Trois questions à… Abdou Aziz Bathily, enseignant en photographie au Cesti : «Par pudeur, on ne doit même pas publier des photos indécentes »

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Enseignant en photographie, Abdou Aziz Bathily s’est exprimé sur les photos choquantes publiées dans les médias. Il a expliqué les deux catégories de photographies. Celle prise dans un lieu privé et l’autre faite dans un lieu public et qui a aussi ses limites. Pour Abdou Aziz Bathily, l’une est un délit tandis que le second relève des règles d’éthique et de déontologie.

Quelle appréciation vous faites de la publication de photos indécentes de deux danseuses sénégalaises sur le Net ?

C’est vrai que je n’ai pas regardé les photos. J’ai seulement entendu qu’il y a des photos qui circulent sur Internet et qui sont de mœurs très légères. En général, dès qu’on me parle de photos indécentes, par décence, je ne vais pas les voir. Ce que je peux dire est qu’il y a deux catégories de photographies. L’une est un délit et l’autre pose un problème d’éthique et de déontologie. Quand la personne s’exhibe en public, par décence, la photo ne doit pas être publiée ou bien on ne doit pas la montrer pour les soucis d’éthique et de déontologie. Car, on reconnait la personne dans une mauvaise posture alors qu’elle a une famille. La personne peut porter plainte même si c’est en public. Car, c’est un délit dans la mesure où on vise une personne. Ce n’est pas une vue d’ensemble. Et, cette dernière a le droit de protéger son image. Donc, il faudrait masquer l’image de sorte qu’on ne puisse pas identifier cette personne par n’importe quel moyen. Maintenant si c’est dans un endroit privé, que ce soit payant ou bien dans une intimité et qu’on vole des photos pour les montrer, ça c’est un délit et c’est puni par la loi. On ne doit pas publier dans les médias des photos volées dans un lieu privé où il y a une intimité de la personne. Si ça se réalise, la personne qui se reconnait dans cette posture peut ester en justice. Par contre, si elle est dans un lieu public et que tout le monde peut assister et regarder gratuitement, une personne qui s’exhibe, qui danse sans pudeur, pour des problèmes d’éthique, si on doit diffuser ces photos, on doit être prudent. Nous sommes dans une société où on doit préserver les mœurs, les coutumes. Il y a des choses qui heurtent la conscience humaine et qu’on ne doit pas montrer. Et je répète que même si on doit le faire, il faut complètement flouer le visage du concerné.

Est-ce que le reporter-photographe n’est pas libre de publier des photos prises dans un lieu public ?

Le journaliste a ce qu’on appelle la responsabilité et la liberté. Mais à côté de cela, il y a le droit à l’image de la personne. Même si une photo doit être publiée, pour quelques fins que ce soit, il faut toujours avoir l’autorisation de la personne photographiée. Et si, par malheur, on ne l’a pas et qu’on la diffuse dans une situation indécente avec les problèmes de mœurs et de coutumes, le photographe aura commis un délit. Ceci, parce qu’il a photographié une personne dans une position indécente, sans son consentement et sans respecter le droit à l’image de la personne. S’il publie ces photos, il peut s’attendre à ce que la personne porte plainte et la plaignante va avoir gain de cause. Mais s’il cache le visage jusqu’à ce que la personne elle-même ne se reconnaisse pas, dans ce cas, il n’y pas de risque. Maintenant, le seul risque, ce sont les mœurs, c’est-à-dire la photo telle qu’elle a été osée. On va montrer aux enfants qui vont voir que dans cette photo il y a une personne qui se découvre totalement nue. Ce n’est pas bon pour notre société et pour ce pays fortement religieux. Mais c’est moins grave que le fait qu’on montre la personne à visage découvert alors qu’elle n’a pas donné son aval.

Des photographes soutiennent que ces images peuvent couter entre 300 mille F CFA, voire 1 million de F CFA. D’autres disent que c’est une bonne leçon pour les célébrités pour leur apprendre à revoir leur accoutrement dans les lieux publics. Qu’en pensez-vous ?

Est-ce que le prix d’une photo qui s’élève même à un milliard peut remplacer la destruction de la vie d’une personne. Si le reporter-photographe le fait, c’est parce qu’il ne connait pas les limites de ses responsabilités, il ne connait pas le délit de presse et il ne connait pas le droit à l’image. Par ailleurs, si la personne ne porte pas plainte et qu’elle se complaît dans ces faits, c’est son problème. Donc, si le photographe gagne un million parce que la personne incriminée l’a voulu ainsi, il n’y a rien de grave. Mais, lorsque l’image d’une personne a été divulguée, je pense qu’elle doit réagir. Si c’est pour donner une leçon, je pense qu’il pouvait montrer la partie qui l’intéresse pour dire que ça ce n’est pas bon. Il y a une protection du droit à l’image de la personne car ces photos sont sur l’internet et dans la presse et sont tirées à plusieurs exemplaires et cela restera à jamais gravé dans les mémoires. Quand la personne aura des enfants et si ces images ressortent, c’est là où se trouve le problème de non protection du droit de l’image de la personne. Moi, en tant que photographe, si je fais des photos dans ces lieux, je vais voir mon degré de responsabilité et de liberté pour analyser si je dois publier ou non. Je vais voir que si je sors cette photo, certes j’aurais un million ou deux millions de F CFA, mais il ne faut pas que je porte des ennuis à la personne photographiée. Ma responsabilité et ma conscience doivent me dire de sortir cette photo ou pas. Cependant si je cherche de l’argent et que je sais que cette photo ne me peut pas m’apporter une plainte, je la publie.

A. FAYE

Le Pays au Quoitidien

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