Serigne Mbacké Sokhna Lo, Un Astre À Jamais Au Firmament (Par Cissé Kane Ndao)

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Au frontispice de la confrérie du Mouridisme, nous pouvons écrire sans risque de nous tromper que Serigne Mbacké Sokhna Lo figurera à jamais parmi les noms les plus illustres de la sainte constellation des descendants de Cheikh Ahmadou Bamba.

L’homme était un ascète accompli, rompu à l’adoration de Dieu qui l’éleva au rang de ses proches, au point que quiconque au Sénégal avait un besoin dont la satisfaction lui semblait impossible pensait aussitôt à Taïf, et courait vers lui, comme « l’animal court vers la rivière, quand la brousse est en feu » !

Sa proximité avec le Créateur, il la doit à sa relation exclusive avec Lui, grâce à son intercesseur et guide spirituel qui le forma très tôt dans le respect des pratiques fondatrices de l’orthodoxie mouride, à savoir la relation privilégiée et exclusive qui doit lier le talibé à son guide : Serigne Modou Moustapha, son grand père, premier Khalif général des Mourides.

Il était fils de Serigne Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma, l’intellectuel visionnaire à qui le Sénégal doit la réhabilitation de l’Islam, et qui porta le combat victorieux pour imposer le respect dû aux guides religieux dans un contexte d’Etat post colonial où l’héritage prégnant de la France tendait à les ravaler à un rang des plus anecdotiques.

Il a hérité de son père cette classe, et cette vista et cette élégance enveloppées d’un silence convenu où tout dans sa pose et sa gestuelle et son regard exprimait une affabilité qui mettait à l’aise ses proches et intimidait encore plus ceux qui ne le connaissaient pas, et étaient surpris alors de découvrir en privé un homme du monde, ouvert d’esprit et d’une grande mansuétude.

Je me rappelle notre première entrevue.

Son fils Serigne Fallou qui deviendra plus part mon guide spirituel me le présenta, et lui expliqua que je venais de finir mes études à l’Ecole normale supérieure, mais nourrissais l’ambition de m’élever encore plus haut, en poursuivant notamment mes études.

Il me demanda mon nom ; je lui répondis Ndao. Il plaisanta avec moi, et moqua notre gloutonnerie et notre attachement au riz, en bon cousin à plaisanterie, puis me glissa : « Le métier d’enseignant, c’est un métier difficile et ça ne nourrit pas son homme » !

J’eus la présence d’esprit, un an plus tard, après avoir traversé moult aventures et vécu toutes les situations possibles et imaginables dans ma carrière naissante de professeur, de revenir à Taïf le voir, pour lui demander de prier pour moi, afin que mes gains se fructifient, ou que je change de métier.

Il m’écouta attentivement lui conter toutes mes mésaventures, me sourit d’un air convenu et pria pour moi.

Ce fut la dernière fois que nous nous vîmes. Ma relation à lui pour ce qui suivit est d’une telle dimension ésotérique qu’elle ne peut être abordée en public.

C’est Serigne Modou Moustapha qui fut son guide spirituel, et donc celui par qui il débuta son cheminement spirituel qui en fit une des figures les plus charismatiques et aimées de la confrérie Mouride.

Sa générosité était légendaire. Le saint homme l’utilisa si bien comme paravent qu’il réussit presque durant toute sa vie à cacher aux yeux des non-initiés sa haute stature spirituelle.

La plupart de ceux qui le fréquentèrent sont marqués à jamais par la magnificence de son hospitalité et la prodigalité dont il faisait preuve quand il s’agissait de prendre congé de se visiteurs. Il avait le don d’obliger ses hôtes et de leur laisser un souvenir aussi impérissable qu’ému.

Serigne Mbacké Sokhna Lo savait aussi mettre en valeur ceux qui lui vouaient un attachement total et une fidélité sans bornes. Beaucoup parmi ces personnes chanceuses ont pu mesurer dans leur existence l’influence positive et l’impact de la bénédiction désintéressée du saint homme, qui enseigna par l’exemple durant toute son existence les préceptes islamiques et les leçons théorisées et initiées par son auguste père, Sergne Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma, qui fut l’initiateur des dahiras, par la mise en place desquels il démontra aux talibés combien les vertus de la solidarité agissante et d’entraide fraternelle étaient un vecteur de paix sociale et constituaient une force d’action qui devait permettre aux Mourides d’interagir pour réaliser les ambitieux projets de la tarikha.

Serigne Mbacké Sokhna Lo parcourut le monde pour rencontrer les talibés, et les grands de ce monde, exclusivement à leur demande. Car il n’était attaché à aucune richesse de ce bas monde, et vouait son existence à la satisfaction des besoins de l’humanité entière, sans aucune forme de distinction.

Son influence sur la vie politique de ce début du millénaire est indéniable.

Jusqu’aujourd’hui.

La plupart de ceux qui siègent au plus haut sommet de nos institutions l’ont à un moment donné de leur carrière politique rencontré, et d’aucuns parmi eux témoignent encore en toutes occasions de l’apport déterminant du saint homme dans leur cheminement politique et l’influence salutaire qu’il exerça sur leurs vies, rien que par son comportement, et ses leçons de vie qui sont encore aujourd’hui le viatique qui guide leurs actions de tous les jours.

Homme multidimensionnel, sa disparition a ému toute la communauté des musulmans et fait l’effet d’un monde qui s’effondre.

Mais la ummah vite revenue de ses émotions a découvert que Serigne Mbacké Sokhna Lo, à l’exemple de ses semblables dont l’œuvre est sans cesse vivifiée et célébrée a laissé en héritage aux talibés son exemple, mais surtout un khalif à la hauteur de l’immense legs de son père, Serigne Moustapha Mouhamed, qui perpétue son œuvre.

Longue vie à lui !

Cissé Kane NDAO

Président A.DE. R

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