Tafsir Ndické DIEYE sort « Sacrifice satanique » version rééditée , Chap 1

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Un esprit qui aime la sagesse et qui contemple de près la Vérité est forcé de la déguiser, afin d’induire les multitudes à l’accepter… Les fictions sont nécessaires pour le peuple, et la Vérité devient mortelle pour ceux qui ne sont pas assez forts pour la contempler dans tout son éclat. » Manly P. Hall La femme avait du mal à comprendre ce que disait l’homme qui venait de nouer ses mains larges et dures autour de sa gorge frêle. Toutefois, elle savait au moins une chose, il lui voulait du mal. Cela se lisait dans ses yeux globuleux grandement ouverts. Pouvait-elle vraiment appréhender un tel revirement de situation lorsqu’elle l’avait accueilli, toute joviale, vers 00H25Mn ? Rien n’est moins sûr. Elle avait peur d’affronter le regard de son tortionnaire, peur de bouger, peur même de tenter un cri qui, de toute façon, allait avoir du mal à se faire entendre car ils étaient seuls, tous les deux, dans sa 8 2 propre maison bâtie sur une colline, assez à l’écart des habitants du quartier. Leurs respirations se heurtaient par moments et cela en rajoutait à sa panique. Son corps tremblait. Ses jambes, à peine touchant la moquette, étaient comme des feuilles mortes secouées par un tourbillon. Les bras nus, brinquebalants, touchaient par moment le blouson de l’homme qui continuait de l’engueuler dans un jargon difficile à comprendre en resserrant ses mains robustes autour de sa gorge. Apparemment conscient du fait que son geste risquait d’étouffer la femme, il enleva sa main droite et la posa sur la bouche de cette dernière avant de lui souffler à l’oreille : – Si tu es gentille, je vais te parler tranquillement. Autrement, je serais obligé de te tuer sur le champ. La femme semblait vouloir répliquer mais la prise de l’homme ne permit à sa bouche d’émettre le plus petit son. L’homme continua : – J’ai une mission à accomplir. Si tu me facilites la tâche, je vais te scotcher la bouche, bander les yeux et attacher les membres sans vraiment te brutaliser. Comme ça, tu vas faire le voyage dans la malle arrière de ma voiture. Au cas contraire, je l’accomplirais de façon violente. A toi de choisir. La femme cligna des yeux pour manifester son approbation guidée par la panique qui se lisait dans le tremblement de tout son corps. La maintenant toujours par le cou avec sa main gauche, il leva sa droite pour sortir un sparadrap de la poche de son blouson et l’appliqua lentement et soigneusement sur la bouche de sa victime. – Quelles lèvres croustillantes ! Complimenta-t-il. 2 9 Dans d’autres circonstances je t’aurais bien amadouée, comme d’habitude, pour que tu me fasses une pipe exquise comme tu sais si bien me la prodiguer. Dommage pour ce soir ! Le temps presse. Dit-il. L’homme s’appliquait à finir le ligotage en règle de la femme. Il la coucha ensuite sur le canapé en cuir rouge du salon, un lieu qui dégageait un bien être sans équivoque avec son armada de meubles luxueux, ses verroteries et ses moquettes moelleuses. Deux couleurs s’imposaient dans ce décor féerique : le rouge et le blanc qui scintillaient sous la douche de lumière offerte par des pendeloques d’une rare beauté. L’homme se leva sans un regard de plus sur la dame et sortit du salon. Il traina un peu le pied dans l’antichambre où la femme l’avait accueilli naïvement, toute souriante. Il sortit dans la cour où il avait garé sa voiture en arrachant au passage un beau lys qui trônait dans un pot de fleur et le renifla goulument. Il ouvrit la malle arrière de sa 4X4, alla allumer la voiture avant d’ouvrir la porte en fer forgé de la maison. Lorsqu’il venait rendre visite à la propriétaire de la maison, cette dernière donnait toujours congé, auparavant, au gardien et à la domestique afin de passer des moments en tête à tête salaces. Il revint dans le salon, jeta sa prisonnière sur ses épaules de joueur de rugby et ressortit en la taquinant : « Ta chatte en chaleur t’a perdue. Pauvre conne ! » Dehors, la fraicheur de la nuit flattait le corps de la femme presque dénudée. Sa robe de nuit, de couleur rouge, était en loque et méconnaissable. Dans la lutte