Wade, the special one – Par El Hadj Macoumba Seck

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Savoir raison gardée

Je tiens, d’emblée, à lever toute équivoque : je n’attends aucune forme de remise en cause qui découlerait de quelque effet que mes propos pourraient avoir sur le comportement du Vieux.
L’homme est assez suffisant pour n’accorder aucun intérêt à mon analyse. Il a toujours fait preuve d’un égocentrisme débridé au point de définir le portrait robot de son successeur. Il ajoutait en disant que, parmi les douze millions de sénégalais, il ne voyait personne en mesure de le remplacer.
L’homme a aussi étalé au grand jour la dimension du mépris qu’il a pour les sénégalais à qui il n’a jamais caché son projet funeste de dévolution monarchique du pouvoir.
Le comportement de l’homme frise la lâcheté. Autrement dit, comment un homme de 90 ans (peut-être même plus) peut se permettre, après 12 ans de règne (qui faisaient suite à 26 ans d’opposition) ponctuées par une panoplie de privilèges dus et indus, nourrir et entretenir cette soif démesurée de pouvoir, quoi qu’il en coûte ? Je me convaincs définitivement que Wade n’existe que dans l’agitation et l’incitation au désordre. Opposant, il s’est fait connaître, en opposant, il a continué à se comporter même en étant au pouvoir, opposant, il le restera pour toujours.
Je reste plus que jamais convaincu que l’accession de Wade au pouvoir a été un accident (même si, du reste, j’ai voté pour lui en 2000 ; ce qui demeure, à ce jour, mon plus gros regret). Loin de moi toute idée de renier la volonté divine, mais il y a que le Bon Dieu peut agréer certains de vos vœux en vue de se « débarrasser » d’un requérant trop insistant.
Quelle est la proportion de sénégalais qui a la chance de vivre 90 ans ou plus ? Parmi ceux-là, combien jouissent encore de la plénitude de leurs facultés physiques et intellectuelles ? Combien de nos compatriotes auront le privilège divin d’occuper la fonction suprême de Président de la République ? Combien de nos compatriotes sont à l’abri du besoin ? Dieu merci, Wade fait partie de ces choix divins. A partir de cet instant, il ne lui reste qu’une seule chose : RENDRE GRACE A DIEU. En quoi faisant ? Rester dans une posture de Grand, de Sage ; savoir que le Sénégal s’est construit et a existé avant lui et qu’il lui survivra, quoi qu’il fasse ! M. Wade, vous avez fini de jouer votre partition, alors, s’il vous plaît, laissez la place aux autres, sans rancune ni amertume
La condition humaine devrait inciter à une remise en cause, à une introspection, toutes choses qui, bien menées, nous interdiraient certains excès et dérapages. Aucun homme sensé et (sincèrement) croyant ne devrait se glorifier d’avoir vécu plus que ses congénères ou d’avoir bénéficié de tels ou tels privilèges.
Je ne porte pas de grief particulier envers les inconditionnels et souteneurs de Wade qui, hélas, ne peuvent exister sans lui, incapables qu’ils sont de s’affranchir de sa tutelle. Les « made by Wade », pour paraphraser un de ses plus vils produits, doivent se convaincre cependant que le concepteur est déphasé, que le produit est périmé et qu’ils risquent de nuire à leur santé s’ils continuent de le consommer. Tel un gourou (à l’image des sectes), il a acheté leurs âmes, confisqué leur dignité, embrigadé leur jugement et avili leurs actions.

Wade aura réussi à tromper tout son monde. Sauf Senghor, dirait mon grand-père, qui le surnommait « ndiombor » (le lièvre). Cet animal qui usait à volonté de ruse pour tromper son monde, se rendait vite compte de la précarité et de la fatuité de son subterfuge. L’intelligent, par opposition au rusé, inscrit son action dans une perspective plus durable par une claire conscience des forces et faiblesses de départ et une capacité d’anticipation sur les risques potentiels.
Pour terminer, je présente mes excuses relativement à la longueur de mon propos qui pourrait se résumer en ceci : «il ne faut attendre aucun acte de grandeur chez un homme habité et miné par le vice». Oui, Wade est foncièrement vicieux !

Wade, The Special one

« La sagesse fait durer, les passions font vivre »
« En politique, l’absurdité n’est pas un obstacle » (Napoléon 1er)

José Mourinho a été surnommé « the special one » par sa capacité à faire ombrage aux autres, à s’afficher en vedette à la place des véritables acteurs. Son objectif n’est ni plus ni moins que de supporter la pression à la place de ses joueurs.

