Roland Colin, ancien directeur de cabinet – « Le message de Mamadou Dia est pour les jeunes d’aujourd’hui »

Date:

Parti de sa Bretagne natale dans les années 50 pour intégrer l’école nationale de la France d’Outre-mer où Senghor fut l’un de ses enseignants, Roland Colin a très tôt eu une « sensibilité favorable à l’indépendance des colonies françaises d’Afrique ». C’est ainsi que Roland Colin s’est mis à la disposition de Mamadou Dia pour être son directeur de cabinet puis conseiller personnel de 1957 à 1962. 52 ans après, Roland Colin est encore aux premières loges mais juste devant le pupitre de l’Amphithéâtre Guizot de la célèbre université pour apporter son témoignage aux Sénégalais, Africains et anonymes venus l’écouter. Avec émotion et retenue, l’auteur du livre « Sénégal, notre pirogue », a ravivé le souvenir et les enseignements de Mamadou Dia. Entretien.

 Quelle est votre première réaction après la projection du documentaire « Président Dia », devant un parterre de jeunes ?

« Ma première analyse est qu’une telle projection renforce ma conviction de l’importance et de la nécessite de la communication entre les générations. Je pense que Mamadou Dia est un homme dont le message concerne autant la jeunesse d’aujourd’hui que les hommes de son temps.

Un film de cet ordre, qui est de sensibilité profonde donc pas anecdotique, représente ; pour les nouvelles générations, un ressort de motivation pour poursuivre les combats d’antan.

D’autant plus que ces luttes pour la liberté ne sont jamais finies. Mamadou Dia est un vieux lutteur et j’espère que les jeunes générations seront des lutteurs pour continuer sur cette voie.

Un vieux lutteur, comme vous dites, mais dont le message est toujours actuel. D’ailleurs quel peut être le message de Mamadou Dia pour les jeunes de 2014 ?

C’est un message pour les jeunes mais pas que pour eux. C’est un message pour tout le monde : Toute lutte pour la démocratie doit partir du peuple réel, de la base. Mamadou Dia aimait à dire, « le développement, ça ne peut être que le développement à partir des communautés de base ».

Il faut donc vraiment revenir aux racines, c’est là qu’on peut retrouver la force, la substance pour nourrir le chemin à parcourir.

Que ce soit dans le documentaire ou dans son parcours, il y a beaucoup de nourriture de l’esprit et puis de la détermination dans le message de Mamadou Dia.

Que gardez-vous de Mamadou Dia, aujourd’hui, dans votre vie de tous les jours ?

C’est le souvenir d’un compagnon à la fois très sensible, très amical, très chaleureux et en même temps très exigeant. Je trouve que l’alliance entre la sensibilité et l’exigence représente un modèle que j’espère bien installer dans ma propre vie.

Quelle lecture faites-vous des événements du 17 décembre 1962, 52 ans après ?

D’abord comme j’étais personnellement mêlé à cette histoire, j’en garde un souvenir ému. En même temps, la problématique des évènements de cette période n’a pas vieilli d’un iota.

Autant sur le combat pour la liberté que le rapport au peuple. Il y a la nécessite de créer, à chaque moment, une démocratie constamment renouveler. C’est un trésor et merci à Dia de nous l’avoir légué.

Pour avoir pris le pari d’un développement économique endogène avec l’agriculture, l’éducation, entre autres, comme c’est le cas avec le Plan Sénégal émergent, l’histoire n’a pas donné raison à Mamadou Dia ?

Il avait un mot d’ordre : « le développement ne peut être que celui de tout l’homme et de tous les hommes ». Je crois que c’est une formule qui dit tout. Cela veut dire qu’on ne peut se développer seulement avec un angle d’attaque de l’horizon. C’est tout l’homme qu’il faut développer.

Il y a une recherche de l’unité de l’homme qu’il faut préserver. Cela veut dire travailler autant sur l’éducation, l’agriculture, le familial, le social que le politique. Je crois que cette globalité est fondamentale.

Retournez-vous souvent au Sénégal ? Quels sont vos rapports actuels avec ce pays ?

Ce sont des rapports constants. J’ai un réseau d’amis et de partenaires qui restent extrêmement vivant et je peux dire que le Sénégal fait partie de ma vie. Tant que cette vie me sera donnée, le Sénégal y sera présent.

Le Soleil

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Parti Socialiste : Aminata Mbengue Ndiaye « convoque » le Secrétariat exécutif national

XALIMANEWS-Après la réunion de la commission électorale du Comité...

Assemblée nationale : le groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar en reunion cet après-midi

XALIMANEWS-Les membres du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar se...