pour la maîtriser, il avait sauvagement déchiré ses habits. Il jeta son paquet dans la malle arrière et déposa la fleur de lys 102 entre les seins grossis de sa prisonnière. Il referma et se frotta les mains avant de prendre place au volant. A ce moment précis, son téléphone portable vibra à hauteur de sa ceinture dans son étui. Il le prit, décrocha et dit : – Soyez patient Maître ! Ce soir, la cérémonie aura bien lieu à l’endroit prévu. – Bien ! L’Epée templière t’attend. Toutes les dispositions d’usage sont prises. Fais vite ! Je ne veux pas rater la pleine lune. Dit l’autre au bout du fil. – Et la sécurité desdits lieux ? – J’ai déjà réglé ce problème. Le lieu choisi échappe à son contrôle. Corbillard ? – Oui Maître ? – Pas d’autres questions ! Nous sommes au téléphone ! Magne-toi ! – Je suis déjà en route. Le paquet est avec moi. … « Il faut toujours s’assurer de pouvoir terminer une action avant de l’entamer. Je commande et tu exécutes. Le démon est ta boussole. Que ton acte puisse donner satisfaction à son Agenda ! L’heure est venue de nourrir l’âme d’Apis. » La voix du Maître tonna dans la nuit. Habillé d’un costume blanc avec un nœud papillon noir aux motifs composés de compas et équerres, un manteau noir, un chapeau, des chaussures à talon renversé et des gants blancs, il fixait le ciel en parlant. Sa main droite, dont, le pouce, l’index et l’auriculaire étaient pointés vers son interlocuteur, les deux autres doigts, en l’occurrence l’annulaire et le majeur pliés, semblaient adresser un salut bizarre à ce dernier qui portait une sorte de robe noire d’avocat avec un pantalon blanc et des chaussures du 2 11 même style que celles du Maître. Entre lui et son vis-à-vis, tous les deux debout face à l’Océan dans la partie ouest du Monument de la renaissance, un corps de femme nue était posé sur un autel recouvert d’un drap au carrelage blanc et noir ressemblant à un damier, la tête à hauteur des genoux de l’homme à la robe d’avocat armé de deux épées dans ses deux mains. La lumière des cierges, au nombre de treize, disposés autour du corps, éclairait le visage affolé de la femme couchée. Des attaches la retenaient dans une position d’immobilité. Debout du côté des pieds du corps immobilisé, le Maître continuait son speech. « Le bien est ton ennemi. Le mal est ton ami. Ohm ! Je commande et tu répands le sang en l’honneur de Baphomet ! Et tu prendras le chemin en sens inverse. La Bête a soif. Le diable est ta boussole. » Derrière l’autel, un groupe de treize personnes, cinq femmes habillées en blanc et huit hommes habillés en noir, acquiesçait dans un murmure bien synchronisé : « Ommm » Ils portaient, chacun, une robe d’avocat avec un pantalon assorti. Toute l’assistance portait des tabliers. Le maître poursuivit : « Fétichiste du sang, quel plaisir de te voir faire gicler ce trésor des dieux qui fait renaître à la conscience les morts ! Dans ton cœur, tu noueras le pacte du sang avec l’Aigle et au pied de ce Monument de Satan, au chant de la trompette, tu lèveras ta main et abattras l’Epée templière dans le cœur de cette femme, offerte en offrande à Apis. » « Ommm » Reprit le groupe des treize en chœur. Au loin, près de la plage, une silhouette, assise sur une pierre, assez élevée, qui reliait deux roches entourées par deux piliers dont la blancheur brillait dans la nuit laissant 122 apparaître sur celui du côté gauche de la femme la lettre J et sur l’autre la lettre B, toutes les deux lettres de couleur noire, attira le regard du Maître. De près, ses seins, dressés sous la clarté lunaire, montraient qu’il s’agissait de la silhouette d’une femme qui semblait donner la réplique à une statue trônant au niveau d’un autre monument de la ville de Kadar, sur la corniche ouest, baptisé : « Porte du 3e Millénaire », une sorte de répondant, à quelques exceptions près, de La Grande Arche de Paris, inaugurée en 1989, que son auteur, l’architecte Otto von Spreckelsen appelle : « Un cube ouvert, une fenêtre sur le monde ». L’image de la femme assise, toute nue, soulevant une trompette dans ses deux mains, renvoyait à celle de la « Renommée nue soufflant dans sa trompette d’or ». Les cheveux saillants, la silhouette souffla dans la