Talla Sylla, un politique pas comme les autres: sans patrimoine et qui refuse les honneurs

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Ancien président de l’Alliance Jëf-Jël, Talla Sylla a été élu hier, maire de Thiès en remplacement d’Idrissa Seck, ancien Premier ministre sous Wade et maire sortant de la cité du rail. Coordonnateur du comité électoral et tête de liste de la coalition And Defat Thiès du parti Rewmi et ses alliés, Talla Sylla a obtenu 66 voix contre 6 pour son concurrent Ousmane Diagne. Il devient ainsi le 15e maire de Thiès. Retour sur la trajectoire du fondateur de l’Alliance Jëf-Jël.

Dans le hall du Cyber Campus où les militants de la coalition And deffar Thiès s’activent pour désigner les candidats au poste de maire, on n’entend soudain des claquements de doigts. C’est Talla Sylla qui arrive. Et pour l’annoncer, son chef de cabinet et garde du corps, Maha Gaye ne trouve pas mieux que de claquer les doigts afin que les militants dégagent la voie pour laisser passer Talla Sylla engoncé dans un grand boubou blanc et qui s’amène tel un Cheikh mouride.

Talla Sylla est un fervent mouride. Il ne jure et ne respire que par Serigne Touba. «Talla Sylla a marché pendant 5 ans, de Thiès à Touba pour se rendre au Magal», jure Youssou Diop, son ami d’enfance.

Parcours Scolaire

Né le 21 janvier 1966 à Pikine, le nouveau maire de Thiès intègre l’école élémentaire Abdoulaye Yakhine Diop de Thiès où il décroche son Entrée en sixième. Ensuite, c’est le Cem Mamadou Diaw, puis le Lycée Malick Sy. Il ne tarde pas à être renvoyé du Lycée Malick Sy pour des motifs de grève. Il intègre le Lycée Lymamoulaye de Dakar, ensuite le Lycée Seydou Nourou Tall. Dans tous les lycées où il passe, il s’illustre dans les foyers pour porter les revendications de ses camarades. Et il ne manque jamais de subir les foudres de l’administration scolaire. Le Bac en poche en 87, il est orienté au département de Sociologie de l’Université de Dakar. Le militantisme sur la peau, il postule et devient le président de la Coordination des étudiants de Dakar (Ced). 2 ans plus tard, Talla Sylla va continuer ses études à Grenoble où il obtient une maîtrise en sociologie. Il approfondit sa spécialisation en Angleterre avant de rentrer à Thiès en 1996. Talla Sylla se définit comme un consultant spécialisé dans les questions démocratiques et électorales. Il manège un cabinet « Talla Sylla Consulting »basé aux Usa. C’est à ce titre qu’il a été récemment honoré par l’Université de Memphis, pour service rendu à la démocratie.

Parcours politique-Entré en politique à 14 ans dans le Pai de Majmouth Diop, il a toujours eu une vision programmatique de la vie. Sa vie est un éternel combat. En 1996, Talla Sylla initie la Jeunesse pour l’alternance (Jpa). Il invite Idrissa Seck à venir militer à Thiès. Très proche de feu Boubacar Sall, le Lion du Cayor, il avait la ferme volonté de débarquer le Président Abdou Diouf, car pour lui l’alternance est la respiration de la démocratie. L’année suivante, en janvier 1997, il crée le Jëf-jël. Loin d’être un parti politique, le Jëf-jël est unevisonqui prône l’incarnation des valeurs. Il s’allie à Djibo Leïty Kâ lors des élections législatives de 1998. «Nous nous sommes dit que si nous allions seuls aux élections, nous risquions d’avoir 1 seul député. Nous avons pris l’option d’accompagner Djibô Kâ, car notre objectif était de casser le Parti socialiste pour créer les conditions politiques de l’alternance. Et nous avions eu 11 députés. Cela a créé le déclic au Parti socialiste parce que certains caciques du Ps se sont dit que sortir du Ps ne signifiait pas mort politique, car Djibo Kâ avait réalisé un exploit», explique Talla Sylla.

