Sénégal : retour sur la rocambolesque affaire Assane Diouf

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Surnommé « l’insulteur de la Toile », pour ses propos envers le président Macky Sall, Assane Diouf a été arrêté à Dakar pour « apologie du terrorisme », avant d’être relâché dans la foulée. Son avocat dénonce « une machination » des autorités sénégalaises.

C’est peu dire que l’affaire Assane Diouf fait couler de l’encre au Sénégal, si l’on en juge par l’avalanche d’articles dans la presse en ligne. « Fou furieux du web », « doit être interné »… Les superlatifs ne manquent pas pour qualifier le nouvel « ennemi numéro un ». À première vue, le profil de l’intéressé est pourtant banal : celui d’un migrant entré illégalement aux États-Unis il y a seize ans, en usurpant l’identité de son frère, pour vivre le rêve américain. Dans un reportage diffusé sur la chaîne M6 en 2009, il affiche même une certaine réussite en affirmant exporter des voitures vers le Sénégal.
Mais c’était sans compter ses vidéos postées régulièrement sur sa chaîne Youtube (qui a mystérieusement disparu) et son profil Facebook. Drapeaux américain et sénégalais en arrière-plan, accompagné d’une photo de lui et de l’ancien chef d’État Abdoulaye Wade, Assane Diouf vitupère de longues minutes en wolof contre le président Macky Sall et ses proches. Les yeux parfois exorbités, le discours souvent confus, il déverse un torrent d’insultes envers le clan présidentiel, qu’il accuse de tous les maux.

Un illustre inconnu

Presque inconnu jusqu’au début du mois d’août – ce dont témoigne l’évolution de l’intérêt de la recherche de son nom sur Google – Assane Diouf se fait de plus en plus remarquer sur la Toile. Avec la multiplication d’arrestations au Sénégal pour « offense au chef de l’État », ses insultes depuis l’étranger ne passent pas inaperçues.

Autre élément de sa médiatisation : l’affaire Penda Bâ – du nom de cette femme accusée d’avoir violemment insulté les Wolofs – qui a affirmé à ses juges avoir agi sur le coup de la colère après avoir visionné une vidéo d’Assane Diouf. Il n’en fallait pas plus pour que l’agitateur cumule les vues – plusieurs dizaines de milliers à chaque live – sur Facebook.
Mais sa success story connaît un coup d’arrêt momentané dans la nuit du 30 août, lorsqu’il est extradé des États-Unis vers Dakar. Les services de l’immigration l’ont renvoyé avec seize autres sans-papiers. Prévenus de son arrivée, les journalistes s’agglutinent dans l’aéroport pour l’apercevoir, car l’opinion publique se passionne désormais pour « l’affaire » Assane Diouf. En pure perte, l’intéressé ayant déjà été exfiltré discrètement dans une voiture de la Division d’investigations criminelles (DIC).

Un présumé terroriste relâché

Un peu plus tôt, le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye avait ordonné son arrestation pour « actes de terrorisme » et « apologie du terrorisme ». Malgré l’extrême gravité des accusations, sur lesquelles la police de Dakar refuse de communiquer sur le fond, Assane Diouf est relâché le lendemain soir après seulement 24 heures de garde à vue, alors que la durée maximale est de huit jours. Une remise en liberté qui surprend la presse sénégalaise, qui lui promettait déjà un long séjour dans la prison de Rebeuss pour « offense au chef de l’État ».

« Actes de terrorisme », « apologie du terrorisme »… Qu’est-ce que les autorités lui reprochaient ? « Dans l’une de ses vidéos, Assane Diouf avait appelé à la libération de l’imam Alioune Badara Ndao », explique un journaliste sénégalais. Ce religieux avait été appréhendé fin octobre 2015 à Kaolack dans le cadre d’une vaste opération antiterroriste. Les autorités l’accusaient alors d’être de mèche avec les jihadistes de Boko Haram.

Des accusations fantaisistes

Des accusations peu convaincantes aux yeux de Me El Hadji Diouf, l’avocat de Assane Diouf. « C’est totalement fantaisiste, affirme-t-il à Jeune Afrique. Dans ses vidéos, Assane se contentait de dénoncer les arrestations tous azimuts au Sénégal. Il n’a rien d’un terroriste. » Et d’asséner sans détour, pour expliquer l’empressement de la police dakaroise à l’arrêter : « C’était une machination pour le faire taire ».