trompette une fois. Le son ressemblait à celui des murmures : « Ommm ». L’homme qui se tenait debout devant la tête de la femme étalée sur l’autel lança brusquement, comme une réplique, un rugissement : « Ommm ». Et, comme un possédé, il leva son bras droit prolongé par une longue épée très pointue. Le corps nu, aux yeux bandés et à la bouche scotchée, essaya de remuer dans ses liens. Ses muscles se contractèrent et se décontractèrent instantanément. Le Maître dirigea sa main droite en direction du Monument de la renaissance, juste derrière lui, en gardant le pouce, l’index et l’auriculaire pointés, les deux autres doigts, en l’occurrence l’annulaire et le majeur pliés. De la main gauche, il déposa une montre gousset sur le sexe de la femme et, soudain, cria : « Ohm ! Accomplis le Sacrifice 2 13 Satanique pour la régénérescence de l’âme d’Apis ! » A ce moment précis, la lune était d’une luminosité effervescente, escortée par une kyrielle d’étoiles. Le bras droit du bourreau, comme un éclair, plongea l’épée dans la poitrine de la femme couchée. A la seconde d’après, son bras gauche trancha complètement la gorge de sa victime. La tête roula sur l’autel, souillant le drap au carrelage en noir et blanc. Le Maître fut trois pas en sa direction, arracha avec vigueur l’épée qu’il avait dans sa main droite et lui ordonna de regarder le ciel. « Regarde le ciel, vois la lune toute effervescente comme une chatte en chaleur ! » Dit-il d’une voix rauque. L’autre s’exécuta aussitôt. « Vois-tu cette constellation là-bas ? Vois-tu cette spirale de neuf étoiles dénommée, dans le langage vulgaire, la « voie lactée » ? Elle représente notre galaxie spirale appelée « Le grand G céleste » ; comme les neufs orifices de ton corps, ces étoiles serviront de porte d’accès à ton accomplissement. Tu connaîtras Rigel, Sirius, Procyon, Pollux, Castor, Capella, Aldébaran, Arcturus, Bételgeuse. Et tu feras la connaissance du grand mensonge qui entoure l’histoire des Trois Rois Mages, en l’occurrence, Melchior le blanc d’Europe et son or, Gaspard le jaune d’Asie et son encens, et Balthazar le noir d’Afrique et sa myrrhe. Ce mythe et tant d’autres dogmes embastillant démystifiés, Hiram restera ton unique lumière. Tu seras une étoile d’Orion et tu aimeras Osiris le dieu de la lumière que Seth, dans la nuit des temps, enferma dans un coffre qu’il jeta dans le Nil. La déesse Isis, sa bien aimée, guidée par son amour va 142 parcourir le monde et l’enfer pour retrouver le coffre en vain. Entrainé par les flots, le coffre va échouer aux côtes de Phénicie au pied d’un Acacia, notre symbole de la protection et de la germination. Avec le temps, son tronc couvrit le coffre. Un tronc qui devait être l’une des colonnes de l’entrée du palais du Roi de Byblos. Isis, sentant l’odeur qui émanait du tronc, demanda et obtint qu’on lui livre le coffre qui était à l’intérieur de l’acacia. Elle le ramena en Egypte, sortit le corps et le cacha au fond des eaux. Seth le découvre et décide de couper le corps en quatorze morceaux et les disperser aux quatre coins du pays. Grâce au pouvoir de son amour pour Osiris, la déesse Isis, aidée par Anubis, Thot et Nephtys, va retrouver les morceaux, recomposer le corps, le momifier avant de le ramener à la vie de façon à ce qu’il soit immortel. Osiris, ramené à la vie de façon immortelle, se retire dans le monde invisible et laisse son fils Horus monté sur le trône du monde visible en tant que modèle des rois. Long et discret sera le chemin qui te mènera en sa demeure. Hay Ya Hay YA Hay Ya ». Chanta-t-il avant de sortir un morceau noir de la poche de sa robe d’avocat, avec lequel, il lui banda les yeux. Puis, il l’embrassa sur la bouche, comme un amoureux en ferait avec sa maîtresse, avant de commencer à charcuter le cadavre pareil à un boucher. Il utilisa le résultat de son acte macabre pour créer, sur le sol, une sorte de figurine que l’on pouvait facilement confondre avec une étoile à cinq branches, toutes saignantes. Il déposa la tête au milieu et, sur elle, un objet métallique brillant qui avait la même forme étoilée avec cinq branches. 