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La phase 1 devait survenir comme un apéro politique pour un ambitieux en éclosion. Le plébiscite a fait de cette étape un plat de résistance avant l’heure. C’est un bien pour un mal à cause de l’absence de structuration, d’animation et des querelles de positionnement. Sans compter les premiers éclats des querelles d’egos au sommet.

L’apéro a été trop consistant pour l’APR. Un poste de président de la République pour un parti qui n’a pas eu le temps de naître, de faire ses premiers pas et de voir que ses jambes ne s’engourdissent plus face à la taille du défi de marcher. Le chemin du destin a été trop court pour le parti de Macky Sall. « De Macky Sall » parce que, outre le successeur de Me Abdoulaye Wade, les organes et les muscles de cette formation politique ont pour noms Alioune Badara Cissé, Mbaye Ndiaye, Seydou Guèye, Benoît Sambou, Moustapha Cissé Lô, etc. Une jeune formation sous l’ombre miraculeusement tutélaire d’un si jeune Président ! Les conditions de départ de Sall de l’Assemblée nationale, en 2008, après l’épisode de la convocation de Karim Wade devant la Commission des Finances, ont donné au parti un sceau : la figure marquante qui n’est personne d’autre que son Président. L’enfantement de l’APR dans la crise lui offre aussi un carré de veilleurs des libertés déclarés, qui se disent avoir une détermination chevillée dans les valeurs de dignité : ABC et autres. Au début, aucun d’entre eux ne doit grand-chose dans les différents gouvernements de Wade. Peut-être ABC, moyennement, qui a été proche de l’ancien Premier ministre. Mbaye Ndiaye, en 2000 déjà, s’était taillé une réputation de fidèle à l’idéal libéral. Il a contribué à l’alternance à sa manière : aller à l’assaut de la populeuse cités des Parcelles Assainies et suivre le processus électoral afin d’en assurer la transparence. Moustapha Cissé Lô, entre excès et spectacle, a quand même eu son certificat de sincérité. D’ailleurs, sa fidélité à Macky Sall émane de sa fidélité à l’équité. Les deux ont perdu leur mandat de député. Pendant ce temps, ABC refuse de déplier le carnet des chances qu’il avait de retourner auprès de Wade. Au-delà des idées politiques, la petite communauté ayant accompagné la naissance de l’APR s’est adossée à un fédérateur : le refus de l’humiliation.

LA PATRIE EN PARTENARIAT

Le pendant de cet investissement est le capital sympathie dont Macky Sall a joui auprès de ses compatriotes. Il a cru en son étoile et est allé à la rencontre de ses compatriotes dans une campagne électorale où les ténors étaient pour les promenades fumeuses et piquantes sur les Places de l’Obélisque et de l’Indépendance. Le candidat s’est naturellement dégagé sous le manteau beige-marron. Il est devenu le coursier qui  n’a pu figurer sur l’étendard de son parti face à un refus de l’Administration constatant un double-emploi avec les symboles du parti Yaakar de Mor Dieng. Le baptême du feu a été un plaisir rafraîchissant pour Macky Sall qui devance, au premier tour, Niasse, Tanor et Idy. Un boulevard s’ouvre devant lui, et c’est celui de la République. Il est élu à la faveur d’un consensus de l’opposition et de la Société civile sur une nouvelle alternance. Le grenier à voix est quasi-inaccessible à Wade. Bennoo Bokk Yaakar devient la plateforme de partenariat. « Partenariat », ce mot a été utilisé publiquement par Tanor. Niasse procède de la même manière en s’effaçant devant le nouveau chef de l’Etat pour mieux assurer sa mainmise morale sur les grandes orientations de la République. A 65%, des forces politiques qui n’ont pas dépassé le score de 17% ces douze dernières années s’échinent à faire croire à l’APR qu’elles ont élu son champion. Sur la victoire, l’apport a surtout été moral. Devant une crise de confiance entre le PDS et le vote populaire, l’équipe Sénégal autour d’un leader avait de fortes chances de gagner. Le consensus a un fondement généreux : « la patrie avant le parti ». Le nouveau chef de l’Etat pousse la sincérité assez loin en scandant, à ses camarades, qu’il gouverne un pays qui s’appelle le Sénégal et qu’il puise des compétences là où il veut. Au passage, le gros dégât est le limogeage de son numéro deux, Alioune Badara Cissé. Auparavant, le numéro de Moustapha Cissé Lô sur la Présidence de l’Assemblée nationale ne lui permet pas d’aller plus loin qu’un respectable poste de deuxième vice-président. Mbaye Ndiaye, en larmes, est emporté par la poussée frondeuse de Thiantacounes. La colère monte, attestée par l’alerte de Cissé Lô après avoir « pilonné » Mor Ngom.