Car, avant d’être expulsé des États-Unis, Assane Diouf aurait été interrogé par la police américaine sur ses pratiques religieuses. « Les autorités sénégalaises l’ont signalé comme terroriste aux Américains, explique son avocat. Comme cela n’était pas vrai, mais qu’il n’avait pas de papiers, les Américains ont préféré l’expulser. »

Machination ou non, Assane Diouf – qui n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien – aura semble-t-il encore maille à partir avec la justice. Interrogé à la sortie de la prière de la Tabaski, le garde des Sceaux Sidiki Kaba a déclaré à la presse sénégalaise que « les poursuites retenues contre Assane Diouf ne sont pas définitivement suspendues ». « Il a tout juste bénéficié d’une liberté provisoire, mais la procédure suit son cours. » Ce qui ne semble pas empêcher l’intéressé de poursuivre son activité préféré : se produire en live sur Facebook.Mais c’était sans compter ses vidéos postées régulièrement sur sa chaîne Youtube (qui a mystérieusement disparu) et son profil Facebook. Drapeaux américain et sénégalais en arrière-plan, accompagné d’une photo de lui et de l’ancien chef d’État Abdoulaye Wade, Assane Diouf vitupère de longues minutes en wolof contre le président Macky Sall et ses proches. Les yeux parfois exorbités, le discours souvent confus, il déverse un torrent d’insultes envers le clan présidentiel, qu’il accuse de tous les maux.

Un illustre inconnu

Presque inconnu jusqu’au début du mois d’août – ce dont témoigne l’évolution de l’intérêt de la recherche de son nom sur Google – Assane Diouf se fait de plus en plus remarquer sur la Toile. Avec la multiplication d’arrestations au Sénégal pour « offense au chef de l’État », ses insultes depuis l’étranger ne passent pas inaperçues.

Autre élément de sa médiatisation : l’affaire Penda Bâ – du nom de cette femme accusée d’avoir violemment insulté les Wolofs – qui a affirmé à ses juges avoir agi sur le coup de la colère après avoir visionné une vidéo d’Assane Diouf. Il n’en fallait pas plus pour que l’agitateur cumule les vues – plusieurs dizaines de milliers à chaque live – sur Facebook.
Mais sa success story connaît un coup d’arrêt momentané dans la nuit du 30 août, lorsqu’il est extradé des États-Unis vers Dakar. Les services de l’immigration l’ont renvoyé avec seize autres sans-papiers. Prévenus de son arrivée, les journalistes s’agglutinent dans l’aéroport pour l’apercevoir, car l’opinion publique se passionne désormais pour « l’affaire » Assane Diouf. En pure perte, l’intéressé ayant déjà été exfiltré discrètement dans une voiture de la Division d’investigations criminelles (DIC).

Un présumé terroriste relâché

Un peu plus tôt, le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye avait ordonné son arrestation pour « actes de terrorisme » et « apologie du terrorisme ». Malgré l’extrême gravité des accusations, sur lesquelles la police de Dakar refuse de communiquer sur le fond, Assane Diouf est relâché le lendemain soir après seulement 24 heures de garde à vue, alors que la durée maximale est de huit jours. Une remise en liberté qui surprend la presse sénégalaise, qui lui promettait déjà un long séjour dans la prison de Rebeuss pour « offense au chef de l’État ».

« Actes de terrorisme », « apologie du terrorisme »… Qu’est-ce que les autorités lui reprochaient ? « Dans l’une de ses vidéos, Assane Diouf avait appelé à la libération de l’imam Alioune Badara Ndao », explique un journaliste sénégalais. Ce religieux avait été appréhendé fin octobre 2015 à Kaolack dans le cadre d’une vaste opération antiterroriste. Les autorités l’accusaient alors d’être de mèche avec les jihadistes de Boko Haram.

Des accusations fantaisistes

Des accusations peu convaincantes aux yeux de Me El Hadji Diouf, l’avocat de Assane Diouf. « C’est totalement fantaisiste, affirme-t-il à Jeune Afrique. Dans ses vidéos, Assane se contentait de dénoncer les arrestations tous azimuts au Sénégal. Il n’a rien d’un terroriste. » Et d’asséner sans détour, pour expliquer l’empressement de la police dakaroise à l’arrêter : « C’était une machination pour le faire taire ».

Car, avant d’être expulsé des États-Unis, Assane Diouf aurait été interrogé par la police américaine sur ses pratiques religieuses. « Les autorités sénégalaises l’ont signalé comme terroriste aux Américains, explique son avocat. Comme cela n’était pas vrai, mais qu’il n’avait pas de papiers, les Américains ont préféré l’expulser. »

Machination ou non, Assane Diouf – qui n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien – aura semble-t-il encore maille à partir avec la justice. Interrogé à la sortie de la prière de la Tabaski, le garde des Sceaux Sidiki Kaba a déclaré à la presse sénégalaise que « les poursuites retenues contre Assane Diouf ne sont pas définitivement suspendues ». « Il a tout juste bénéficié d’une liberté provisoire, mais la procédure suit son cours. » Ce qui ne semble pas empêcher l’intéressé de poursuivre son activité préféré : se produire en live sur Facebook.

jeuneafrique.com

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