Tendances récentes de l’économie nationale: l’alternance * coule le Sénégal

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Si on observe les courbes d’évolution du secteur global de l’économie nationale, on constate une dégringolade de tous les indicateurs. Le chômage qui se situe à 48% de l’ensemble de la population active, la croissance qui oscille entre 1,5 et 3% entre 2005 et 2011, amènent certains spécialistes à dire que l’Alternance n’a pas encore fini de couler le pays. Ce coulage systématique qui procède de mauvaises politiques économiques concerne tous les secteurs de la vie économique nationale. Ainsi, le revenu par habitant au Sénégal est particulièrement faible se situant largement en deçà de ceux du Cap vert et du Maroc lesquels sont deux fois moins importants que celui de la Tunisie. Il est également à noter que les performances en matière d’emploi et d’alphabétisation restent très préoccupantes au regard de celles des pays tels que le Cap-Vert ou le Ghana. La photocopie de l’économie sénégalaise que notre journal vous propose à l’occasion de la célébration du onzième anniversaire de l’alternance est l’œuvre de l’économiste sénégalais Mame Birame Diouf qui a accepté de mettre à notre disposition quelques résultats de ses travaux aux fins de publication dans la Gazette.

Le Sénégal est classé parmi les pays les moins avancés dans le monde dont le produit intérieur brut (PIB) par habitant est évalué à 1600 dollars US. Sa population s’élève à 11,5 millions d’habitants dont les 54% vivent en dessous du seuil de la pauvreté, tandis que 57% sont analphabètes.

Ces indicateurs montrent que le Sénégal se trouve dans une position peu propice à l’atteinte des OMD qui se fixe comme objectif la réduction de moitié de la pauvreté à l’horizon 2015. S’agissant du taux de croissance économique, son évolution témoigne d’une tendance régulière à la baisse depuis 2003 (voir graphique 1). En 2000, alors que l’Alternance prenait les rênes du pouvoir, le taux de croissance de l’économie nationale était de 3,2%. Le Sénégal venait de sortir d’une longue période de récession économique et avait commencé à enregistrer de façon constante des taux de croissance positifs. En 2001, l’Alternance avait réussi à améliorer le taux de croissance de l’année précédente en le portant à 4,6%. L’année suivante(2002), ce taux dégringole à 0,7%. Après cette dégringolade, le taux de croissance s’est nettement amélioré entre 2003 et 2005. Il a oscillé (2003 : 6,7%) (2004 : 5,8%) (2005 : 5,3%). La chute a repris en 2006 avec 2,4% pour remonter en 2007 à 4,7% avant de tomber à nouveau en 2008 2,5%. Cette tendance baissière a été confirmée en 2009 avec un taux de croissance de 1,5%. Le yoyo constant entre augmentation et baisse du taux de croissance traduit l’incapacité des autorités à maintenir une dynamique de constance capable de sortir le pays de la pauvreté et du sous-développement endémique. En comparaison avec les années précédant l’Alternance, on constate une augmentation constante du taux de croissance entre 1995 (5,4%) et 2000 (6,3%).

En guise de comparaison le taux de croissance moyen sur la période 2001-2009 est inférieur de près d’un point de pourcentage à celui de la période post dévaluation (1995-2000). Dans ces conditions et au regard de l’environnement économique, l’ambitieux programme du gouvernement en matière de croissance accélérée paraît peu crédible. Pour rappel, la Stratégie de croissance accélérée (Sca) dont le premier plan d’action s’étale sur la période 2007-2010, s’est fixé pour objectif d’atteindre un taux de croissance d’au moins 7 %, sur une longue période afin de réduire significativement la pauvreté. Pour comprendre les contreperformances de l’économie en termes de croissance, il est important de voir de plus près l’évolution de la croissance de quelques composantes du PIB. En particulier le secteur industriel – considéré comme le moteur de l’économie – tarde toujours à décoller affichant un taux de croissance moyen très faible. Pire, son taux de croissance est négatif au cours des deux dernières années. Le secteur agricole quant à lui, connaît d’importantes fluctuations surtout depuis les années 2000. Ce qui témoigne le manque de maîtrise et l’absence de cohérence dans la formulation des politiques agricoles. Le secteur tertiaire (commerce, transport, service, télécom etc.) est celui qui soutient la croissance économique au Sénégal. Cependant, il n’a pas connu de développement fulgurant comme en témoigne son évolution. L’analyse économique montre que ce secteur est sensiblement lié aux activités d’importation.

Le secteur industriel comprend les activités extractives. Les contreperformances des secteurs agricole et industriel se sont traduites par la baisse de leur poids dans l’activité entre les périodes 1995-2000 et 2001-2005 (voir tableau 2). En effet, les poids de l’agriculture et de l’industrie ont connu des replis respectifs de 1,5 à 0,5 point de pourcentage entre la période post dévaluation et la période 2001-2005. En dépit des nombreuses annonces faites sur les plans Reva, la Goana et de l’autosatisfaction affichée, on constate que le secteur agricole sénégalais est loin de constituer un pilier de croissance pour notre pays. Le repli de ce secteur dans la production nationale est catastrophique à tous points de vue.

Les capacités productives du Sénégal étant limitées, le solde commercial défini comme la différence entre les importations et les exportations ne cesse de s’alourdir atteignant plus de 1000 milliards de FCFA, depuis l’année 2007.

Sur le plan des finances publiques, il y a lieu de distinguer les concepts de budget, recettes et dépenses. Le budget correspond d’une part aux prévisions de dépenses – inscrites dans la loi de finance soumise au Parlement – que l’Etat doit effectuer au cours d’une année dans le but d’accomplir sa mission de pourvoyeur de services publics, et d’autre part aux ressources anticipées pour la couverture des dites dépenses. Il n’est à ce titre que prévisionnel et peut être réévalué à tout moment de l’année par une loi de finance rectificative. Il convient alors de distinguer ces éléments du budget de leur réalisation effective (dépenses et recettes) dont le montant ne peut être connu qu’au terme de l’exercice budgétaire. Comme le montre le graphique 3, les ressources de l’Etat ont crû de manière régulière depuis les années 90, il n’y a pas eu de rupture constatée à partir des années 2000. En revanche, on assiste à un décrochage des dépenses par rapport aux recettes sur la même période. La pression à la hausse sur les dépenses publiques traduit une mauvaise conception du budget qui privilégie des dépenses à outrance sans se soucier des moyens internes de leur financement. On constate que depuis 2000, il ya une forte tendance à privilégier les dépenses de prestige, alors que celles concernant l’investissement sont en baisse régulière.

Mame Birame DIOUF, Economiste

lagazette.sn

 

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