Traitement timore de l’information politique dans les medias: Le manque de culture générale et l’esprit vengeur indexés

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La Journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée hier mardi 3 mai sous le thème « Les médias du 21ème siècle : nouvelles frontières, nouveaux obstacles ». A cette occasion, le Synpics (Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal), a convié les acteurs à une réflexion autour du thème « De la nécessité d’un traitement équilibré de l’information politique dans les médias sénégalais ». Il ressort de cette rencontre tenue au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) que le traitement de l’information politique au Sénégal est timoré.

Pour la troisième année consécutive, le bureau exécutif national (Ben) du Synpics a célébré la Journée mondiale de la liberté de la presse en se démarquant de manière autonome du thème générique de l’Unesco « Les médias du 21ème siècle : nouvelles frontières, nouveaux obstacles » pour choisir son propre thème, inspiré de notre propre problème, « De la nécessité d’un traitement équilibré de l’information politique dans les médias sénégalais ».

S’exprimant lors de la cérémonie d’ouverture, Mme Eugènie Rokhaya Aw, Directrice du Cesti a noté que « le traitement de l’information politique dans nos médias est un peu timoré“ avant de relever un “problème de culture générale ». En atteste, durant les six derniers mois, l’actualité politique a été très fournie, mais les journalistes ont toujours recours à des dépêches des grandes agences de presse internationales (Afp, Reuters, etc.), sous prétexte qu’il faut faire de l’information rapide. Et, cela s’est répété aussi tout récemment avec la mort de Ben Laden.

Selon la Directrice du Cesti, cela s’explique par un manque de culture générale en ce sens que les journalistes ne lisent pas. Il y a également le fait que « beaucoup de journalistes ont une âme vengeur, chevalier de l’ordre, ce qui fait qu’ils n’expliquent pas. Parce qu’ils sont vengeurs, ils sont des vengeurs pour le Sénégal. Or, être journaliste, c’est l’être pour le Sénégal, l’Afrique, l’internationale. Et on a les moyens et les capacités pour faire de l’information politique internationale » a-t-elle reconnu avant de faire un distingo entre “l’information politique et l’information politicienne“.

Pour Cheikh Thiam, président du Cored (Conseil pour le respect de l’éthique et de la déontologie), par ailleurs Directeur du quotidien national « Le Soleil », l’un des panélistes, « le journaliste doit faire sien les principes de professionnalisme ; rigueur, humilité et honnêteté. Cela doit guider, éclairer ses actes de tous les jours ».

Il y va de « sa crédibilité » car « quant le journaliste n’est plus crédible, il doit déchirer sa carte de presse. Nous ne sommes pas plus intelligents, ni plus sourcés, ou plus cultivés que les autres. Mais, nous avons la chance d’écrire et d’être lus par des millions de personnes ».

A l’en croire, le thème appelle à une introspection pour le traitement équilibré de l’information politique quelque soit le type de média. A son avis, le journaliste est témoin de conflits d’intérêts entre les détenteurs du pouvoir qui l’exercent et cherchent à le conserver et l’opposition qui convoite ce pouvoir. C’est pourquoi « il doit suivre un impératif, être à équidistance des conflits d’intérêt, éviter la prise de position » car le métier la lui interdit. Ce qui lui permettrait d’éviter d’être manipulé.

Et d’ajouter que dans tous les pays du monde, il n’est pas interdit au journaliste de donner son opinion. Toutefois, il ne doit pas prendre position et cette opinion doit être dissociée des faits qui sont relatés sans commentaire. Et, seule la presse anglo-saxonne est respectueuse de ce traitement équilibré avec une nette différence entre faits et commentaires.

Diatou Cissé Badiane, Secrétaire général du Synpics a indiqué les médias publics sont des appareils idéologiques de l’Etat. De même, dans les médias privés, on a une propension d’être opposant. D’où l’intérêt de cette manifestation symbolique, ce débat pour trouver le juste milieu.

Cependant, la Secrétaire général du Synpics s’est réjouie du fait que la presse est l’une des corporations les plus honnêtes du Sénégal ; qui reconnaît ses forces et faiblesses, ses tares et appelle à la discussion pour trouver des solutions.

Elle a expliqué le choix du thème par le fait que c’est le dernier rendez-vous de débat (dans le cadre de la Journée mondiale de la presse) avant la présidentielle de 2012. Il y a également la prédominance de l’information politique dans la production médiatique nationale. Pour Diatou Cissé Badiane, ce démarquage par rapport au thème de l’Unesco « est un acte responsable ».

Gabriel Baglo, représentant de la Fij Afrique (Fédération internationale des journalistes) a modéré le débat auquel a pris part le Forum civil dont la représentante a salué la l’adoption par le Sénégal d’une loi d’accès à l’information.

sudonline.sn

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