2 15 Le maître se releva et dit : « L’Etoile flamboyante est témoin de ton Sacrifice Satanique. Long et épineux sera le chemin que tu prendras à l’envers. Et, le moment venu, tu seras sur le trône, par la grâce d’Horus fils d’Osiris. Ainsi en a décidé le Temple de la Lune devant son Vénérable Maître, ses deux Surveillants, son Maître de cérémonies, son Couvreur, son Orateur, son Trésorier, son Hospitalier, son Secrétaire, ses trois enquêteurs et son Expert ». Sans un mot de plus, il tira par la main l’homme à qui il venait de bander les yeux. Ils marchèrent en contournant les petits rochers en direction de la silhouette qui avait encore la trompette dans ses mains, à l’écart, toujours assise sur le lien qui reliait les deux grandes roches, entourée des deux piliers blancs, portant, respectivement, les inscriptions noires J et B. Les treize suivaient en fil indien, les femmes devançant les hommes dans un murmure démoniaque : « Ommm… ommm… ommm ». La cérémonie n’avait pas duré une demi-heure. … Plus le temps passait, plus Issa devenait terrifié, couché dans le ventre de sa barque, non loin de la plage située à une cinquantaine de mètres du Monument de la renaissance. Il avait quitté, aux environs de minuit, la plage de Bédioune pour aller pêcher le poisson lorsqu’il tomba, par inadvertance, sur une scène d’une cruauté qu’il n’avait jamais vue auparavant. Seule sa tête dépassait de quelques centimètres le rebord de son embarcation de fortune. Cette pirogue est 162 son outil de travail et son havre de paix. Il lui vouait un attachement qui ressemblait à celui qui lie deux tourtereaux. Pourtant, ce soir, seul dans sa barque, l’anxiété comprimait sa poitrine. Les battements de son cœur n’avaient plus rien d’humain. « Heureusement que je les ai aperçus avant qu’ils ne me voient. Ah quelle barbarie ! Ces gens ne sont pas des êtres humains, sinon ils n’auraient pas commis un tel acte » monologuait-il. Issa en avait assez vu depuis sa cachette grâce à la lumière des bougies qui entouraient le corps étalé devant les rangées d’hommes et de femmes. L’un des visages d’homme lui était familier. Il n’avait jamais vu un spectacle aussi cruel. D’abord le corps couché qui semblait bouger dans ses liens. Puis les gestes sadiques de l’assassin plantant un long objet métallique dans la poitrine de la victime avant de l’achever en l’égorgeant. Il avait replongé sa tête dans la pirogue qui tanguait dans l’eau sous la luminescence de la lune. Il avait peur que sa pirogue soit repérée par le groupe au pied du Monument de la renaissance. Et cela pouvait bien arriver s’il continuait de ramer. « Autant faire le mort le temps qu’ils s’en aillent. » se dit-il. Combien de temps allait-il rester coucher au fond de sa pirogue dans l’ignorance totale maintenant du reste des événements qui se déroulaient dehors ? Issa n’en savait rien. Son corps tremblait. Il se rappela son téléphone portable dans son étui enfoui dans la poche de sa combinaison en toile. Il le sortit, hésita à composer le numéro de la police et choisit finalement de l’éteindre. On pourrait l’appeler et, malgré la distance qui le 2 17 séparait de la plage, il semblait craindre que la sonnerie attirât l’attention de quelqu’un. Il finit par se coucher, de façon plus ou moins confortable. Plus le temps passait, plus il avait sommeil. Il finit par s’endormir dans sa pirogue, une chose qui ne lui arrivait jamais car étant habitué à la pêche de nuit. Cette nuit, Issa ne pêchait pas, il dormait comme un agneau nouveau-né. Vers cinq heures et demie, l’appel des muezzins, depuis l’Île de Ngorane à sa droite, le réveilla. Il se releva. Son regard tomba sur le Monument de la Renaissance à environ cinq cents mètres de la pirogue. Le contexte eut un effet de rappel de ce qui s’était passé avant son long sommeil. Il se recoucha brusquement, pris de panique. Il se calma petit à petit, releva la tête, jeta un bref coup d’œil au pied du Monument et constata qu’il n’y avait plus personne, plus rien, excepté l’autel avec un drap blanc maculé de sang qu’il apercevait de loin. Il se releva, prit ses rames et se mit à pagayer vigoureusement. Sa pirogue s’éloignait en toute vitesse des lieux de sa frayeur et finit par disparaître complètement à l’Est.  laires.

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