Soro Guillaume le conquérant

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La compétition et les confrontations s’annoncent rudes au sommet de l’État ivoirien. Acte après acte, Guillaume Kigbafori Soro se prépare à la succession d’Alassane Ouattara, prévue en 2020. Le fonctionnement des institutions est déjà entamé dans le duel qui l’oppose à Ahmed Bakayoko, ministre de l’intérieur. Tous les deux s’investissent en souterrain dans la course pour la constitution d’un « trésor de guerre » en vue de la grande bataille électorale et des combats postélectoraux. Tout y passe : tentative de mainmise sur les organes du parti, équipement militaire et tentative de contrôle des forces de l’ordre.

  1. Soro, président de l’Assemblée nationale, va certainement jouer la carte de la légitimité historique pour avoir été l’artisan principal de l’alternance au bénéfice d’Alassane Ouattara à la tête du pays. Après la mort suspecte de son concurrent, Ibrahima Coulibaly, avec qui il entretenait une féroce rivalité pendant les années de rébellion, l’opposant-soldat s’est propulsé seul maitre à bord. Secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire à l’âge de 23 ans, chef rebelle à 30, ministre d’État à 31 et Premier ministre à 34, le groupe d’experts de l’ONU sur la Côte d’Ivoire soutient qu’il détient 30% de l’armement ivoirien.

Tout sauf un enfant de chœur, M. Soro tient dans ses mains périssables l’avenir immédiat de la Côte-d’Ivoire. Il en fera chaos ou promesse de renouveau. Tout dépendra de sa plus ou moins disposition à l’ouverture aux détracteurs et à l’équilibre dans l’exercice pouvoir. Ça se joue d’abord avec ses camarades de parti, le Rassemblement des républicains (RDR), d’une part et avec les alliés du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié d’autre part. Par ailleurs, le parti de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien, continue de mobiliser contre le parti au pouvoir et sera au rendez-vous de 2020 malgré ses dissensions internes. En attendant, Guillaume Soro demeure incontournable ; il est encore l’homme le plus fort d’Abidjan.

Contre toute attente, l’enfant prodige de Ferkessedougou risque de compromettre son avenir politique par les bombes judiciaires à retardement qui crépitent depuis l’étranger. Un mandat d’amener a été émis par le Tribunal de grande instance de Paris dans le cadre de l’affaire qui l’oppose à Michel Gbagbo, fils de l’ex-président. Le président Soro s’est prévalu d’une immunité diplomatique pour échapper aux griffes de la juge d’instruction. Par ailleurs, le mandat d’arrêt lancé par la justice militaire du Burkina Faso contre lui, pour complicité dans le coup d’Etat raté de septembre 2015, l’isole davantage et lui fait mauvaise presse. Son blanchiment juridico-politique dans cette affaire n’y fera rien ; le mal est fait.

Devant ces préjudiciables atteintes à l’image, il a toujours eu recours à son immunité diplomatique pour aller et venir librement. Si la tendance se maintient, il lui sera difficile de légitimer ses ambitions présidentielles et de capitaliser le soutien politique des puissances étrangères. Tout compte fait, les pressions de la communauté internationale et des bailleurs de fonds sont encore décisives sur le processus électoral en Afrique francophone. Avec un portrait de hors-la-loi aux yeux de l’opinion internationale, Guillaume Soro sera affaibli parce que désigné d’avance poulain salissant, donc infructueux. Il est ainsi contraint de faire le jeu des règles démocratiques pour limiter les dégâts et éviter au mieux la disgrâce. À ce jeu, il perd sa longueur d’avance qui ne tient qu’à sa force de frappe guerrière et à sa puissante capacité assujettissante.

Pas seulement au sommet de l’État, Guillaume le conquérant peine à s’imposer dans le parti dont il est membre. « Le RDR, une force qui va! ». De ce slogan politique, une dynamique de renouvellement et de progrès doit s’imprégner des camarades de Soro. Et pourtant ! Vu par beaucoup de cadres comme un parvenu, militant de dernière heure, l’ex chef rebelle a déclaré ceci : « quand en 2000, j’ai été traité d’étranger lors d’un contrôle, j’ai compris qu’il fallait équilibrer la terreur et je me suis mis en mission pour rétablir cela. Maintenant que la paix est revenue en Côte d’Ivoire, je reviens prendre ma place au sein du RDR, mon parti ».

Birame Waltako Ndiaye

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