et l’arachide, c’est que nous savons le mieux faire. L’arachide est la culture la mieux adaptée à la condition écologique du pays. Si vous supprimez l’arachide pour amener un autre produit qui n’est pas adapté, vous ruinez le pays. Le bassin arachidier est appauvri parce qu’on n’a pas soutenir cette filière qui en est l’élément essentiel. Je déplore qu’on ne donne pas la place qu’il faut à l’arachide, c’est l’alternance qui est en train de tuer cette filière et il faut éviter cela.

L.S :L’Etat et les opérateurs économiques se renvoient la balle quant au financement de la campagne. Qu’en est –il exactement ?

R.S : C’est le gouvernement qui est responsable. Les opérateurs économiques ne peuvent pas agir dans un environnement non assaini et l’Etat a commencé à dissoudre un certain nombre de structures utiles. Aujourd’hui, c’est l’argent qui manque, par conséquent la responsabilité par rapport à cette situation relève de l’Etat sénégalais. Il faut que les autorités arrivent à mettre en place le financement et le plus tôt possible. Hélas ! Ceux qui sont là, nous gouvernent très mal.

Africanglobalnews.com

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