Transhumance, course à la nomination, théâtralisation de la justice : Les Sénégalais ont faim d’espoir

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Alternative à l’alternance, la rupture promise au peuple à l’issue de la dernière présidentielle se heurte aux appétits politiciens; alors que la frontière entre le pouvoir et l’opposition déchue devient de plus en plus ambigüe du fait de la transhumance vers les prairies de la mouvance présidentielle.

Le président de la République qui avait laissé entendre qu’il mettait la patrie avant le parti a demandé aux membres de son directoire d’ouvrir les portes à tout le monde, dans le cadre de la massification de son parti.  Abondant dans le même sens, le syndicaliste Youssou Touré, président du Conseil d’administration de la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs), se montre plus tranché. «Il ne faudrait pas qu’on se trompe de cible. Je pense qu’on aura besoin de ceux-là qui viendront du Parti démocratique sénégalais (Pds) ou même de n’importe quel autre horizon pour renforcer notre formation en vue des futures échéances électorales. On ne peut pas compter sur les seuls alliés.  Même si Karim Wade voulait aujourd’hui venir militer à l’Apr, on devrait pouvoir l’accueillir à bras ouverts», déclare Youssou Touré dans «Le Pays».  Une déclaration qui en dit long sur la versatilité de nos hommes politiques. C’est comme si la seule préoccupation des politiciens était la préservation de leur pouvoir. Pour eux l’éthique et la morale, ils semblent n’en avoir cure. Pourtant le président Macky Sall est signataire des Assises nationales.

Assises qui prônent avant tout la réhabilitation des vertus, la moralisation de la vie politique. En ouvrant ses portes aux transhumants, Macky Sall semble vouloir marcher sur les traces de son prédécesseur. En 2000, Wade avait promis de mener des audits sans complaisance et de sanctionner tous ceux qui se seraient rendus coupables de détournements de deniers publics. Après les convocations intempestives à la Division des investigations criminelles des dignitaires socialistes qui venaient fraichement d’être congédié par le peuple, il a fini par faire des audits un instrument de chantage pour neutraliser ses adversaires. Ainsi avait-il fini par mettre les conclusions  sous le boisseau pour ouvrir les portes de son parti à tous les prédateurs dans le seul souci de massifier son parti. Malgré ses millions de militants, d’après les estimations de ses thuriféraires, cela n’a pas empêché 65% des  Sénégalais de  lui  tourner le dos. Seulement nos hommes politiques devraient savoir que la meilleure voie pour massifier leur parti est de travailler pour les masses. Des populations confrontées la cherté de la vie, à la dégradation de leurs structures sanitaires, à la déliquescence de l’école etc.  Les citoyens sont devenus plus exigeants et attendent de leurs dirigeants qu’ils les aident à évoluer et à progresser en prenant des mesures hardies et pérennes.

La faim…

Pourtant Youssou Ndiaye le président du Conseil Constitutionnel d’alors, recevant le serment de Wade le 1er avril 2000 lui avait tenu des propos qui restent toujours d’une brulante actualité.  A cette occasion, Youssou Ndiaye avait dit au président Wade : «Les Sénégalais, depuis plus de deux décennies veulent cesser d’être de courageux affamés d’espoir. Ils souhaitent vivre dans la cohésion, la solidarité, et la fraternité, dans le respect des valeurs de progrès et dans la primauté du droit à travailler. .. L’Etat qui ne répondrait pas à cette attente, à cette angoisse, faillirait gravement à son devoir qui est de donner à chacun un niveau de vie suffisant».

