Saint-Louis retrouve ses habits de capitale

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La ville de Saint-Louis redevient, pour 48 heures, la capitale du Sénégal, à la faveur du conseil interministériel et du conseil des ministres décentralisés, qui s’y tiennent mercredi et jeudi.

Etroite bande de terre coincée entre deux bras de fleuve, l’île de Saint-Louis est témoin de trois siècles de présence européenne. L’architecture et les noms donnés aux sites de la ville portent encore la marque de cette histoire.

L’île de Ndar entre dans l’Histoire européenne quand, en 1659, Louis Cauiller, un agent de la Compagnie du Sénégal et du Cap-Vert, obtient du barack (le chef traditionnel) du Walo l’autorisation d’y construire une habitation, qui sera baptisée plus tard ‘’Fort de Saint-Louis’’.

La modeste bourgade de quelques maisons, faites de briques rouges et de paillottes, est alors un lieu où les traitants mulâtres font fortune, à la faveur du commerce des esclaves et de la gomme arabique. A trois reprises, l’île tombe entre les mains des Anglais (1693, 1758 et 1809).

Le traité de Paris de 1817 marque le retour définitif de Saint-Louis dans le giron de la France. Cette dernière y construit des infrastructures, qui résistent encore au temps. Parmi elles, se trouve le mythique pont Faidherbe, inauguré le 14 juillet 1897 – jour de fête nationale de France.

Le pont est inauguré une seconde fois le 19 octobre 1897, sous la houlette d’André Lebon, Premier ministre des Colonies, venu au Sénégal pour la circonstance. Il est ensuite inauguré par le président Abdoulaye Wade, le 19 novembre 2011, après avoir été ‘’réhabilité’’ grâce à une contribution financière du gouvernement du Sénégal et de l’Agence française de développement (AFD).

A quelques mètres du pont Faidherbe, se dresse la gouvernance, appelée Hôtel du gouvernement, à l’époque coloniale. C’est un vaste ensemble de bâtiments administratifs.

Au fil du temps, se sont succédé des constructions de styles différents, note Abdoul Hadir Aïdara dans un livre, ‘’Saint-Louis du Sénégal, d’hier à aujourd’hui’’.

Ce qui constituait le noyau du Fort de Saint-Louis – un mur fait d’argile et de briques crues – était le siège des compagnies commerciales et abritait les entrepôts, les logements des directeurs de l’administration coloniale, des magasins et une chapelle. La ville abrite des services militaires à partir de 1779, avec l’installation d’un gouverneur militaire nommé par le roi de France.

Au fil des années, devient une véritable résidence administrative. Au fort succède l’Hôtel du gouvernement. Installé dans ses fonctions de gouverneur, Louis Faidherbe ouvre une nouvelle étape, en transformant l’Hôtel du gouvernement en palais, qu’il dote d’une imprimerie, d’une bibliothèque, d’une ‘’maison de l’hospitalité’’ réservée à l’administration coloniale.

La gouvernance côtoie la place Faidherbe, une esplanade autrefois dénommée ‘’la Savane’’, selon Abdoul Hadir Aïdara. C’était un lieu de convergence de nombreux habitants de l’île. Les défilés militaires, les cérémonies de prise d’armes, les réunions politiques s’y tenaient. Les émeutes aussi, selon l’auteur de ‘’Saint-Louis du Sénégal, d’hier à aujourd’hui’’. Elle abritait un marché, qui a été délocalisé en 1863 sur la Langue de Barbarie. Entourée des casernes Roignat, la place Faidherbe fut appelée aussi place du Gouvernement, dans la première moitié du 19ème siècle.

‘’C’était [un] lieu de promenade, où les signares venaient rivaliser d’élégance’’, écrit encore M. Aïdara. Cette place prit le nom de Faidherbe après que la statue de ce dernier a été inaugurée sur le site, le 20 mars 1887. Peu avant la Première Guerre mondiale (1914-1918), elle prit le nom du maréchal Pétain, pour reprendre ensuite le nom de Faidherbe.

La grande mosquée de l’île, avec ses deux tours carrées, porte aussi la marque de la présence française. Son minaret gauche a la particularité d’être pourvue d’une cloche, autrefois reliée à une horloge.

Cette cloche carillonnait pendant les heures de prière. Mis en chantier en 1837, elle fut achevée en 1847. ‘’Son édification n’a pas été facile. Bien que Saint-Louis était toujours une ville à majorité musulmane, avec 10 mille 651 mahométans et mille 25 catholiques en 1837, la construction d’une mosquée, acte jugé impolitique par les notabilités créoles, soulève beaucoup de remous’’, note Abdoul Hadir Aïdara.

Autre lieu de culte saint-louisien : la cathédrale de l’île, qui comporte elle aussi deux tours carrées encadrant ses portes d’entrée, où trônait le portrait de Saint-Louis, roi de France.

Avant la construction de l’édifice, les chrétiens se contentaient de cultes sommaires, notamment dans l’enceinte du fort, à l’intérieur de l’hôpital militaire ou dans des habitations. C’est la mère Anne-Marie Javouhey qui, dès son arrivée en 1822, fait une demande auprès du gouverneur, en vue de la construction d’une église.

La première pierre est posée le 11 février 1827. A ce sujet, Aïdara écrit : ‘’Dans la fondation préparée pour recevoir la première prière, avaient été placées une planche de cuivre enveloppée d’une feuille de plomb accompagnée de grandes médailles et plusieurs pièces d’or à l’effigie des rois de France.’’

De Saint-Louis, rayonna l’œuvre des missionnaires d’Afrique de l’Ouest. Les convertis prirent le nom de gourmettes, un terme qui désignait aussi les chrétiens noirs. Plusieurs années plus tard, des indigènes sont envoyés en France, pour une formation à la prêtrise. Selon Aïdara, trois en revinrent devenus abbés : Boilat, Moussa et Fridoil.

De 1895 à 1902, à son apogée, Saint-Louis cumulait les fonctions de capitale des colonies du Sénégal et d’Afrique occidentale française (Sénégal, Mauritanie, Soudan, Guinée et Côte d’Ivoire).

Elle était l’une des plus importantes villes d’Afrique, la plus active politiquement et économiquement, la mieux urbanisée et la première par sa population blanche.

Capitale du Sénégal jusqu’en 1957, la ville était aussi capitale de la Mauritanie de 1920 à 1960. Le 1-er août 1957, le président du Conseil du gouvernement du Sénégal, Mamadou Dia, annonce le transfert de la capitale à Dakar. La décision fut votée le 21 septembre 1957 par 45 voix pour, 21 contre et une abstention.

Le transfert de la capitale à Dakar sera effectif le 11 juin 1958 et officialisé par la signature du décret publié dans le Journal officiel.

aps.sn

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