Le CAS Abdoulaye Wade m’inspire quelques réflexions :
Oui, Wade me semble être un cas qui relève de la psychologie ou même, de la psychanalyse. Sa capacité de nuisance, à l’âge de 90 ans, est plus qu’inquiétante. La pathologie dont il est atteint est d’autant plus grave qu’elle est contagieuse. C’est un homme qui a toujours puisé son capital sympathie sur une élite et une masse d’abord frustrées et révolutionnaires (pendant le règne de Abdou Diouf), puis flouées et soucieuses de la préservation de ses intérêts (entre 2000 et 2012), enfin manipulées, débridées et apeurées depuis mars 2012.

Je me demande ce qui explique tout ce bruit autour du retour d’Abdoulaye Wade. On croirait qu’il vient de décrocher un diplôme ou de gagner un trophée. On en oublie qu’il y a à peine deux ans, il était battu de plate couture au 2ème tour de la présidentielle. Par ce geste, le peuple venait de lui administrer, de la manière la plus claire, la preuve du rejet de sa politique. Tout ce qui ne tue pas, engraisse, serais-je tenté de dire.

Oui, j’en arrive à me demander ce qui peut motiver cette frénésie autour d’un voyage d’un vieillard dont les agissements encore vivaces dans nos mémoires ont fini de marquer, et Dieu Seul sait, pour combien de temps encore, notre histoire collective. Un minimum d’intelligence, de dignité et de respect commanderait de la part de Wade et de ses acolytes de faire profil bas.

Oui, en 12 ans Wade, aura réussi la prouesse de déconstruire le socle sur lequel repose tout Etat : les Valeurs et les Institutions ; les premières, parce que portées par les hommes ; qui font les secondes. Sous cet angle, je rends encore grâce à Dieu : le Sénégal ne serait sûrement pas le même pays si Wade avait été son premier Président. Sans être devin, notre pays n’aurait rien à envier aux Etats en proie à des troubles incessants à caractère racial, ethnique ou confessionnel.

Il faut être d’un esprit débile, sénile et vil pour croire, à l’issue d’un bain rituel de deux ans, hors de son pays, qu’on peut effacer l’histoire et, comme par enchantement, se refaire une virginité. Les faits sont têtus.

M. le Président, vous nous aviez promis l’eldorado, on vous a donné votre chance, vous aviez toutes les cartes en mains, vous avez joué, vous avez lamentablement échoué ; de grâce, pour peu que vous ayez quelque brin de lucidité (je n’ose pas parler de dignité ou de sagesse car vous n’en avez jamais fait montre) laissez la place (publique) et sachez que vous avez vécu. Je vous invite à jeter un regard (même furtif) du côté de l’Afrique du sud post apartheid, même si je sais que vous n’avez jamais cité Mandela.

Vous avez le droit de nourrir les ambitions les plus grandes pour votre fils, mais vous avez commis l’erreur de lui avoir tout offert, sans le moindre effort. Libre à vous et à ceux parmi vos souteneurs qui croient qu’un destin présidentiel passe par le chemin de la prison ; on vous rappellera simplement l’adage qui dit qu’ «un séjour prolongé dans le fleuve ne transformerait pas pour autant, un tronc d’arbre en crocodile ».

Wade, est à l’image de Guélewaar – du nom du héros et du film de Sembene Ousmane – dont même la dépouille fut source de tensions : opposant assoiffé de pouvoir, il fut ; président véreux, il a été ; manipulateur de notre destin, il veut rester.
Face à sa soif inextinguible de pouvoir et de paraître, nous opposerons une volonté inébranlable de faire face.

EL HADJI MACOUMBA SECK

8 Commentaires

  1. Mon grand, tu ss tout dit à propos de « ces made in Wade qui en ont une addiction qui nous inspire que pitié et dépit.

    De toute façon, le temps joue contre eux et leur produit gourou qui est en voie de péremption accélérée …

    Inféodés à leur vieux feinteur ludique, ils oublient que la Nation sénagalaise lui a dit NOOOOOn il y a deux ans, quand WAde avait mobilisé toutes ses forces dolutoires pour rester au palais.

     » bou peund bi wourée  » Quand la pousssière sera retombée
    alors, ils seront ébahis mais conscient d’être resté immature et sous tutelle depuis qu’ils ont l’âge de raisonner.

