Témoignages de Mamadou Seck, Balla Dièye, Noël Deconinck… : Karim mouillé à petites gouttes

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Le prévenu Karim Wade n’a pas été chanceux hier. L’ancien ministre Mamadou Seck, le directeur de la sûreté Cheikh Ndiaye, le superviseur de passagers et enregistrements Balla Dièye, le cadre de Menzies Noël Louis José Deconinck l’ont mouillé à des degrés différents. Selon eux, Wade-fils, Mamadou Pouye et Bibo Bourgi ont été dans toutes les procédures et activités de Ahs qui opère à l’aéroport de Dakar.

Mamadou Seck : «Karim Wade m’a présenté Pouye et Elimanel Diop»La main de Karim Wade a circulé partout. Ses «amis d’enfance» se passaient pour Albert Paye (Mamadou Pouye) et Abraham Rosental (Bibo Bourgi) pour mener des affaires à l’aéroport de Dakar. Dans les couloirs de Ahs Sénégal, ils étaient respectivement appelés Hq2 et Hq1. A la fin de l’année 2002, le conseiller spécial de son père, président de la République, a agi auprès de Mamadou Seck, pour le compte de ses «amis». «Quand je suis revenu au gouvernement en novembre 2002 comme ministre en charge des Transports aériens, Karim Wade m’a appelé pour me dire qu’il souhaitait passer me voir  pour me présenter des amis à lui. Il m’a dit que ce sont des amis d’enfance qui ont créé une société de handling», a rapporté hier l’ancien ministre devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Le témoin n’a pas hésité à donner une suite à la demande de Wade-fils. Il prend même l’initiative. «Comme je n’habitais pas loin de chez lui, je lui ai dit que je rentre du bureau à 20h. J’avais donné des rendez-vous à la maison. Par discrétion, je préférais passer chez lui au Point E. Ce que j’ai fait. Il m’a présenté Elimanel Diop comme directeur général de Ahs et Mamadou Pouye comme conseiller de l’entreprise. Et il m’a demandé de les aider. J’ai immédiatement appelé la directrice de l’Aviation civile (Aminatou Diop Sall) pour lui demander de les recevoir», avoue l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Interrogation sur le limogeage de la directrice de l’Aviation civile Toutefois, malgré sa position de ministre de tutelle, il n’a jamais voulu violer la procédure en vigueur, selon ses témoignages. «Je n’ai jamais voulu aider en tordant le coup à la loi et aux règlements… Il voulait avoir un agrément. En réunion de coordination, la directrice de l’Aviation civile m’a dit qu’il y a un nom bizarre qui fait qu’elle n’a pas donné l’agrément. Après, elle a reçu le directeur général Elimanel Diop. Elle m’a transmis un dossier en bonne et due forme. J’ai signé l’agrément», assume-t-il. Finalement, la directrice de l’Aviation civile, Aminata Diop Sall, a été limogée. «Pour quelles raisons ?», a insisté la Crei ? Son ministre de tutelle n’a pas souhaité revenir hier sur les motifs de sa révocation «mais qui n’ont rien avoir avec Ahs». Mme Sall avait déclaré aux juges d’instruction qu’elle avait reçu des pressions par rapport à la demande d’agrément de Ahs. Cette société avait trouvé sur la plateforme aéroportuaire, Shs (Senegal handling services). La nouvelle concurrente lui disputait les équipements et les bureaux. Le ministre des Transports reconnaît qu’il était intervenu, «à la suite d’une réunion avec toutes les parties», pour que Ahs accède à des locaux (anciennement occupés par Air Afrique). En plus, l’entreprise des «amis d’enfance» a joui des installations uniques grâce à une exploitation rotative par les deux concurrentes.

