Seydou Guèye, secrétaire général du gouvernement : «Le mot Sopi a disparu de notre paysage politique; il a disparu de notre vocabulaire»

Date:

Directeur de campagne de la coalition Benno Bokk Yakaar à Dakar, et Secrétaire général du gouvernement, Seydou Guèye estime que l’issue des législatives et l’avenir du pays dépendront de la cohérence des électeurs sénégalais.

 

Quels seront les grands axes de la campagne législative de la coalition Benno Bokk Yakaar ?

Ce sera une campagne à la hauteur des attentes des Sénégalais. Une campagne où on essaiera d’être présents sur le terrain comme nous l’avons commencé ; à expliquer aux Sénégalais les enjeux de cette élection. Puisque les enjeux sont très simples : les Sénégalais s’attendent à la rupture, et ils l’auront cette rupture, avec l’Assemblée nationale qui sera issue des élections du 1er  juillet 2012. Les Sénégalais sont bien conscients de cette exigence de cohérence puisqu’ils ont porté massivement le président Macky Sall et la coalition Benno Bokk Yakaar le 25 mars au pouvoir. Et, le 1er juillet, ils vont refaire la même chose puisque c’est çà qui est cohérent ; c’est çà qui permettra au président Macky Sall de gouverner le pays conformément aux attentes et aux engagements qu’il avait pris.

Cette majorité parlementaire que vous recherchez ne sera-t-elle pas mécanique et soumise l’humeur du président de la République?

Mais ce n’est pas une majorité de parti. Nous aurons une majorité plurielle. Et dans la pluralité, chaque  tonalité sera entendue. Il n’y a pas d’appréhensions à avoir; souvent les gens pensent à Abdoulaye Wade et à son rapport avec l’Assemblée nationale pour dire que Macky Sall risque de tomber dans des dérives autoritaristes. Non. Macky Sall est le premier défenseur de l’Assemblée de rupture. Lui-même veut une Assemblée qui travaille pour le pays, il ne veut pas d’une Assemblée nationale aux ordres. Donc il n’est pas dans la logique partisane; il veut une majorité plurielle dans laquelle les tonalités seront entendues, puisque c’est cela la majorité. Et même la minorité qui sera issue de ces élections verra ses droits consolidés et préservés.

Vous parlez de pluralité. Mais la dynamique unitaire de Benno Bokk Yakaar ne va-t-elle pas se briser après les élections législatives une fois que les fauteuils de députés seront acquis aux uns et aux autres?

Non, elle ne se brisera pas puisque nous avons construit cette dynamique de Benno Bokk Yakaar. N’oublions pas que c’est une initiative qui date de 2009. Et qui prend certaines tournures à chaque étape de son évolution historique ; mais ce qui est important c’est que nous sommes tous tendus vers un même objectif : travailler à un recadrage institutionnel judicieux, prendre en charge les préoccupations des populations. Et les premiers actes pris par le gouvernement ont porté sur cette volonté d’aider les Sénégalais à mieux vivre, puisque le gouvernement conduit par le Premier ministre Abdoul Mbaye a déjà réalisé pas mal de choses en deux mois de présence à la tête de l‘Etat. On a réduit le coût des denrées de première nécessité et de grande consommation, on a réduit le train de vie de l’Etat par la suppression des agences et on est en train de remettre le pays à l’endroit. L’une des demandes sociales les plus importantes est prise en charge. C’est-à-dire la transparence et la bonne gouvernance, à travers les suites qui ont été données aux audits qui ont été initiés par l’ancien pouvoir. Et jusqu’ici comme on dit, tous les dossiers qui sont entre les mains des investigateurs ne sont pas des dossiers nouveaux. C’est des dossiers qui sont issus des rapports de l’Armp (Agence de régulation des marchés publics, Ndlr), des rapports de l’Inspection générale d’Etat ou de la Cour des comptes sous l’époque et sous l’empire du règne d’Abdoulaye Wade.