Seulement de courageux affamés d’espoir, les Sénégalais sont en passe de devenir de courageux assoiffés de Justice. En attestent la passion et l’intérêt qu’ils accordent aux audits. Leur souhait est que ces audits se fassent dans les règles de l’art, que les coupables payent et que l’Etat pose des actes forts de sorte que les détournements de deniers publics ne soient plus qu’un mauvais souvenir. Malheureusement la théâtralisation  et les cafouillages notés lors de ces auditions risquent  à la longue de porter un sacré coup à leur crédibilité. Alors que les sommes supposées englouties sont tellement colossales que la sérénité et la rigueur devraient être de mise pour faciliter leur recouvrement et injecter l’argent dans des secteurs prioritaires. Sous Wade, l’intégrité de la Justice a tellement été violée que sa vertu a été souvent été remise à caution. Abdou Latif Coulibaly, ministre de la Bonne Gouvernance a lors d’une sortie récente déploré ce problème. Le président Macky Sall a promis la rupture et cette rupture ne saurait se faire sans une autre manière de procéder. Malheureusement à part des discours de bonne intention, force est de constater que les fruits n’ont pas encore tenu la promesse des fleurs. Et les hommes politiques doivent faire en sorte que leurs actes soient en conformité avec leurs actes. Comme les y invite Jean-Paul Sartre : «Comme les êtres humains sont des êtres libres et indépendants et qu’ils inventent eux-mêmes leurs critères moraux, la seule chose qu’on peut leur demander de faire est d’être loyaux avec leurs propres critères et valeurs.» Source : La Tribune

1 COMMENTAIRE

  1. De tout ce qui est analysé ci-dessus, de manière brillante, je ne retiens que ceci :  » Recevant le serment du Président Abdoulaye W<ade, nouvellement élu , le 1er Avril 2000, monsieur Youssou N'diaye, Président du Conseil Constitutionnel d'alors lui avait tenu des propos qui restent toujours d'une brûlante actualité . Monsieur N'diaye avait dit au Président Wade : " Les Sénégalais, depuis deux décennies………………… L'Etazt qui ne répondrait pas à cette attente, à cette angoisse, faillirait à sa mission, qui est de donner à chacun un niveau de vie suffisant. De ces recommandations Ô combien pretinentes, nous pourrions aussi ajouter quelques questions, à savoir comment un pays qui n'a ni grandes richesses naturelles, autres que l'Agriculture, la Pêche pourrait arriver à ce niveau de satisfaction d'une grange majorité de sa population? Je serais alors tenté de dire : Ne rêvons pas, parce que nous ne prenons pas le chemin d'un développement pouvant assurer à 70% de la population dans les 50 prochaines années. Pour que nous nous nous acheminions vers un développement tangible, il faudrait que ceux qui nous gouvernent aient au moins la lucidité et le courage de tout remettre en question depuis les années soixante, en matière d'éducation générale, de formation techniquedans tous les domaines, dans nos rapports avec les autres peuples, les autres pays donc qui nous vendent leurs produits. Il faudrait alors, qu'un gouvernement ait le courage de dire, nous devons apprendre à faire chez-nous, au moins ce dont nous avons besoin, en demandant aux fabriquants de venir installer des usines qui feraient travailler nos jeunes. Comment comprendre, pour ne citer que cela que les sénégalais soient incapables d'avoir des usines qui mettraient en conserves nos fruits et légumes, au lieu d'importer des boîtes de haricots, de petits pois ou d'autres légumes ? Le Sénégal pourrait envahir le monde de haricots sortis de nos usines, de meubles de qualité faits par nos menuisiers-ébénistes, de vêtements, chemises, costumes faits par nos couturiers si compétents, mais à grande échelle dans des usines de fabrique comme en chine, en Turquie, Maroc ect. Quand je vois nos Ministres Députés dont certains font faire leurs vêtements en Europe je dis que ces gens là n'ont rien compris, et ce sont les mêmes qui disent réfléchir sur le développement et les voies et moyens pour créer des emplois. Si je prends mon cas, pendant plus de trente ans j'ai acheté des chemises, costumes faits par des Européens, jusqu'au jour où j'au vu, dans Dakar un couturier Styliste aussi compétent que les couturiers d'Europe, et depuis ce jour, je ne donne plus un centime pour avoir un vêtement ailleurs qu'à ce couturier dfu nom de M'baye Laye, qui, à lui seul, avec deux cents employés, pourrait concurrencer tous les couturiers d'Italie ou de France, et deux fois moins cher. Nous devons avoir au moins du bon sens pour savoir que dès lors que nous consommons les produits faits par d'autres, nous ne créerons jamais beaucoup d'emplois, c'est une Lapalissade !

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