Quand est ce que le nouvel élu de la République déménagera-t-il au palais ? Cette question hante les esprits car voilà sept mois que le chef de l’Etat qui préside aux destinées du pays n’habite toujours pas au palais de la République.
Voila sept mois que les Sénégalais ont délogé l’ancien locataire du palais de la République Abdoulaye Wade pour confier les clés à Macky Sall. Seulement le nouveau maitre des lieux ne semble pas pressé de prendre ses quartiers dans ses nouveaux locaux. Ainsi chaque jour, il quitte son domicile sis à Mermoz pour aller travailler au palais avant de retourner chez lui. Pourtant quelques-uns de ses proches avaient même avancé des dates quant à son déménagement au palais mais ces échéances ont toujours été repoussées et la dernière en date était selon eux le 16 août dernier, à son retour de la Mecque. Comme il est de tradition que le président emménage au palais dès son investiture, cette dérogation à la règle avait fait naitre supputations et interrogations. Certains y voyaient des raisons mystiques et insinuaient que le palais était miné et que le président attendait que les «artificiers» dépêchés sur le terrain puissent terminer le travail. Un travail de «déminage» du palais pour lui éviter de sauter sur une «mine anti-président», que ses ennemis n’auraient pas manqué d’enfouir quelques parts. Ces commentaires et interrogations avaient obligé son porte-parole, Abou Abel Thiam, à monter au front pour apporter quelques explications. Ainsi avait-il soutenu : «Si le président n’a pas déménagé au palais depuis, c’est parce qu’il y avait des réfections à faire. Quand on arrive, la moindre des choses à faire, c’est de procéder à des réfections, refaire la peinture et meubler à son goût. Dans un premier temps, on a réfectionné le bureau du Président. Il restait ses appartements. Mais tout est presque fini». En tout cas le temps s’égrène et le président n’a toujours pas rejoint ses appartements. Dans une interview parue samedi dans l’Observateur, Abou Abel Thiam a soutenu qu’il n’y a pas de date (pour que le président regagne le palais). Avant de s’interroger : «Pourquoi voulez-vous donner un dead line au président de la République» ? Non sans ajouter : «Le plus important, c’est ce que fait le président de la République à la Présidence et non au Palais qui reste un espace privé».
Désacralisation des symboles
Comme les traditions sont faites pour être respectées, le porte-parole du président n’ignore pas que le palais est un des symboles de la République. Et le président Macky Sall avait même, lors du Conseil des ministres du 26 juillet dernier, «constaté pour le déplorer, de nombreux cas de désacralisation de ces symboles-là et des principes républicains, ainsi que de sceaux de la République ; non seulement par de simples citoyens, mais, plus grave, par des responsables politiques et administratifs». Macky Sall a encore récidivé en rappelant, lors du Conseil des ministres du 4 octobre, «l’importance particulière qu’il accorde aux symboles de la République». A cette occasion, «le chef de l’Etat a instruit le Premier ministre, en rapport avec le ministre de l’Intérieur, de prendre toutes les dispositions pour faire respecter les symboles de la République». Nul doute que, pour sa part, il est en train de prendre ses dispositions pour son prochain déménagement. Car le palais a été désacralisé par le régime déchu qui soutenait qu’il était infesté de rats et de cafards, alors que l’on croyait que ces bestioles ne fréquentaient que les couches défavorisées. Sans compter les désespérés qui avaient fini par faire de ce lieu sacré un «mur des immolations» où des citoyens venaient se faire griller devant les grilles du palais.
Ainsi, il revient au nouvel élu de redonner à ce lieu mythique son lustre d’antan en y prenant ses quartiers pour montrer à son peuple qu’il tient au respect des symboles. Comme il a promis une réduction du train de vie de l’Etat, il pourra aussi faire des économies sur les moyens matériels et humains que requièrent ses nombreux va et viens entre le palais et son domicile. Et les forces de l’ordre préposées au jalonnement pourraient être déployées dans les quartiers chauds où elles pourront toujours traquer les agresseurs qui mènent la vie dure aux honnêtes citoyens.
Les raisons de refus de déménagement
La vérité dans cette affaire de non déménagement du président, si l’on en croit des sources présidentielles, c’est que Macky est contraint et forcé de demeurer encore pour quelque temps à Mermoz. Selon nos sources, l’ordre émanerait de «sorciers» que l’on a fait venir de partout, y compris de Fatick, le fief natal du chef de l’Etat, pour déterrer les «choses enfouies par Wade ou des membres de son entourage». Si nos informateurs disent vrai, même les arbres du palais sont rigoureusement fouillés. Et «partout où la terre présente quelque relief suspect, il faut creuser pour voir». Nos interlocuteurs expliquent cette «peur» par le fait que l’ancien président, Abdoulaye Wade, est très versé dans les choses mystiques. Des pratiques auxquelles Macky, en «bon sérère», ne peut pas ne pas croire. Quand donc toute cette opération de «déminage» prendra-t-elle fin ? «On en a plus pour longtemps», répondent nos interlocuteurs qui font savoir que «l’ordre de regagner définitivement le Palais sera naturellement donné par ceux (les sorciers, ndlr) à qui le travail a été confié». Source : La Tribune