Ces manquements ont donc été couverts par le régime d’Abdoulaye Wade ?

Ce n’est pas l’option du président Macky Sall de mettre le pied sur des dossiers. Son engagement est d’aller jusqu’au bout des procédures en respectant ce que la loi prescrit, en défendant les droits de la défense et en donnant à la justice les moyens de son indépendance. Il n’y aura pas avec le président Macky Sall d’immixtion du Pouvoir exécutif dans les activités et l’action du Pouvoir judiciaire.

De nombreuses voix déplorent le fait que le président de la République batte campagne, notamment à travers la décentralisation des Conseils ministériels…

Le président de la République ne bat pas campagne. Il est dans la mise en œuvre de son engagement à servir le Sénégal et à rapprocher les Sénégalais de l’Administration. Vous savez, ces Conseils des ministres délocalisés obéissent à un mode d’organisation très particulier. Parce que quand on est sur le terrain, quand on est dans les localités du moins, il y a toujours un Conseil interministériel qui est l’occasion de donner au pouvoir local, aux collectivités locales, régions et communes, la possibilité de mettre sur la table tous les projets qu’ils ont élaborés eux-mêmes avec l’appui des partenaires techniques financiers, et les projets qui sont peut-être confrontés à des difficultés de mise en œuvre. Et le pouvoir, à l’issue du Conseil des ministres, apporte son soutien et essaie de peser pour que ces projets aboutissent. Donc la préoccupation n’est pas une préoccupation politicienne, c’est un souci de voir aboutir dans les meilleures conditions les projets, les programmes et les propositions qui vont aider nos autres compatriotes à mieux vivre. Maintenant si ceux qui disent que c’est de la campagne déguisée n’ont pas envie d’aider les Sénégalais à améliorer leur quotidien, ils sont libres. En ce qui nous concerne, notre engagement, c’est de travailler à cela. Et puis, par ailleurs, nous avons bien constaté que partout où nous sommes allés, les populations que nous avons rencontrées éprouvent la fierté d’avoir leur propre localité comme capitale du Sénégal pendant deux jours. Et ça c’est important pour continuer à donner le sourire aux Sénégalais.

Certains éclats de voix se font entendre au sein de la mouvance présidentielle. Moustapha Cissé Lô a déclenché une polémique autour du fauteuil de président de l’Assemblée nationale,  Jean-Paul Diaz dénonce la présence de Youssou Ndour dans le gouvernement. Comment gérez-vous ces prises de positions discordantes ?

Je vous ai dit tout à l’heure que le souci est de gérer la pluralité. Nous sommes d’origines diverses, nous avons des tempéraments divers. Mais, pour ce qui est du gouvernement, nous sommes tous sous la même autorité : celle du chef de l’Etat à qui la Constitution reconnaît les prérogatives pleines et entières de désigner, de choisir et de nommer les personnes en qui il a confiance et en qui il pense trouver les ressources pour conduire l’action de construction et de développement du pays. Donc ça,  il faut qu’on le gère. Il ne faut peut-être pas s’inquiéter de cela, puisque c’est cela la vitalité de la pluralité ; Il faut que l’on s’enrichisse chacun des apports particuliers de l’autre. Donc on gère une diversité, sans oublier la singularité constitutive de chacun.

Envisagez-vous une cohabitation parlementaire avec l’opposition ?

Ce n’est pas dans nos plans. Ce n‘est pas dans nos schémas. D’ailleurs le 25 mars les Sénégalais ont définitivement tourné le dos à ce que l’on appelle le Parti démocratique sénégalais ou le Sopi. Et d’ailleurs vous pouvez constater que depuis la défaite, ce mot a disparu de notre paysage politique ; il a disparu de notre vocabulaire. Et je pense que les Sénégalais ont une très claire conscience que le Sopi est une idée qu’il faut jeter par-dessus bord.

 

Xalima avec source : La Tribune

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE