Sénégalais, indignez-vous! Par Malick Sall

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Quel puissant anesthésique a donc plongé la nation sénégalaise dans la torpeur au point qu’elle ne se révolte pas contre le lâche assassinat de l’étudiant Bassirou Faye ? Quel sérum de cynisme a donc pénétré les veines de notre démocratie pour que nulle clameur ne réprouve cette sauvagerie sans nom ? Quelle démission collective a donc ruiné la volonté populaire pour qu’elle ne réclame pas des comptes au président de la République ? La mort de Bassirou Faye, froidement abattu par la police sénégalaise, met à nu l’intolérable brutalité et les dérives liberticides du régime de Macky Sall. Coupable d’avoir simplement réclamé sa bourse, il meurt en martyr sous les balles assassines de la soldatesque du pouvoir. Quelques idéalistes, ceux qui n’ont pas le sens tragique de l’histoire, s’étaient, en 2012, réjouis de la victoire de Macky Sall. Ils y voyaient la promesse de l’aube et l’émergence du printemps. Deux années après son élection, l’aube est une nuit ; le printemps une ère glacière. Nos libertés sont bafouées, des opposants politiques sont embastillés et des manifestations réprimées dans le sang. Des étudiants sont lynchés et tués sous une réprobation du bout des lèvres, à peine susurrée des sénégalais. Le bon peuple somnole au ronron des turpitudes du pouvoir. Hélas !
Face au lâche assassinat de Bassirou Faye, on eût aimé entendre la colère populaire, les foudres de « Y’en a marre » et les imprécations des gardiens du temple républicain. Et qu’entend-on ? L’assourdissant silence public, le vacarme de l’indifférence. Les sénégalais seraient-ils subitement devenus des veaux ? La question mérite d’être posée tant la passivité de nos compatriotes à l’égard du pouvoir est inquiétante. Naguère, sous le règne de l’alternance, nous fûmes impavides face à Wade. Des foules immenses, obstinées au martyr, se furent dressées contre les dérives de son régime. Aujourd’hui, nous sommes, hélas, d’une soumission moutonnière aux claquements de fouet du régime de Macky Sall. Dans toute démocratie qui se respecte, le meurtre abject de Bassirou Faye eût déclenché l’ire du peuple et des manifestations tous azimuts. De telles manifestations eussent été vaines à ressusciter la victime mais elles eussent témoigné d’une émotion partagée et du refus de l’oppression. Hélas, chez nous, le bon peuple s’affale dans le confort honteux de la fatalité et de la résignation. Nous préférons troquer les habits du refus contre les oripeaux de l’inertie. En revanche, dans l’intimité de nos demeures, nous hurlons ça et là notre réprobation. Je ne doute pas que dans nos chaumières innombrables, Macky Sall fasse l’objet de toutes sortes d’imprécations. Mais notre sourde colère ne dépasse pas le seuil de nos maisons. Notre indignation, pour légitime qu’elle soit, n’est suivie d’aucune forme de rébellion. Elle n’est rien d’autre qu’un bouillonnement statique. Elle est vaine. Nous ne faisons que constater sans agir, déplorer sans combattre. Détestable aporie !
Les peuples arabes, révolutionnaires inconsolés, s’embrasent d’un rien. Même la trivialité les porte à l’incandescence. A l’inverse, nous, Sénégalais, sommes ignifuges. Rien ne saurait nous tirer de notre indolence. A la dictature rampante de Macky Sall, nous n’opposons que notre passivité ; à ses exactions, notre molle réprobation. Nous n’aimons plus que l’eau tiède. Le Sénégal est devenu un tépidarium. D’ailleurs, Macky Sall, enhardi par la docilité du peuple, multiplient de pus belle les actes liberticides. Sous son règne, la liberté d’expression n’est plus qu’une chimère ; la plupart des manifestations et marches de l’opposition sont interdites en violation flagrante de notre Constitution. La justice de notre pays a contracté avec son régime des noces barbares, une étreinte délétère. En conséquence de quoi, des opposants politiques sont arbitrairement embastillés ; des hold-up électoraux (Saint-Louis, Podor) sont perpétrés dans les sombres cabinets de juges à la botte du pouvoir. Notons également l’emprise inouïe, sous son règne, du népotisme familial qui enkyste les vices d’une dynastie rampante au Sénégal. Aujourd’hui, l’assassinat du jeune Bassirou Faye vient couronner, en point d’orgue, la dérive totalitaire de son régime.
Le meurtre de Bassirou Faye ainsi que les exactions répétées du régime de Macky Sall ne sont que la métaphore de l’avenir tragique de notre pays si nous continuons à nous réfugier dans l‘immobilisme et dans la passivité. L’inertie et la passivité ne sont que ruine de l’âme. Il est donc temps de raffermir nos caractères et d’armer notre résistance. S’opposer à Macky Sall n’est plus seulement un droit, c’est maintenant devenu un devoir. Dès lors, il appartient à tous les citoyens de notre pays, épris de liberté et de justice, de se mobiliser pour monter au front du refus. Obligation de refus pour tout patriotisme exigeant que le renoncement n’adultère.