Après cette expérience, Talla Sylla démissionne du Jëf-jël et crée son parti politique l’Alliance Jëf-jël le 18 juin 2000. «Nous sommes partis à la Présidentielle de 2000 avec Moustapha Niasse pour achever Abdou Diouf», dit-il. Elu député en 2001, Talla Sylla refuse de voter le référendum sur la nouvelle Constitution proposée par Abdoulaye Wade. «10 ans après en 2012, l’histoire m’a donné raison. C’était une mauvaise Constitution qui préparait la dévolution monarchique. C’est pourquoi en 2008, j’avais écrit un article «S’unir ou périr.» Avec Cheikh Bamba Dièye et les autres, nous avons initié le Benno parce que si Karim Wade était passé en 2009 comme maire de Dakar, il allait remplacer Wade.» «Sous Wade, notre mission était de jouer un rôle de sentinelle de la démocratie», confie-t-il. Ce qui va lui valoir des coups de marteaux. Talla Sylla crée Walu, ensuite Ar Sénégal qui s’allie avec le Rewmi aux Locales de 2014. Il a aussi des talents de chanteur qu’il met à profit pour fustiger le pouvoir en place. Il se projette avec Idrissa Seck pour 2017.

Maire de Thiès

Talla Sylla ne s’accommode pas des honneurs et des privilèges. Il claque la porte à chaque fois que sa liberté d’expression est bafouée. Aujourd’hui, il a juré de finir son mandat à la mairie de Thiès pour rassurer les affidés d’Idrissa Seck qui pensent que Talla Sylla va démissionner de la mairie comme il l’avait fait à l’Assemblée nationale. «J’avais démissionné de l’Assemblée nationale parce que je ne pouvais pas m’acquitter du travail pour lequel les Sénégalais m’avaient élu. A chaque fois que je voulais exprimer mes positions, le président de l’Assemblée chargé de la police de la salle me coupait la parole. Si je restais, cela voulait dire que j’acceptais un droit de véto. J’ai pris la décision de démissionner. Et je savais que Moussa Tine qui devait me remplacer dispose de toutes les capacités pour me remplacer. Ma conviction est que le respect que les Sénégalais me vouent vient de ces démissions. Un mandat est une charge, une commission des populations que nous avons le devoir d’exécuter. Je vais rester et je vais travailler», jure-t-il.

Un homme sans patrimoine- Dépeint comme un homme courtois qui veut toujours rendre service, Talla Sylla est d’une modestie rare. «Tout son combat se limite à vouloir soulager. La souffrance des Sénégalais lui est insupportable. Il ne dispose d’aucun patrimoine immobilier. Talla Sylla n’a pas de maison à lui. Il n’en veut pas. Il dit toujours que sa tombe lui suffit comme demeure», renseigne Youssou Diop, son ami d’enfance.

Talla Sylla ne s’accommode pas des jouissances sur terre. Il mène une vie d’esthète. «Nous avons passé notre jeunesse ensemble, mais Talla ne drague pas les filles. Il n’est jamais allé dans les boîtes de nuit. Sa seule activité a toujours été la politique. Il aime beaucoup les chansons indoues. Il mène une vie simple», note Youssou.

Talla Sylla va déclarer son patrimoine lorsqu’il prendra fonction à la mairie de Thiès.

Marié à une dame vivant aux Usa, Talla est père de 4 enfants: 3 filles et un garçon. Son dernier enfant porte le nom de la mère de Baba Diaw, Itoc, son ami commun avec Idrissa Seck.

Talla Sylla est originaire de Djelerlou Sylla dans la région de Louga où il va en pèlerinage chaque année. Orphelin de père à l’âge de 5 ans, Talla Sylla vient de découvrir après plusieurs années de recherche le tombeau de son père Ndiaga Sylla, enterré au cimetière de Pikine.

OUSSEYNOU MASSERIGNE GUEYE

LOBS

2 Commentaires

  1. Cette nouvelle fonction me permettra de juger cet homme qualifié souvent de sérieux, honnête etc. J’aimerai bien Inchalah lui offrir ma voix s’il présente sa candidature aux prochaine élections présidentielle. Mais avant cela, faudra montrer ses preuves en tant que Maire M. Sylla. Qu’Allah vous assiste et vous épargne de tout « ndiouth ndiath » .

  2. Il va démissionner avant la moitié de son mandat. Il fuit chaque fois devant ses responsabilités. ce n’est pas la première fois qu’il a un mandat électif, mais à chaque fois il démissionne. Si Benoit Sambou, Moussa Tine et Mously Diakhaté sont connus aujourd’hui, c’est qu’il n’a jamais voulu assumé son mandat de député.

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