Sos – Atteint de neuromyélopathie et deux années sans traitement : Ndiatté Ndao rêve de soins spécialisés

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Au Sénégal, l’accès aux soins est loin d’être une réalité. Toutes les réformes initiées jusqu’ici pour permettre aux patients d’accéder aux structures sanitaires se sont révélées inefficaces. Pourtant, elles auraient permis la prise en charge de certains indigents laissés à eux-mêmes. C’est le cas de Ndiatté Ndao, un homme de 35 ans qui, depuis deux ans, n’a pas reçu de soins, faute de moyens pour guérir la neuromyélopathie pravido-puerpérale qui l’empêche de vaquer à ses occupations et empeste la vie de ses proches. Père d’un enfant et cadet d’une famille pauvre, le patient comme sa mère, au nom du droit à la santé, veut être soigné par des spécialistes.
Yacine Niang et ses filles Made­leine et Rama Ndao vivent une épreuve qu’elles n’arrivent plus à gérer. Elles souffrent dans le silence non pas du fait de la perte d’un être cher mais parce qu’elles ont épuisé toutes les solutions pour que leur fils et frère retrouve sa bonne santé. Dans cette maison du quartier Cheikh Anta Mbacké contiguë à celle du marabout Serigne Asse Fall Mbacké, la famille Ndao attend avec impatience l’arrivée d’une œuvre charitable pour permettre à leur cadet de retrouver le sourire. Un sourire qui se conjugue au passé depuis qu’un certain jour de l’année 2007, une neuromyélopathie pravido-puerpérale l’a cloué au lit.
C’est d’une voix triste que Yacine Niang, sa maman, revient sur les circonstances de la maladie qui a défiguré son dernier garçon : «Au début, il se plaignait de maux de tête et de douleurs. Je l’ai amené au centre de santé ensuite à l’hôpital et c’est de là qu’un médecin m’a prescrit des analyses qui ne pouvaient se faire qu’à Dakar.» Dans la capitale sénégalaise, ce sont les difficultés qui assaillent cette mère dont la seule ambition est de voir son cadet retrouver sa santé.
Madeleine Ndao, sœur de Ndiatté, relève le coût exorbitant des ordonnances et des analyses. «Le ticket coûtait 44.000 et les analyses environ 24.500 francs Cfa», dit-elle, en brandissant une liasse de paperasse qui contient tout le dossier médical de son frère qu’elle a du mal à regarder souffrir en silence. Comment faire face à ces dépenses ? Madame Niang et ses deux filles, Rama et Madeleine, après avoir bénéficié de certificats d’indigence pour la prise en charge partielle de leur enfant décident de brader leurs objets précieux. Mais, la manne financière récoltée ne peut suffire à guérir le mal de Ndiatté Ndao qui maigrit de jour en jour.
Faute d’argent, Yacine Niang retourne à la case départ avec son fils. A l’évocation de cette situation, elle fond en larmes. Comme son fils dont les os collent sur la peau, «mère Yacine» comme on l’appelle est tenaillée par la maladie de son cadet qui ne peut rien faire sans l’appui et l’aide des autres. Et dire qu’à cet âge, trente cinq années, c’est lui qui devrait venir à la rescousse des siens et prendre soin de son unique enfant. Depuis deux années, Ndiatté est cloitré au lit, dans la maison familiale, faute de soins. Des soins qu’il réclame. «Je veux guérir, je veux me soigner et recouvrer la plénitude de mes moyens», dit-il, le ton fort affecté. Des mots qu’il émet avec d’énormes difficultés. C’est parce que Ndiatté est gagné par la maladie qui lui a ôté en dehors de ses facultés motrices, ses facultés verbales. «Je dors très difficilement la nuit. Je m’alimente aussi difficilement. Je suis fatigué», renchérit Ndiatté stoïque. D’ailleurs, on ressent que cet homme, père d’un enfant, garde intacte sa dignité. Une dignité qu’il préserve, à l’instar des autres membres de sa famille. «Nous ne voulons pas d’argent, ce que nous voulons, c’est qu’il puisse bénéficier de soins adéquats» sérine la maman, l’air désorienté.
Fatigué, rongé par cette «maudite» pathologie qui a réduit son univers entre sa chambre et la véranda où il passe l’essentiel de son temps, Ndiatté Ndao très amaigri, le regard hagard est comme cette grande masse silencieuse des Sénégalais qui attendent avec impatience la matérialisation de la couverture médicale universelle, un des thèmes de campagne du Président Macky Sall. Cette couverture universelle pourrait permettre de prendre en charge des cas comme celui de Ndiatté Ndao qui, depuis deux ans, ne peut plus suivre les traitements qui l’avaient conduit de l’établissement sanitaire de la rue Raffenel au Centre hospitalier universitaire de Fann.

lequotidien.sn

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