Balla Dièye :
«La venue de Karim Wade à Malabo»Dans son expansion, Ahs s’est installée à l’aéroport de Malabo (Guinée Equatoriale). Ce faisant, des agents quittaient Dakar pour servir ailleurs. C’était le cas de Balla Dièye qui a été convoqué hier en qualité de témoin. Ce superviseur de «passage-enregistrements» a pris sa retraite à l’aéroport de Malabo après y avoir effectué deux missions. M. Dièye est largement revenu sur certains curieux traitements réservés par la direction de Ahs Malabo. «On nous demandait de ne pas faire le traitement de Mamadou Pouye et un certain Abraham. Le directeur nous demandait souvent de confirmer si les deux étaient dans l’avion Air France en destination de Malabo. Il donnait les deux noms pour qu’on lui confirme que s’ils sont dans  l’avion de départ de Paris, s’ils ont été bien enregistrés. On nous demandait de ne pas faire l’enregistrement, ni pour le départ, ni pour l’arrivée de ces deux là. Une fois, on est allés jusqu’à dire qu’on ne veut pas nous sentir lorsque ces deux là arrivent. C’était la consigne. Je n’ai jamais touché aux passeports de ces deux-là», raconte-t-il. De ce fait, le superviseur dit n’avoir jamais vu l’ancien ministre d’Etat en sol équato-guinéenne. «A chaque fois que Karim Wade devait venir à Malabo, la direction nous confinait dans nos bureaux. Il paraîtrait qu’il est venu à Malabo par vol spécial. Un jour, j’ai appris de mon supérieur, Serge, le directeur, qu’il devait venir. Il m’a demandé de vérifier si le nom de Karim figure sur le vol d’Air France. Il n’y était pas. Deux jours après, il m’a confirmé qu’il devait venir par vol spécial. Est-ce qu’il est venu ou pas ? Je ne sais pas», s’explique-t-il.

Noël Deconinck :
«Menzies n’est pas actionnaire de Ahs»Le prête-nom supposé de Karim Wade a soutenu mordicus qu’il était actionnaire de Menzies Afrique qui détient une bonne partie des actions de Ahs, jeudi dernier. Par conséquent, il était dans cette société de handling comme un «père de famille». Ces dires ont été infirmés par Noël Deconinck, ancien directeur des opérations mis à la disposition de Ahs. «Menzies n’y était pas actionnaire. Ahs était créée bien avant le partenariat. Elle avait une collaboration commerciale et technique avec Menzies. J’y étais en tant que directeur des opérations. Mon salaire était payé par Menzies. Toutes les autres Menzies ont été créées par Ahs Sénégal», soutient le témoin d’origine belge. L’expert en aéronautique a rencontré l’ancien ministre d’Etat dans un autre cadre. «Je ne connaissais pas Karim Wade mais les trois autres qui sont Mamadou Pouye, Bibo Bourgi et le directeur général Elimanel Diop. Mamadou Pouye s’appelait Albert Paye et gérait l’entreprise. J’ai rencontré Karim Wade lors d’un déjeuner à la Pointe des Almadies. Il était avec Mamadou Pouye et leurs épouses», se souvient-il. Par ail­leurs, M. Deconinck s’est vu proposé d’autres moyens de prendre langue par M. Wade. «La comptable Ma­dame Ndiaye Samb m’avait dit qu’elle avait un accès direct à Karim Wade si jamais j’ai besoin de quelque chose. Je n’ai jamais utilisé ce canal», déclare-t-il. Son collègue de la boîte, Cheikh Ahmed Tidiane Ndiaye, directeur de la sûreté de Ahs a insisté sur l’omniprésence de Mamadou Pouye sous le code Hq2. Ce témoin, impliqué dans l’implantation de Ahs en Guinée Bissau, au Niger, au Ghana et en Centrafrique, a rapporté des confidences de ses supérieurs sur la présence plus ou moins indirecte de Karim Wade dans les affaires de Ahs.

