Traque des biens mal acquis – Robert Bourgi, Macky, Karim et les tractations à Paris

Date:

Le chef de l’Etat avait sollicité la médiation de celui que l’on appelle ‘Monsieur africain’, dans la traque des biens mal acquis. En tout cas, c’est qu’a révélé l’avocat d’affaire, Robert Bourgi. Dans un entretien accordé, à la télévision Voxafrica, Bourgi, l’une des visages les plus officielle de l’officieuse françafrique a informé qu’il «considère toujours Karim comme un neveu. Il a toujours eu beaucoup d’affections pour moi et je me demande où, quand et comment j’ai pu être infidèle en amitié pour Karim. Pendant les 12 ans qu’ils étaient au pouvoir, Karim était le bienvenu dans mon bureau matin, midi, soir. Jusqu’à la fin j’ai été avec lui». Selon lui, quelques jours après l’élection de SMS et sa prestation de serment, le chef de l’Etat sénégalais est allé à Paris rencontrer le président Sarkozy.
«Il y avait déjà des griefs contre Karim au niveau des nouveaux tenants du pouvoir sénégalais. Macky Sall est à Paris et je l’ai rencontré. Il m’a reçu dans son bureau, je conduisais François Fillon. Il m’a dit qu’il a besoin de moi et il m’a demandé de dire à Karim de se mettre en règle avec l’administration sénégalaise, on lui reproche tant de choses, des malversations financières. Je lui ai dit qu’il n’y a pas de problème et je vais demander à Karim de venir me voir», a révélé Bourgi avant de raconter ce qu’il a dit à Karim. «Je lui ai demandé : voilà ce que dit le nouveau président sénégalais, est-ce tu peux te mettre en règle avec le nouveau pouvoir ? On te reproche des tas de malversations, le président est prêt à transiger avec toi. Tu donnes une partie des biens que tu sembles avoir à l’étranger».
A l’en croire, après cette demande, Karim s’est levé et il lui a dit : «Tonton, tu dis au président 0+0 = 0». «Je lui ai dit, je t’en supplie, le pouvoir ne t’appartient plus. Mets-toi en règle. Il te reproche des choses. Vas voir le Président (Ndlr : Macky Sall) et tu te mets d’accord avec lui. Tu as été son ministre», raconte Bourgi tout en relevant que Karim lui a servi la même réponse en répétant : «0+0 = 0». Il ajoute : «Je suis allé voir le Président Macky Sall à son hôtel, je lui ai dit ‘Macky Sall, tu m’as confié une mission, voilà ce qui s’est passé cet après-midi même dans mon bureau’. Et Macky Sall de me dire au moins, il y avait un témoin de notre entretien Robert, c’est François Fillon. J’aimerais bien maintenant que tu dises à Fillon quel est le résultat de la mission que je t’ai confié auprès de Karim». Bourgi note qu’ensuite, «les événements se sont bousculés, Karim a été jugé, condamné. Il est en prison, où est mon infidélité».

Le Populaire

2 Commentaires

  1. 13 septembre 2011 à 00:00

    Blessé d’avoir été mis hors circuit par Sarkozy à la demande de Juppé, l’ancien «Monsieur Afrique» de l’Elysée se lâche.

    Bourgi sonnant et trébuchant
    Robert Bourgi ne dit jamais rien gratuitement. En ouvrant grand les portes de l’arrière-boutique de la Françafrique, cet avocat franco-libanais sait pertinemment qu’il vient de brûler ses vaisseaux. «Il perd sur tous les tableaux, s’inquiète l’un de ses amis. Plus aucun chef d’Etat africain ne va vouloir le recevoir et il risque une mise en examen pour son rôle dans les détournements de fonds.» Lui qui a vécu en Côte-d’Ivoire, où il a fréquenté aussi bien Félix Houphouët-Boigny que Laurent Gbagbo, pourrait faire sien ce dicton local : «Cabri mort ne craint pas le couteau.»

    Humiliation. Blessé, à tout le moins, Robert Bourgi l’est profondément. De ces blessures d’amour propre qui font le plus mal. «Il est humilié, car il a été répudié», dit l’un de ses proches, en évoquant l’attitude de l’exécutif à son encontre. En tirant à vue sur Jacques Chirac et Dominique de Villepin dans le Journal du dimanche, l’avocat vise en réalité d’autres cibles. En premier lieu, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui avant de prendre la direction du Quai d’Orsay a exigé et obtenu que le sulfureux intermédiaire soit mis hors circuit. Son prédécesseur, Bernard Kouchner, s’y était essayé. En vain : Bourgi était alors protégé par le puissant secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant.

    En mai, c’est Alain Juppé lui-même qui a biffé le nom de Robert Bourgi sur la liste des invités à la cérémonie d’investiture à Yamoussoukro du président ivoirien, Alassane Ouattara. «Ce dernier était prêt à le recevoir, à la demande de Claude Guéant, mais Juppé a mis son veto», confirme un proche du chef de l’Etat ivoirien. Pour Robert Bourgi, ce fut peut-être l’humiliation de trop. Alors il se venge et dégoupille sa bombinette en révélant au JDD qu’Omar Bongo, le défunt président du Gabon, a payé «entre 1981 et 1992» le loyer du Club 89, dirigé alors par Juppé et installé sur la prestigieuse avenue Montaigne, à Paris. «Les espèces du président gabonais ont fait vivre les permanents pendant des années», lâche Bourgi. S’il chute et se retrouve face aux juges, autant ne pas tomber seul.

