Transfèrement, Grâce présidentielle ou libération conditionnelle ?

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Le cas de la sortie de Reubeuss de M. Karim Wade anime décidément tous les débats, partout au Sénégal. Les gens se demandent, à juste raison, si cette « sortie » de prison est assortie d’une grâce présidentielle, comme tente de le faire croire la thèse officielle ; d’un transfèrement ou d’une libération conditionnelle ?

La thèse officielle de « Grâce présidentielle » est difficilement acceptable, à cause du mauvais casting, mis en avant par l’Etat. Elle suscite beaucoup de points d’interrogation : A-t-on besoin de libérer un prisonnier à 1h30 du matin ? Que faisait l’Administration pénitentiaire chez Me Madické Niang, où Karim Wade devait recevoir Serigne Moustapha Mbacké, fils aîné du Khalife général des Mourides ? Pourquoi un Procureur général pour accompagner Karim à Qatar ? Qu’est-ce qui empêcherait Karim Wade de se rendre à Touba, comme il avait toujours formulé le voeu ? Pourquoi depuis Qatar, Karim n’a-t-il pas pu se rendre auprès de ses filles et ses parents, dont l’âge avancé aurait été invoqué pour justifier une hypothétique thèse humanitaire ?

Autant de questions qui montrent que, dans cette affaire, on nous aurait tout dit, sauf la vérité ! Ce qui s’est passé le 24 juin 2016 à la prison de Reubeuss ressemble beaucoup plus à un transfèrement ou tout au plus à une libération conditionnelle. Il est regrettable que nos hommes politiques continuent à nous traiter comme des mineurs, incapables à appréhender la vérité…Ignorent-ils, eux-mêmes, que les technologies de l’information, sont telles qu’il devient de plus en plus difficile voire impossible de dissimuler la vérité. Elle finit toujours par jaillir et se savoir.

« Les regrets » qui émaillent le message fleuve de Karim Wade à ses souteneurs, sont assez édifiants pour nous renseigner sur les conditions de privation de libertés qui l’empêchent de faire ce qu’il aurait voulu faire. Un quotidien de la place a titré ce matin :« La grosse colère de Me Wade » qui réfute la thèse humanitaire et juge les motifs officiels de « la grâce présidentielle » « fallacieux »…Mieux il dit plus loin : « Macky Sall n’a qu’à dire à ses compatriotes les véritables raisons qui l’ont amené à ordonner l’élargissement de Karim », avant de conclure : « Dieu est le meilleur juge » !

Certains tentent fébrilement et sans conviction, de récuser la thèse d’un « deal », mais cela est rendu, d’autant plus difficile, par le discours obscurantiste, tenu par les défenseurs de la thèse contraire… Un simple coup d’œil sur  le Cv du fameux procureur général Dr Ali Bin Fetais Al-Marri, nous renseigne sur ce que serait le contenu de « l’entente cordiale ». Voilà ce qu’on dit du fameux médiateur ou garant, présenté officieusement, comme étant l’ami de M. Karim Wade : « Dr Al Bin Fetais Al Marri, de nationalité qatarie est diplômé de la Sorbonne. Il parle aussi bien le français, l’arabe que l’anglais. Nommé procureur général de l’Etat du Qatar, Il est également avocat spécialisé ders Nations Unies pour la lutte anticorruption. Il a déjà officié comme avocat régional spécial de l’ONUDC sur le recouvrement des avoirs en 2012. Tout au long de sa nomination, M. Al Marri a été un ardent défenseur de recouvrement des avoirs dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA). Il a joué un rôle important dans la récupération de 28,8 millions de dollars du Liban vers la Tunisie. Son travail de sensibilisation à l’échelle régionale et internationale a conduit également à la sensibilisation et formation de partenariats aux niveaux politiques les plus élevés, y compris au sein du G8 et de la Ligue des États Arabes, pour la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC).La CNUCC est le premier instrument de lutte contre la corruption mondial juridiquement contraignant. Il oblige les États à prévenir et à incriminer la corruption, de promouvoir la coopération internationale, récupérer les avoirs volés et améliorer l’assistance technique et l’échange d’informations. Il était déjà venu au Sénégal pour la mise en place d’un centre régional pour la lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest, qui sera, probablement, abrité par  Dakar ».