Le Quotidien

4 Commentaires

  1. Trois ans d’accusations et d’enquêtes, avec la presse des 100 et tous les moyens d’un état.
    Trois ans qui nous les font voir passer d’une conférence de presse d’accusation de 700 milliards à une accusation sans conférence de presse de 117 milliards.
    Trois ans qui nous les font voir incapables de nous fournir la moindre pièce à conviction, pas de relevés d’un compte de Karim à milliards, pas un quelconque document bancaire, par l’écrit ou l’enregistrement d’un responsable de ces banques, pas une attestation de virement, rien.
    Trois ans qui nous installent dans la certitude que nous aurons un procès à « paroles à conviction » en lieu et place des pièces à conviction.
    Et quelles paroles ? Des témoins réunis, ceux qui disent que Karim n’a rien fait sont menacés par le président qui est dit neutre. Les autres qui disent que Karim a fait, qui sont-ils ? La CREI dit que telle société appartient à Karim, avec sa force, elle saisit ses sociétés et choisit des administrateurs provisoires pour ces sociétés, et nous présente ces administrateurs provisoires comme témoins qui viennent dire que Karim est bien le responsable. Des témoins qui sont des employés du tribunal qui les fait témoigner (C T Ndiaye, Mamadou Diop, Eli Manel Diop). Dans le Sénégal de Macky, on a certes compris que les choses vont à l’envers, certains l’ont presque accepté. Un cœur est devenu une institution. Mais alors, que ces témoins de la justice de Macky (qui ne peuvent être témoins nul part au monde) tiennent quand même un langage cohérent avec les faits.
    Cheikh Tidjane Ndiaye dit qu’il n’est pas actionnaire, que c’est un bien de Karim Wade. La justice sénégalaise avait enregistré sa plainte avant ce procès, une plainte où il réclame des actions à Vieux Aïdara. On lui présente une lettre qu’il a écrite et signée pour proposer la vente de ses actions, avant ce procès. Sa seule parole, aujourd’hui, contre sa parole d’hier et des documents qui le contredisent.
    Et aujourd’hui, un juge et un pool d’avocats osent nous dire qu’ils tiennent la vérité, au regard de tout ce que nous avons vu durant ces trois ans, sur la base de ces « témoignages »-ci.
    Moi, je pense que ces gens là on une petite idée de nous.

  2. Karim Wade m’a présenté Pouye et Elimanel Diop»La main de Karim Wade a circulé partout. Ses «amis d’enfance» se passaient pour Albert Paye (Mamadou Pouye) et Abraham Rosental (Bibo Bourgi) pour mener des affaires à l’aéroport de Dakar. Dans les couloirs de Ahs Sénégal, ils étaient respectivement appelés Hq2 et Hq1. A la fin de l’année 2002, le conseiller spécial de son père, président de la République, a agi auprès de Mamadou Seck, pour le compte de ses «amis». «Quand je suis revenu au gouvernement en novembre 2002 comme ministre en charge des Transports aériens, Karim Wade m’a appelé pour me dire qu’il souhaitait passer me voir pour me présenter des amis à lui. Il m’a dit que ce sont des amis d’enfance qui ont créé une société de handling», a rapporté hier l’ancien ministre devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Le témoin n’a pas hésité à donner une suite à la demande de Wade-fils. Il prend même l’initiative. «Comme je n’habitais pas loin de chez lui, je lui ai dit que je rentre du bureau à 20h. J’avais donné des rendez-vous à la maison. Par discrétion, je préférais passer chez lui au Point E. Ce que j’ai fait. Il m’a présenté Elimanel Diop comme directeur général de Ahs et Mamadou Pouye comme conseiller de l’entreprise. Et il m’a demandé de les aider. J’ai immédiatement appelé la directrice de l’Aviation civile (Aminatou Diop Sall) pour lui demander de les recevoir», avoue l’ancien président de l’Assemblée nationale ».

    « Le fait d’avoir obtempéré aux demandes de Karim qui n’était ni le patron du Ministre, encore moins son maitre est déjà en soi assez curieux !

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