    Ce message subliminal, l’Elysée et la Place Beauvau l’ont probablement reçu cinq sur cinq. Car au-delà de Juppé, c’est bien le tandem Sarkozy-Guéant qui a déçu Robert Bourgi. «Il est marginalisé depuis des mois à Paris, dit un bon connaisseur des réseaux déclinants de la Françafrique. Du coup, il disparaît des écrans radars du village franco-africain, et il en est mortifié.»

    Repentance. Sur le continent, Robert Bourgi est en train de perdre pied. Ses proches le lâchent. En Côte-d’Ivoire, Laurent Gbagbo est tombé. Au Gabon, le successeur d’Omar Bongo, son fils Ali, «le reçoit pour éviter d’avoir des problèmes avec lui», dit un initié. L’été dernier, Robert Bourgi, qui est né et a grandi au Sénégal, s’est même brouillé à mort avec le fils du président Abdoulaye Wade, Karim, assurant que ce dernier lui avait téléphoné nuitamment pour demander – sans succès – l’intervention de l’armée française à Dakar, en proie à des émeutes. Robert Bourgi, qui se targue de travailler bénévolement pour défendre les intérêts de la France, tout en étant payé par les dirigeants africains (Libération du 10 juillet 2009), n’a plus la cote. Au chômage technique, il a, semble-t-il, décidé de procéder à une sortie de scène fracassante, qu’il présente comme un acte de repentance.

    Jusqu’où ira-t-il dans ses confessions ? Pour l’heure, Robert Bourgi a «blanchi» Nicolas Sarkozy, citant dans le JDD les propos que lui aurait tenus, en 2005, le futur président : «Il m’a demandé de travailler pour lui, mais sans le système de financement par valises.» Une version que contredit l’ancien Monsieur Afrique de Chirac, Michel de Bonnecorse : dans le livre de Pierre Péan (1), il affirme que Bourgi aurait rallié le panache de Sarkozy avec l’argent prévu pour financer non seulement la candidature à la présidentielle du ministre de l’Intérieur, mais aussi celle de Villepin. «Qui peut croire sérieusement que ce système s’est arrêté net avec le nouveau président ? dit l’ami de Bourgi. Sarkozy l’a coopté en toute connaissance de cause.»

    Missi dominici. En 2007, le nouveau président lui remettait la Légion d’honneur, évoquant alors «un grand serviteur» de la France, avant de lancer : «Je sais, cher Robert, pouvoir continuer à compter sur ta participation à la politique étrangère de la France, avec efficacité et discrétion.» Il se trompait sur un point : la discrétion. Robert Bourgi a, certes, continué à jouer les missi dominici entre les dirigeants de l’ancien «pré carré» francophone, rendant quantité de services de part et d’autre de la Méditerranée. Il a su aussi se rendre utile dans le registre de la «diplomatie parallèle», rencontrant les nouveaux hommes forts de Madagascar et de Mauritanie, alors que la France condamnait officiellement leurs coups d’Etat. Mais il a jeté par-dessus bord le conseil de son mentor, Jacques Foccart, l’ex-monsieur Afrique de De Gaulle et de Chirac : «Si tu ne veux pas attraper un coup de soleil, reste à l’ombre.» En 2008, il raconte avec gourmandise comment Bongo a obtenu la tête de Jean-Marie Bockel, le secrétariat d’Etat à la Coopération qui voulait signer «l’acte de décès de la Françafrique». En 2009, il explique au Monde rouler pour le fils d’Omar Bongo, Ali, à la présidentielle. L’Elysée lui demande de faire profil bas. Mais Bourgi ne veut plus rester dans l’ombre.

    Avec l’arrivée de Juppé au Quai d’Orsay, il a revécu le traumatisme subi sous Chirac, quand il s’était senti méprisé, lui qui avait porté tant de valises et rendu tant de services. Cette fois, le trublion a refusé de rentrer dans sa boîte. «Sarkozy et Guéant ont commis une grave erreur : ils ont délaissé Bourgi, dit un proche. Il est devenu excessivement dangereux.»

  2. Il y a que à un moment crucial (campagne électoral) Bourgi a été payé pour aider les légionnaires à fabriquer des titres de presse. Ce qui l’avait fait affirmer que Wade a financé la campagne de Jacques Chirac. Même s’il dit, après, n’avoir pas de preuves, même s’il présente des excuses, même s’il se déculotte devant la police judiciaire française, il sais très bien que la presse qu’il a aidé ne reprendra pas cela de la même façon. Elle ignorera même totalement ses reniements parce qu’ils n’aident pas la campagne de lavage de cerveau qu’elle mène contre les sénégalais.
    Bref, il a été payé pour faire un travail à un moment précis. Maintenant il cherche à te racheter comme si nous étions des amnésiques.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

France : Stéphane Séjourné sur le franc CFA, « Si les pays africains se mettent d’accord pour changer le nom, c’est de la souveraineté des...

XALIMANEWS-Le ministre français Affaires étrangères Stéphane Séjourné a accordé un entretien...

Football-Match amical : le Sénégal en maîtrise face au Gabon (3-0)

XALIMANEWS-Ce vendredi soir à Amiens au stade de la...