Spoliation foncière à Keur Massar – « Il y a des complices au plus haut niveau »

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Les travailleurs de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) affirment d’être victimes de spoliation foncière à Keur Massar. Les responsables et les membres de la coopérative d’habitat de la cité UCAD 4 accusent des personnes tapies dans l’ombre de vouloir se partager leurs terrains.

« Comment peut-on cotiser, pendant 30 ans pour avoir un terrain et que des bandits viennent le confisquer ? Celui qui accepte cela ira directement en enfer, quand il sera mort ». C’est par ces propos acerbes que le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES), Seydi Ababacar Ndiaye, a résumé la situation qui prévaut à cité UCAD 4 de Keur Massar. En conférence de presse hier au restaurant du SAES, la coalition des syndicats des travailleurs de l’UCAD a estimé que trop, c’est trop. Depuis 2008, un litige foncier les oppose à des personnes inconnues à Keur Massar. Les membres de la coopérative d’habitat de la cité UCAD 4 risquent d’être dépossédés de leurs terrains et maisons acquis suite à de longues années de cotisation.

Complicités

Cette affaire rocambolesque est très louche. Selon Seydi Ababacar Ndiaye, plus virulent et menaçant que les autres, il y a des complicités au plus haut sommet de l’Etat. « Il y a des complices au niveau du Cadastre et des Impôts et Domaines », a-t-il affirmé devant les journalistes. Le patron du SAES a aussi révélé qu’un chef de quartier a été arrêté, puis emmené au palais de la République pour être intimidé. Ce qui est inacceptable à ses yeux et une preuve de plus qu’il y a des complices au plus haut niveau. Le syndicaliste qui n’a pas mâché ses mots de fulminer : « En principe, la justice est là pour tout le monde. Mais en réalité, elle est sélective. Que tout le monde se prépare ! On va se battre. Nous sommes en train d’élaborer une stratégie pour faire ce que personne n’a jamais fait dans ce pays. »

Selon Mme Diéyi Diouf, professeur et présidente de la coopérative, la gendarmerie de la Direction de surveillance et de contrôle des sols (DSCOS) a ordonné l’arrêt de tous les chantiers entamés par les membres de sa coopérative et, au même moment, leurs adversaires viennent construire et détruire leurs constructions impunément. « Nous réclamons au moins l’arrêt des travaux, jusqu’à ce que la justice tranche », demande-t-elle.

‘’Trois de nos membres sont en prison depuis plus d’un mois. Ils seront jugés demain’’

Documents à l’appui, Mme Diéyi Diouf a ajouté que les terres ont été obtenues en toute légalité. « A l’époque, le lieu était une forêt. Nous l’avons viabilisé à nos frais. Nous avons eu un certificat de conformité livré par les autorités compétentes, notamment, avec un décret signé par l’ancien président de la République Abdoulaye Wade et contresigné par le Premier ministre d’alors qui n’est personne d’autre que Macky Sall, l’actuel chef de l’État. Mais, à notre grande surprise, des personnes se présentent pour nous dire que les terres leur appartiennent, au moment où beaucoup d’entre nous ont commencé à habiter », a-t-elle expliqué. Très remontée contre ce qu’elle et ses camarades qualifient « d’injustice », elle affirme qu’ils ne vont pas se laisser faire. « Nous avons porté plusieurs plaintes, sans suite.

Ils viennent sur le site avec de jeunes lutteurs et ils malmènent les vieux retraités qui y vivent. Trois de nos membres sont en prison depuis plus d’un mois et ils seront jugés demain. Ils sont accusés d’avoir bastonné des maçons qui construisaient sur les lieux. Comment un vieux de 68 ans peut battre des jeunes maçons ? » s’est-elle interrogée.

Prenant la parole, le secrétaire général du syndicat autonome des travailleurs des universités et des centres universitaires (Satucu), Yaya Ndiaye, a posé cette question : « Est-ce que l’État n’a pas les moyens de faire régner l’ordre dans une parcelle de quelques hectares ? » Selon lui, il n’y a pas de doute, ce sont de grands bandits qui sont derrière cette affaire. Devant ses camarades venus très nombreux assister à la rencontre, il prévient que si les autorités ne règlent pas ce problème vieux de 6 ans, l’irréparable risque de se produire à Keur Massar.

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