Théâtre sénégalais : Quand les séries télévisées tuent à petit feu le spectacle scénique

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En prélude à la célébration de la Journée internationale du théâtre, prévue ce lundi 27 mars, le Centre culturel Blaise Senghor a abrité, hier, une table ronde sur le thème : « Des planches aux séries télévisées : parcours atypique du théâtre sénégalais ». Ce moment de réflexion a été une occasion pour les acteurs d’attirer l’attention sur la déliquescence du spectacle sur scène au profit des séries télévisées.

Fini le temps où le Théâtre national Daniel Sorano faisait courir les amoureux du quatrième art. La montée en puissance de séries télévisées, ces dernières années, a voué aux gémonies le spectacle sur scène au grand dam des artistes comédiens. Un vent nouveau a fini d’emporter une partie du pouvoir des planches. L’avènement des séries télévisées dans notre pays a ainsi sonné le glas à un art « total » tant du point de vue des rudiments que sur le plan des dispositions techniques.

Pour l’artiste comédien Ibrahima Mbaye Sopé, qui prenait part à la table ronde sur le thème : « Des planches aux séries télévisées : parcours atypique du théâtre Sénégalais », organisée en prélude à la célébration de la Journée international du théâtre, la télévision a « déjà tué » le théâtre tel que conçu par les Sénégalais. Les artistes des planches perdent leur popularité au profit d’un nouveau type de comédien fabriqué à l’aide de la magie du petit écran. Pour montrer l’ampleur du pouvoir des séries télévisées au Sénégal depuis ces trois dernières années, il a cité un travail qu’il a réalisé, il y a deux ans, et qui a porté sur 18 sketches « Ndogou » produits tous pendant la période du Ramadan.

Nouveau type de comédien
« Les gens pensent que le théâtre sur scène est un produit de luxe. Pour le faire, il faut aller à Sorano et payer un ticket. En plus, ils croient que ce qu’ils cherchent à Sorano, ils l’ont déjà chez eux. A mon avis, c’est ce qui a contribué à tuer le théâtre », a-t-il laissé entendre. Selon lui, la production de séries télévisées est devenue actuellement un business.

« Auparavant, les séries du mardi ne duraient qu’une heure, avec pratiquement un seul sponsor. Mais, aujourd’hui, elles ont gagné en maturité, en sponsoring et en mode de marketing. Le monde a changé, les gens n’ont plus le temps de rester des heures et des heures à consommer un produit », a soutenu M. Mbaye. La déliquescence du théâtre sénégalais est liée également à une sous-représentation des productions scéniques, contrairement à certains pays où un spectacle peut être joué plusieurs fois dans le même endroit. C’est d’ailleurs, cette situation qui pousse les artistes comédiens à se ruer vers les télévisions pour des raisons économiques. « Au Sénégal, on fait une création avec 6 mois de répétition qui n’est montré qu’une fois et c’est fini. Par contre, en Europe, une création peut être présentée sur 30 ou 50 dates dans une seule salle de théâtre. Chaque spectacle est comptabilisé et c’est ce qui fait vivre les comédiens », a souligné Ibrahima Mbaye Sopé.

Dans le même ordre d’idées, le comédien Leyti Fall a parlé de l’éclosion d’un nouveau type de comédien au sein de ces séries télévisées, non sans insister sur la nécessité d’apprendre certains rudiments du métier. De son côté, le producteur Oumar Sall est revenu sur le lien entre le cinéma et le théâtre. A son avis, le quatrième art est l’épine dorsale du cinéma. Pour preuve, a-t-il ajouté, le théâtre avec ses comédiens a joué un rôle déterminant dans le succès du film « Félicité » d’Alain Gomis qu’il a lui-même produit. Ce faisant, M. Sall a invité les acteurs à mener le combat de la structuration du secteur pour arriver à créer un modèle économique durable.

Ibrahima BA

lesoleil.sn

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