Ruine politique à Bennoo Par Cheikh Fadel BARRO

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L’opposition n’a pas pu tirer profit de toutes les dynamiques créées depuis 2007 pour offrir au peuple une vraie alternative. Assises nationales, Bennoo, Amadou Mahtar Mbow, M 23… quel gâchis !

Dommage ! L’opposition réunie dans Bennoo siggil Senegaal vient d’entériner ou plutôt de reconnaître sa division après des années passées à faire croire à l’opinion qu’elle pouvait trouver un candidat de l’unité. Tout le monde y avait cru. Non pas par le fait et la fiabilité des principaux leaders politiques animateurs de la coalition, mais par la participation de toutes les personnalités qui se sont engagés pour proposer au peuple sénégalais une alternative crédible capable de redresser le pays après le passage du « démolisseur » Wade qui a fini de « déconstruire » la République. Quel gâchis ! Au bout du compte, on se demande quelle importance il y avait à réunir les forces vives de la Nation autour des Assises nationales, si les partis politiques les plus représentatifs ne sont pas capables de s’unir pour en rendre effectives les conclusions.

L’opposition réunie dans le Front siggil Senegaal pour contester les résultats de la Présidentielle de février 2007 a pris l’initiative des Assises nationales. Revigorée par le succès du boycott des Législatives de juin 2007, elle a appelé les forces vives du pays à des concertations inclusives. Syndicats, personnalités indépendantes bref, ce qu’il est convenu d’appeler la société civile s’est très vite approprié l’initiative pour en faire une affaire du peuple sénégalais, déconnectée de toute préoccupation politicienne. Dans cet élan citoyen et participatif, ils ont su, des années durant, provoquer des débats thématiques dans les contrées les plus reculées du pays pour donner la parole à tout le monde dans le but de recueillir leurs propositions. C’est ainsi qu’est née la Charte de bonne gouvernance démocratique. Ce document ratifié par toutes les parties prenantes aux Assises, est une plage de consensus censée refonder la République. Aussi, un projet de Constitution inspiré par cette charte avait-il été élaboré par le Bureau des Assises.

Assises

Seulement, les partis politiques, surtout les plus représentatifs (le Ps et l’Afp) n’ont jamais su être à la hauteur de l’espoir suscité par la grande concertation. Tout s’est terminé pour eux, en mai 2009, jour de clôture des Assises nationales au Méridien Président. Ils n’ont rien fait pour en vulgariser les conclusions. Au contraire, ils se sont organisés pour refaire les Assises à leur manière en concoctant une autre Constitution, excluant de fait toutes les forces vives qui avaient mis toutes leurs ressources pour la réussite de l’initiative. Là, déjà il y avait les prémices d’une démarche cavalière contraire à l’esprit des Assises.

Pourtant, ces Assises ont été le ciment de leur succès aux élections locales de 2009. Sous la marque, « Benno » (unité), ils ont pu gagner dans les grandes villes et contrôler plusieurs communautés rurales grâce aux Assises nationales qui ont offert un plateau de discussions et de concertations. Dans certaines collectivités, le même esprit a permis d’investir des personnalités indépendantes soutenues par tous dans le seul intérêt des masses. Mais, quand il s’est agi de la Présidentielle les principaux leaders (Niasse et Tanor) sont incapables de dépasser leur propre personne. Aujourd’hui, ils se combattent sur le terrain et disent prôner l’effectivité des Assises. Quel paradoxe !

L’autre gâchis dans cette désunion repose le fait qu’ils ont été incapables de rendre l’ascenseur à Amadou Makhtar Mbow. L’ancien directeur général de l’Unesco pouvait passer sa retraite tranquillement loin des mêlées et des bauges de la vie politico-politicienne sénégalaise. Toute son existence, il s’est battu à côté du peuple et a fini d’inscrire son nom en lettres d’or dans les anales de notre jeune pays. A 90 ans il a accepté de miser sur les forces vives, pour son pays. Avec sa caution morale, il a donné aux Assises un cachet officiel et un crédit au niveau de l’opinion internationale. En le faisant, il a dû certainement se faire violence. En effet, le professeur est allé dans son engagement jusqu’à jouer le rôle de facilitateur dans Benno pour les aider à trouver un candidat de l’unité. Ce qui donne de la matière à ses détracteurs qui assimilait son engagement à un simple favoritisme, un penchant pour la famille socialiste au détriment de la famille libérale au pouvoir.

Cheikh Fadel BARRO

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