SOMMES-NOUS DE BONS CROYANTS – L’APPEL A LA PRIERE : Au début, un rêve et un muezzin noir

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Inviter les fidèles musulmans à venir accomplir les cinq prières quotidiennes. Telle est la vocation noble du muezzin. Une fonction qui a été confiée pour la première fois à un noir, Bilâl Ibn Rabah, à Médine, au temps du prophète Mohamad (Psl). Depuis lors, la tradition a été maintenue dans le monde islamique. Dans des pays comme l’Arabie Saoudite, le nombre d’appels est réglementé. Au Sénégal, pays laïc, les mosquées ont leur particularité.

Appeler les fidèles à la prière. En arabe, l’appel est désigné par le mot « adhan ». Le muezzin (du turc müezzin, lui-même issu de l’arabe mua??in, signifiant celui qui fait l’appel) est le membre de la mosquée chargé de lancer l’appel à la prière (adhan), au moins cinq fois par jour, souvent depuis le sommet d’un des minarets de ladite mosquée. Cet appel, par la voix, a, semble-t-il, été choisi pour se démarquer de l’appel juif par une corne, et de l’appel chrétien par une cloche et également parce qu’il est le moyen le plus naturel d’appeler. [ Cette tâche a une origine lointaine car elle date de l’époque du prophète Mohamad (Psl). Selon Mohamed Diop, un des muezzins de la mosquée de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au temps du prophète, l’appel à la mosquée a été évoqué par ses compagnons. Certains compagnons ont suggéré de battre des tam-tams en guise d’appel, d’autres ont proposé de sonner une cloche. « Certains compagnons du prophète ont fait des rêves sur la manière dont on doit inviter les musulmans à la prière. Ils ont informé le prophète. C’est ainsi que Dieu a envoyé l’archange Gabriel pour lui demander d’appliquer le rêve de ses deux compagnons. Et Mohamad a, à partir de ce moment, choisi Bilal pour appeler les fidèles à la prière », a expliqué ce jeune muezzin de l’Ucad. Pour Demba Faye, un autre muezzin du campus universitaire de Dakar, c’est Oumar qui a demandé au prophète d’indiquer aux musulmans le moyen pour l’appel à la prière. « Mohamad lui a répondu que puisque les catholiques ont leur cloches, les juifs leurs cornes, il a désigné l’homme en la personne de Bilal ». Momar Talla Loum professeur d’arabe dans un Cem de la commune de Nioro du Rip rencontré au campus universitaire, abonde dans le même sens.

Qui peut être muezzin ?

A l’en croire, c’est parce que les musulmans doivent adopter leur propre méthode que l’appel à la prière a été révélé au prophète alors que ses compagnons spéculaient sur l’attitude à adopter. Bilâl a été donc le précurseur de l’appel à la prière dans le monde musulman. Qu’est-ce qui a été déterminant dans la désignation de Bilâl au poste de muezzin ? Les islamologues, muezzins et imams soutiennent que sa belle voix a été un grand atout pour lui. Selon Momar Talla Loum, pour être muezzin, il faut être d’abord un musulman. « Il faut pratiquer très bien sa religion, être assidu et respecter les heures de prière mais aussi se comporter de manière exemplaire dans la communauté », indique M. Loum. « Il faut comprendre la langue arabe, maîtriser les paroles à dire, avoir une voix lointaine et captivante », ajoute pour sa part Mohamed Diop, non sans indiquer que dans certains quartiers, ce sont des retraités qui ne remplissent pas toutes les conditions qui sont désignés comme muezzins. « Le plus souvent, ces muezzins viennent et s’imposent alors qu’ils n’avaient même pas l’habitude d’aller à la mosquée lorsqu’ils étaient jeunes », déplore M. Diop, soulignant que ces derniers sont à l’origine de certains manquements comme les appels multiples. Pour Demba Faye, l’appel à la prière doit être confié à des jeunes plus aptes que les vieux. « Le choix d’un muezzin doit être fait comme celui de l’imam. On apprend à appeler comme on le fait lorsqu’il s’agit du Coran et de la Sunna. Parfois, dans les quartiers, les gens imposent des muezzins qui n’ont pas le profil. L’appel doit être fait par des jeunes qui ont de fortes voix. C’est pourquoi le prophète avait choisi Bilal », soutient M. Faye. « Mais un vieux bien portant et qui a une bonne voix peut faire l’appel », précise-t-il. Yaya Samba Sow, vieux muezzin à la mosquée de Yarakh, abonde dans le même sens. A son avis, il est préférable de prendre un jeune qui maîtrise bien l’appel et qui a une bonne voix. « Mais si l’on n’en trouve pas, on se contente de prendre les vieux ». En cas d’absence des muezzins dans une mosquée, l’imam désigne quelqu’un ou il le fait lui-même s’il en est capable. « Mais la femme ne peut pas faire l’appel car sa voix ne doit pas s’élever », souligne M. Faye.

Aliou KANDE

lesoleil.sn

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