EN MAL DE LEADERSHIP

Aucun autre leadership n’émerge pour suppléer le Président du parti trop occupé à rabibocher le parti de la demande sociale si tenace à faire la peau aux locataires du Palais de la République. L’aveu est de taille : les prix sont une poudrière sur laquelle les acquis ou, tout simplement, un brin d’espoir n’arrive pas à jeter le baume de la stabilité. Benno Bokk Yakaar se sert à des positions stratégiques. A part quelques émissions de voix assez veloutées des Cadres, il n’existe pas une résolution apériste à prendre des postes-clés. Puisque Thierno Alassane Sall (ministre des Infrastructures) et Mor Ngom (Directeur de Cabinet du Président de la République) ont leur mirador au cœur de la République, il n’y a pas de quoi fouetter un Président plébiscité et qui chercher l’alchimie du bonheur pour son peuple.

A l’Assemblée nationale, Moustapha Diakhaté dirige un groupe qui est plus une mutuelle des légitimités électorales qu’un attelage drivé par le plus conquérant et le plus fort. Les uns et les autres gardent le ton bas pour ne pas tirer les susceptibilités vers le haut des frustrations de groupe. Sur le perchoir, veille l’homme fort de l’Homme fort du Sénégal, Moustapha Niasse. Il retrouve son latin lyrique et sa posture d’homme d’Etat qui refuse de donner à lire ses états d’âme. Il se hisse au rang de parrain des bonnes règles républicaines dans la séquence gouvernée par son cadet et neveu, Macky Sall. La fusion autour de l’idéal républicain est si forte que la chronique populaire évoque une fusion organique des deux alliances. Le pari est risqué. Pour aller sereinement aux échéances électorales, Macky Sall est condamné à asseoir sa base primaire avant de formuler les axes d’une action puis d’un bilan devant ses compatriotes. Le principe est incontournable même dans le cas de négociations avec les autres forces politiques désireuses de constituer un pôle organique avec l’APR. Jusqu’ici, l’APR ne pèse que du seul poids de son chef devenu… Chef de l’Etat. Cela suffit à attirer du monde. Cela ne suffit pas, a contrario, à organiser tout ce beau monde autour d’un projet de gouvernance. Dans le cas d’une léthargie, c’est le parti du pôle dominant (au pouvoir) qui sera phagocyté par la maladie opportuniste de l’attrait du pouvoir (les nouveaux adhérents ou alliés maintenant convaincus par l’idée de fusion). Et l’APR, qui a eu un plat de résistance (succès à une élection) à la place de son apéro politique (phase 1 de l’implantation). Ce serait dommage pour l’après-Macky Sall qui surviendra dans un délai maximal de dix ans !

Amadou Lamine NDIAYE

Lesenegalais.net

2 Commentaires

  1. Pour un Président nouvellement élu qui disait :  » Peu m’importe d’être réélu ou pas pour un deuxième mandat, l’essentiel, pour moi est de travailler pour la résolution des problèmes auxquels les Sénégalais sont confrontés » ! Le Président Macky Sall a de forte chance de n’être concentré que sur la massification de son Parti , l' »APR ! La nomination de monsieur Faustin Diatta, la dissolution du petit mouvement de madame Aminata Tall entre dans le cadre de cette massification. Dans quelques semaines, nous assisteron,s à d’autres nominations dans le gouvernement et des intégrations dans le Parti de Macky. C’est de bonne guerre, mais il ne fallait pas chercher à nous faire croire le contraire !

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