Syrie : cent personnes meurent dans une attaque au gaz toxique

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Le régime syrien est accusé d’avoir perpétré une attaque à Khan Cheikhoun, une ville tenue par les rebelles. Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira en séance extraordinaire mercredi.

Cent personnes, dont des enfants, ont été tuées mardi dans un bombardement aérien qui a émis du « gaz toxique » à Khan Cheikhoun, une ville du nord-ouest de la Syrie tenue par les rebelles. 400 autres ont été asphyxiées, selon l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM). Ce bilan a été confirmé par la direction médicale de la province d’Idlib.
Les auteurs du raid aérien, qui a eu lieu vers 7 heures mardi matin, n’ont pas encore été identifiés, mais une composante de l’opposition a d’ores et déjà accusé le régime de Damas. Une vidéo tournée par des activistes montre un seul appareil qui a survolé la ville et largué plusieurs projectiles avant que des colonnes de fumée s’élèvent.

« Nous avons porté assistance à plus de 200 personnes en situation de détresse respiratoire à des degrés divers. Il faut dans ces cas intervenir le plus rapidement possible, ce qui a été compliqué à cause de la panique dans les rues, et décontaminer les victimes avec de l’eau, les ventiler, nettoyer les vêtements… Malheureusement, les premiers secours n’étaient pas assez équipés », a précisé au Monde Radi Saad, un membre de la défense civile. La première équipe appelée sur place après le raid ignorait en effet qu’il s’agissait d’une attaque chimique. Les secouristes comptent dans leurs propres rangs deux blessés, dont un grave, du fait de leur exposition aux gaz.
Plus tard dans la matinée, le centre local de la défense civile, qui servait de morgue improvisée, a été complètement détruit par une frappe aérienne, obligeant à dégager à nouveau des décombres les corps des victimes de la première frappe. L’hôpital Al-Rahma de Khan Cheikhoun, le seul en fonction dans cette ville, a également été ciblé, un missile s’abattant à une vingtaine de mètres de l’édifice. L’équipe médicale a décidé d’évacuer les blessés vers d’autres villes.

Réunion du Conseil de sécurité
Des vidéos publiées sur le réseau social Twitter montrent des enfants morts ou inconscients ou encore plusieurs hommes inconscients, dont les pupilles ne réagissent pas à la lumière, et qui sont présentés par un médecin anglophone présent sur place comme des victimes d’une attaque au gaz sarin.
Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira en séance extraordinaire mercredi pour aborder cette attaque chimique supposée, a annoncé l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU. Le Royaume-Uni et la France avaient demandé cette réunion dans la journée.

Plus tôt dans la matinée, la Coalition nationale syrienne, importante composante de l’opposition, avait également annoncé dans un communiqué réclamer au Conseil de sécurité de « convoquer une réunion urgente après ce crime et d’ouvrir une enquête immédiate ». L’opposition a accusé le « régime du criminel Bachar » d’avoir mené des raids sur la ville de Khan Cheikhoun avec des « obus contenant du gaz chimique ».
L’armée syrienne a, pour sa part, démenti toute implication dans l’attaque. « Le commandement de l’armée dément catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun aujourd’hui (…). Il souligne qu’il n’en a jamais utilisé, à aucun moment, à aucun endroit et ne le fera pas dans l’avenir », a-t-elle déclaré par le biais d’un communiqué publié par l’agence officielle SANA.
Résolution 2118 de l’ONU
Le gouvernement syrien, accusé par plusieurs témoins et rapports d’enquête de l’ONU, a toujours démenti toute utilisation d’armes chimiques dans une guerre qui a déjà fait plus de 320 000 morts depuis mars 2011. Il a ratifié la convention sur l’interdiction des armes chimiques en 2013.

La résolution 2118 de septembre 2013 a obligé la Syrie à démanteler tout son arsenal chimique, sous la supervision d’une mission conjointe de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). L’essentiel de l’armement chimique déclaré par Damas a été évacué du pays pour être détruit, soit 1 300 tonnes de produits toxiques, à la suite d’un accord russo-américain.
Cet accord avait permis d’éviter une intervention militaire américaine après que Damas eut été accusé d’avoir utilisé du gaz sarin dans une attaque ayant fait 1 400 morts. L’OIAC, sise à La Haye, « est gravement préoccupée par l’attaque présumée aux armes chimiques rapportée par les médias [mardi] matin à Khan Cheikhoun, région du sud de la province d’Idlib », a-t-elle déclaré dans un communiqué, affirmant « rassembler et analyser des informations de toutes les sources disponibles ».

lemonde.fr

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