Dans le texte de la « Grâce présidentielle », on a tenu à clarifier que cette  « Grâce ne concerne pas les sanctions pécuniaires qui frappent les bénéficiaires », comme pour rappeler que l’argent reste le nœud gordien dans cette nébuleuse.

Si l’apaisement est souhaité par tout le monde, les Sénégalais voudraient également qu’on leur tienne un langage de vérité et que nos Autorités adoptent enfin, une démarche transparente notamment lors  qu’il s’agit des affaires publiques.

Cette « Grâce présidentielle », cousue de fil blanc, risque de nous révéler bien d’autres secrets, d’ici peu de temps. Il importe cependant de souligner, qu’il serait totalement exclu, dans un tel scénario, qui se déroule entre des institutions de haut niveau, que la ville sainte de Touba, puisse y avoir un quelconque rôle à jouer.

En attendant adoptons la posture d’un spectateur patient, car, comme disent les Wolofs :« Seetaana daxx ci ndaje » ou (Wait and see) !

 

 

M. Bamba Ndiaye

Ancien Ministre des Affaires Religieuses

Contacts : 77 545 85 59

[email protected]

1 COMMENTAIRE

  1. DEAL OU PAS, IL FAUT AMNISTIER KARIM WADE AU NOM DE L’ÉQUITÉ ET SUPPRIMER LA COUR DE RÉPRESSION DE L’ENRICHISSEMENT ILLICITE (CREI) !!! Personnellement, je me réjouis de la grâce accordée au fils de l’Ancien Président – qu’il y’ait deal ou pas – et pense qu’il faut nécessairement aller beaucoup plus loin, et donc vers l’amnistie et la suppression de la CREI ; oui tel devrait être l’aboutissement de ‘’la traque ultra sélective des biens supposés mal acquis’’ entreprise par le pouvoir.
    Oui, sans préjuger de la culpabilité ou non de Karim Wade et compagnie, il est devenu évident pour tous que la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) est instrumentalisée. Il est d’ailleurs très étonnant qu’une telle cour de justice, manifestement inique et liberticide, car se fondant sur le renversement de la charge de la preuve, soit ressuscitée dans notre pays qui dispose pourtant de juridictions et de corps de contrôle qui devraient pouvoir prendre en charge toutes nos préoccupations, en ce qui concerne la bonne gouvernance. En vérité, l’Exécutif a profité de l’euphorie de la victoire pour faire passer son plan machiavélique, dont le seul but était de régler des comptes politiques et de tenir en respect, tant les alliés que les opposants.
    Ainsi, cette traque des biens supposés mal acquis s’est révélée n’être qu’une escroquerie politico-judiciaire ; et de plus en plus de compatriotes épris de paix et de justice découvrent avec beaucoup d’amertume qu’ils ont été abusés, et restent convaincus qu’un tel ‘’maquis juridique’’ n’a plus sa place dans le contexte démocratique actuel et d’harmonisation des droits et qu’elle ne pourra jamais garantir un procès juste et équitable.
    Et plus grave, du fait de l’assistance quasi obligatoire des occidentaux dans cette traque, la plupart de nos dirigeants qui ont des patrimoines en Occident ont véritablement perdu leur indépendance, car pouvant être victimes de chantage – Une autre forme de ‘’néocolonialisme’’ ; une autre version de la ‘’françafrique’’.
    Au demeurant, nous vivons actuellement une crise des valeurs sans précèdent, n’épargnant aucun secteur – et en particulier celui de la justice, comme en témoigne l’imbroglio politico-judiciaire qui s’est installé dans notre pays, depuis la dernière alternance, avec la traque des biens présumés mal acquis par un pouvoir exécutif vraisemblablement revanchard et dont la propreté n’est pourtant guère évidente. …
    https://docs.google.com/document/d/1w6pp6rVXeEPFXMWP224bMrqZ3-wFk1Dwh8w1YNnyc1o/edit?usp=sharing

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