Tristes leçons d’un remaniement

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Sous la magistrature du Président Wade, on se souvient tous, avec tristesse, qu’une communauté dont l’un des fils promu ministre n’avait pas été reconduit dans le nouveau gouvernement, n’avait rien trouvé de mieux que de brûler le drapeau national sous les yeux de toute la nation pour manifester leur désaccord et sanctionner « la lourde faute de Wade ». A l’époque, cet acte d’une extrême gravité et inédite a laissé le peuple et nos éternels débatteurs des plateaux de télé dans l’indifférence total comme si rien de grave ne s’était passé. Depuis cette période, on assiste de plus en plus à l’émiettement de l’esprit républicain chez nos compatriotes notamment chez nos parents politiciens.
Récemment, à l’occasion des élections locales et législatives des listes ont foisonné jusqu’à atteindre un nombre qui donne le tournis. Les dernières élections législatives en sont une parfaite illustration (47 listes). Si rien n’est fait, on frôlera la barre des 100 à la prochaine législative et des candidatures de divertissement peupleront la présidentielle. Depuis Wade, c’est la même logique qui prévaut après chaque remaniement ministériel. On assiste à concert confus de contestation, de revendication, de dénonciation voir de menace qui pollue l’atmosphère du pays. Chaque village, chaque groupe revendique son ministre sur fond de menace. Comme si le ministre ou le député appartenait à un village et que chaque village devait disposer de son ministre.
Généralement, ce sont des responsables politiques qui se croient investis de destin de député ou de ministre qui sont derrière ce comportement anti républicain. Pour ces derniers, le seul but de faire la politique c’est de devenir député, ministre, directeur général, président de conseil d’administration etc. Le seul mérite qu’il revendique est le fait d’avoir fait de la politique. Pourtant, ils sont tous à côté de personnes beaucoup plus compétentes plus vertueuses et qui servent dignement et efficacement la république dans la grande discrétion. Dés que quelqu’un est promu à un poste de responsabilité, il se met à chanter les louanges de son maître qu’il déifie à la limite. Il se met à justifier l’injustifiable et à défendre l’indéfendable. Il ferme les yeux et les oreilles sur les problèmes que rencontre le peuple à qui il tourne le dos en se blottissant derrière des vitres teintées avec un nouveau numéro de téléphone inconnu de ses anciens amis et même de beaucoup de ses proches parents.
Dés que la personne se fait remplacer à son poste par une autre à l’occasion d’établissement de nouvelles listes ou de remaniement, elle monte au créneau, active ses sirènes qui brandissent des menaces comme pour dire, comme le dit le chanteur, sans moi, tout va s’écrouler. Ces derniers multiplient les communiqués, gesticulent et se mettent à tancer leur ancien maitre. Pourtant, avec eux, rien n’a jamais marché. N’empêche, ils se voient comme indispensables et incontournables.
Ce remaniement ne déroge pas à cette triste et bizarre règle spécifiquement sénégalaise. Les ministres et députés avant d’être des responsables de leur ville, village ou du pays sont d’abord des personnalités au service de leur propre personne et de leurs familles. La preuve est que beaucoup parmi les personnes qui élèvent la voix pour dénoncer ce qu’ils appellent « un mépris pour leur village » ne pourront jamais décrocher une audience avec « leur ministres » quelque soit la durée de ces dernier dans un gouvernement. D’ailleurs, paradoxalement, ce sont les mêmes personnes qui exigent un nombre réduits de ministres dans le gouvernement.
S’il en est ainsi, c’est que la politique est devenue un raccourci vers l’enrichissement massif, rapide, facile et sans cause. Au Sénégal ça semble être à l’ère des temps. Aujourd’hui, ce sont les politiciens véreux, les fraudeurs, les dealers, les détourneurs, les insulteurs publics, en somme tous ceux qui arrivent à trouver beaucoup d’argent en peu de temps et de la façon la plus facile possible ou ceux qui se distinguent par l’insolence qui deviennent de honteux et piteux modèles. La compétence, les valeurs et le sens de la république, depuis le sommet jusqu’au plus bas niveau de l’Etat, ont fini de plier bagages alors que la médiocrité est à son âge d’or. D’ailleurs, seuls ceux qui se distinguent dans la flagornerie, la ruse, l’hypocrisie, l’irresponsabilité et le bavardage sont portés au pinacle. Quel mérite ont ces politiciens qui réclament des postes qui devraient les revenir de droit ? Que font ils des milliers de personnes, hommes et femmes beaucoup plus diplômés et compétents ? Pourquoi ils veulent s’arroger plus de droit que les autres ? En quoi certaines personnes devraient concentrer dans leurs mains plusieurs postes de responsabilité ? Il est encore possible de redresser notre république que nos politiciens sont entrain de faire tanguer. Il faut fondre le cumul qui se trouve dans plusieurs mains y compris dans celle de Aliou Sall.

Falilou Cissé
Conseiller en développement communautaire
Tel 77 689 79 44

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