EL HADJI MALICK SALL ELIMANE DONAYE

Président du Sillon des Opinions Libérales
[email protected]

15 Commentaires

  1. C’est simple, les ONG et mouvements genre YAM ne sont pas financés par OXFAM et OSIWA pour s’indigner. Regardez de quel côté se trouve les intérêts de l’Occident et vous verrez de quel côté se dirige leur indignation.

  2. Mon frère les sénégalais sont en colère contre eux mêmes ils regrettent dans leur écrasante majorité leur erreur de 2012 mais devant le risque de la devolution monarchique il fallait barrer la route à ce fou de Wade
    Maintenant les alternatives crédibles et capables de diriger ce pays existent en dehors des partis politiques il faut commencer dès maintenant le casting pour préparer le départ inéluctable et plus que certain de ce minable nul et incompétent Macky Sall

  3. D’abord un bémole : vous dites  » dans toute démocratie qui se respecte  » ! non, le Sénégal n’en est pas une, le Sénégal n’est simplement pas une démocratie ; sortez vous cela de la tête et arrêtez de suivre bétialement ce que disent vos politiques pour vous faire croire qu’ils sont irréprochables. Le Sénégal « est devenu un tépidarium » ? il y a déjà eu une société civile ( dans le sens large du terme )au Sénégal avec un sens du sacrifice, luttant pour l’intérêt général, foulant du pieds les appels des marabouts pour une « paix sociale et une concorde nationale » qui ne font que leur bonheur à eux ? vous dites immobilisme et passivité ? c’est gentil par ce que pour moi, il s’agit plutôt d’indifférence et de complicité active ou passive. Il ne s’agit plus de s’indigner mais de se mettre debout et de lutter pour les générations futures. La restriction des libertés collectives et indivuduelles au Sénégal se fait avec la bénédition de la majorité présidentielle, je veux dire avec le PS, l’AFP etc, un comble pour des partis de gauche. Il va falloir un jour faire le bilan des responsabilités des uns et des autres, en tirer les consequences et essayer après cela de repartir sur des bases respectables pour les populations.

  4. Article intéressant. Il faut jute noter que le sénégalais ne sont pas de poltrons, le problème c’est qu’il ont honte de se soulever après avoir élu Macky à 65%.

  5. Moi , je m’indigne que vous ayez trempé votre plume dans l’acide de l’incitation aux soulévements .Pour un peuple marqué par une forme de politesse profonde comme la nôtre, vous nous ?éroulez des scenes des tragedies des pays arabes .la fonction principale pour ne pas dire unique de ce discours est l’appel à la violence .Vous l’occultez et la minimisez au point de susciter une forme zournoise d’égoisme qui vous fait vous désolidarisez du malheur d’autrui.Tout le Senegal a pleuré Bassirou .Sechons nos larmes et travaillons à ce que jamais plus un tel malheur ne se reproduise .Ceux qui ne dont pas en odeur de sainteté avec SMS sont dans leur forge ardente et nous soufflent des incandescences dont ns ns voulons point On sen indigne , Nous nous en indignons

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