Le jeune homme tué à Sangalkam par la gendarmerie, Malick Bâ, a été foudroyé en pleine tête par une balle de Hk, une arme de guerre interdite en zone urbaine. La presse qui fait ses choux gras sur ces derniers développements ajoute que le ce jeune maçon d’une trentaine d’année, marié et père de trois enfants a été enterrée hier au cimetière de Sangalkam.
« Sangalkam, le dernier jour d’un martyr », titre « L’Observateur ».
« Le corbillard de la ville de Rufisque stationne devant la grande mosquée de Sangalkam. Quatre hommes, visages bouffis, en sortent. La foule massée le long des axes, qui quadrillent la mosquée, accoure et encercle le véhicule. Un cri fuse de quelque part. Un autre suit. Encore un autre. La symphonie déchire le ciel qui avale les derniers rayons du soleil. Les coups de 19 heures 41 minutes viennent de sonner. Le corps de Malick Bâ est enveloppé dans une couverture de couleur verte et posé sur un cercueil plat. Porté par ses proches, il est transféré dans la morgue pour la toilette mortuaire », raconte « L’Observateur ».
« L’Observateur » poursuit : « Dans la cour de la grande mosquée, les témoignages et les prières pour le défunt continuent encore. Le calme est parfois perturbé par les cris de jeunes qui tombent en transe, comme s’ils s’étaient donné le mot. Une demi-heure après, la dépouille mortelle est posée à l’entrée de la grande bâtisse. Un drap de couleur verte sur lequel sont inscrits des versets du Coran en lettres dorées, l’enveloppe des pieds au buste. Une couverture noire avec les mêmes inscriptions coraniques couvre le reste du buste et la tête. Les témoignages des parents tirent en longueur et la foule s’énerve. « Il fait nuit », rappelle-t-on dans les rangs. La prière mortuaire effectuée, le corps de Malick Bâ est porté par quatre personnes. La procession est accompagnée d’un concert de « Laa illaaha ila lah ». La tonalité monte au fur et à mesure que la longue file avance. Certains, la gorge nouée, ne suivent plus le rythme sonore. Ils éclatent en sanglots. Devant une maison en paille, une fille en léger boubou voile lance un cri strident. Elle se jette à terre. Deux hommes s’affairent autour d’elle. La réplique vient de l’autre côté. Au fur et à mesure que la dépouille mortelle dépasse les maisons, un torrent de pleurs l’accompagne. Un cri appelle toujours un autre et en cache un autre ».
« L’intensité des pleurs augmente à quelques mètres de la maison mortuaire. A peine les premiers hommes qui accompagnent Malick Bâ dans sa dernière demeure sont-ils aperçus que les femmes assises sur les bords des murs laissent éclater leur tristesse. Elles sont relayées tour à tour par celles qui envahissent la cour de la maison. Les cris ne retiennent pas la procession qui s’ébranle pour le cimetière situé à la sortie du village. Il s’étend sur un large périmètre de sable de dunes. Déjà, quelques vieux sont disposés aux abords du trou creusé. C’est là que doit reposer désormais Malick Bâ », continue de narrer « L’Observateur ».
« Le corps arrive et la foule grossit. Quatre personnes entrent dans le trou pour recueillir le corps. Des jeunes abattent les couvertures autour du trou. Pendant ce temps, l’on y dispose le corps du défunt. L’enterrement est accompagné de l’invocation du nom d’Allah. « Allah, Allah », scande-t-on à tue-tête. Les mots résonnent très fort et les échos enveloppent le crépuscule qui tombe sur Sangalkam. Les premières pelles de sable s’abattent sur le corps inerte de Malick Bâ. Le linceul qui l’enveloppe disparait progressivement sous le sol. Une pluie de mains se dépêche à terminer l’ensevelissement. Et un monticule de sable se forme en quelques secondes », décrit « L’Observateur ».
« Le Populaire » note que « l’enterrement ravive la douleur à Sangalkam ».
« Walf Grand-Place » ajoute que « Sangalkam (est) inconsolable ».
« Walfadjri » informe que « l’arme du crime est un fusil d’assaut Hk 33 ».
« Le Quotidien » indique que c’est « un fusil d’assaut interdit en zone urbaine ».
nettali.net extrait revue de presse
