TÉMOIN D’HISTOIRE : La répression de décembre 1963 (Par Khadim Ndiaye)

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XALIMANEWS- Il est de coutume de se souvenir chaque 1er décembre du Massacre de Thiaroye de 1944. L’armée coloniale avait sans ménagement ouvert le feu sur des tirailleurs sénégalais. Justice n’est toujours pas faite. Lire d’ailleurs à ce propos la lettre de #BiramSenghor, petit-fils de tirailleur, adressée le 14 octobre dernier aux président de la France et du Sénégal pour l’exhumation des corps des victimes. Une pétition est en cours.
https://bit.ly/2LcvfGx

Ce 1er décembre, on se souvient également de la répression de 1963.

Cette répression a eu lieu exactement à la suite des élections législatives et de la présidentielle du 1er décembre 1963 au Sénégal.

Senghor gagna avec 100% des suffrages. Un score à la soviétique comme on dit. Mais il était seul, les autres partis ayant boycotté.

Évidemment, c’était un simulacre d’élection. Elle va donc être fortement contestée par l’opposition, par les étudiants et une bonne frange de la population.

On parle de 40 morts officiellement. Mais certains documents font état de 100 morts, un peu plus de 200 blessés et 500 arrestations.

Des manifestations eurent lieu un peu partout. À la suite des événements, un marabout, El Hadj Ahmed Seydou Ba, est assigné à résidence à Médina Gounass. Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum, adversaire de Senghor, est emprisonné et la manifestation pour sa libération réprimée.

Senghor procédera à la liquidation de quelques membres gênants de son parti, divisa l’opposition puis les syndicats, en créant d’autres structures syndicales.

Quelques mois plus tard, le journal étudiant, « L’Étudiant Sénégalais », produit par l’AESF (Association des Étudiants Sénégalais de France) est interdit par arrêté du 28 août 1964 signé par le ministre de l’intérieur et par Abdou Diouf alors Secrétaire général à la Présidence.

Fait curieux à noter ici : Abdou Diouf a été auparavant le vice-président aux relations extérieures de l’AESF.

Cette répression était unique par son ampleur. Pour la première fois, on utilisa un hélicoptère pour envoyer des lacrymogènes aux étudiants. La France apporta son aide logistique pour mater les manifestants.

Des maisons de membres de l’opposition furent saccagées, leurs voitures brûlées.

Cette page de l’histoire n’est pas très bien connue. Elle a été gommée de la mémoire nationale.

Elle est pourtant cruciale pour comprendre ce qui va se passer par la suite. Avec l’événement de 62, elle déterminera ce que sera le futur avec les régimes ultérieurs : répression des étudiants, division de l’opposition, infiltration des syndicats, hyperprésidence, etc.

Cette répression montre qu’il ne faut jamais laisser des aventuriers politiques revenir sur des consensus et des acquis démocratiques.

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