    Vive le Sénégal

  2. wade sonalena singor bamoudéme mayoule diamou abdou diouf bamoudéme niou técke kofi monéckefi 12 an défe limoumanone lépou teuthenafi mbay diouf teuthenafi abdou latife geuy idrisa seck modibo diop extra takéne sonalouko thi loutakh ga teutheléne niou diapou domame amatoule diamou

  3. Je voudrais te remercier et te féliciter pour la pertinence et la rigueur dans ton analyse. Je suis d’autant plus séduit que, dans votre raisonnement, on ne sent aucune appartenance; on sent juste un citoyen lambda habité par le dépit de voir son ancien président et, de surcroît, nonagénaire se livrer à des agitations indignes d’un grand homme. J’ai bcp de respect pour WADE et pense qu’il a été un artisan de notre solide démocratie tant chantée et louée, mais là personne ne comprend…

  4. Merci Elhadji votre texte est riche en enseignement,vous avez fait une analyse pertinente sur ce vieux démon et son groupe de fumiers.Une personne avait attiré mon attention en 2000 pour dire que,je vais vous apprendre qui est abdoulaye wade vous l’avez élu mais vous ne connaissez pas l’homme qui rien d’autre qu’un NAFEKH la preuve,regarde autour de lui tu ne verras une personne de son âge.Et l’explication est simple il réunit souvent les enfants pour les manipuler à sa guise en leurs imposant de l’appeler PERE OU GRAND PERE mais aussi les femmes qui ont de grannnnnnnd S…

  5. C’est la nature d’obtention des libertés des hommes qui détermine leur mode de gestion et au-delà, leur administration. La majeure partie des pays africains ont obtenu leur indépendance, non point par les armes ou quel que rapport de force, mais par la négociation. Dès lors, la classe « intellectuelle » supposée avoir été la rampe de lance, se réclame sur la base de présomptions simples être la plus apte à diriger le destin des peuples pour lesquels ils sont allés négocier.
    La lutte pour la liberté n’est pas celle pour la gestion de cette liberté une fois conquise. Selon la conception Hégélienne de l’esprit du temps, l’Histoire n’a besoin des hommes que pour réaliser quelque chose de précis et dès que cette chose est réalisée, le Héros, celui qui sait être l’incarnation pratique de l’esprit de son temps (car les hommes ont besoin de symbole pour donner forme à leurs idéaux), doit accepter de partir volontairement pour pouvoir récolter les lauriers du fait de ses actes, autrement dit, il sera congédier par l’histoire et ce sera sans appel.
    Amadou Toumani Touré et Robert Guéi ont eu à accéder à la magistrature suprême de leur pays de manière identique, mais l’un pour avoir rendu le pouvoir a été rappelé par ses concitoyens pour présider à leur destinée et l’autre pour vouloir se maintenir au pouvoir, a été abattu comme un chien dans la rue et jeté dans les caniveaux.
    L’Afrique du Sud n’avait besoin de Mandela que pour mettre fin à l’Apartheid et non gouverner le pays pour sa phase après Apartheid car cette tache devait être dévolue à la génération des Thabo Mbeki pour avoir été formés dans les meilleures écoles du monde.
    Alors qu’il a été élu président de la république, il a montré qu’il n’a eu recours à cette stature que parce que la grandeur de certains desseins requiert forcément l’élévation à de certaines responsabilités pour les réaliser et une fois les bases d’une cohabitation blancs-noirs bien assises, il s’est détourné de la vie politique.
    Cet homme a compris pourquoi l’histoire avait besoin de lui et a su aussi se hisser à la hauteur des attentes placées en lui, et l’histoire le lui rend bien car autant son combat était local, autant le principe pour lequel il s’est battu est universel.

    Le Sénégal n’avait besoin de Abdoulaye Wade que pour une alternance démocratique, pas pour gérer le pays dans sa phase après alternance, pour n’avoir pas compris ça, il a été congédié par l’histoire et confiné dans la phase d’effacement de la mémoire collective que l’histoire réserve à ceux qui n’ont pas su répondre aux exigences de leur temps.
    Le monde réel n’est pas la mythologie, l’oiseau mythique (le sphinx) n’est pas Abdoulaye WADE et il n’y a aucune renaissance à réaliser. Les applaudissements des gens qui t’entourent, qui n’ont d’égal que leur lâcheté, te confèrent le sentiment fallacieux qu’un COME BACK est bien possible, mais tu risques de n’avoir même pas , à ton trépas, une place au panthéon que ce pays réserve à ses plus dignes fils .

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