Validation de la candidature et victoire de Wade en 2012 : Pourquoi les libéraux sont optimistes

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Derrière l’optimisme qu’ils affichent, se cache véritablement une peur bleue des libéraux.Celle de voir leur candidat disqualifié par le Conseil constitutionnel ou, si ce dernier se présentait en 2012, être mis en ballottage.L’un dans l’autre, les conséquences seront incalculables pour le camp du pouvoir. Raison suffisante pour que les partisans de Wade jouent leur va-tout.

‘Wade sera candidat et gagnera les élections dès le premier tour !’ Cette phrase qui sonne tel un leitmotiv chez les libéraux est révélatrice des dispositions actuelles du camp du pouvoir. Les partisans de Wade n’envisagent nullement, en effet, que le Conseil constitutionnel rejette la candidature de leur leader. Sur quoi se fondent-ils pour dire que la décision des cinq ‘sages’, attendue en décembre prochain, ne peut être qu’en leur faveur ? Rien de probant. Parce que ceux dont on devrait logiquement donner foi aux déclarations dans la polémique née de la question relative à la candidature de Wade, ont, très majoritairement, dit que ce dernier était disqualifié. Il s’agit, en l’occurrence, des constitutionnalistes de notre pays. Même, les juristes, spécialistes en la matière, qui sont de la mouvance présidentielle se gardent, pour des raisons qui leur sont propres, de se prononcer sur la question. D’ailleurs l’actuel locataire du palais de l’avenue Senghor, n’avait-il pas, lui-même, soutenu qu’il ne pouvait se présenter en 2012 parce qu’il avait verrouillé son magistère à deux mandats avant de se dédire ?
Dès lors, qu’est-ce qui rend si optimistes et péremptoires les libéraux ? La réponse est à chercher dans les conséquences qu’engendrait l’invalidité de la candidature de Me Wade dans le camp de celui-ci. Le rejet de celle-ci serait une catastrophe pour le Pds et ses alliés, avait soutenu Abdou Fall, dans une récente sortie médiatique. Empêcher vaille que vaille une bérézina qui emporterait la formation libérale semble être l’unique position adoptée par les ‘mouvanciers’. Une telle hypothèse est si crainte qu’on s’interdit même, à l’interne, d’envisager un plan B au cas où la décision de Cheikh Tidiane Diakhaté et de ses collègues ne serait pas favorable à Wade. Les rares personnes qui ont osé le faire en ont pris pour leur grade. D’où la forte pression que met actuellement le camp du pouvoir sur le Conseil constitutionnel et dont d’aucuns disent qu’elle est plus lourde que celle émanant du M 23.

Une chose est de voir leur candidat prendre part à la compétition électorale de février 2012 mais une autre est de faire gagner celui-ci. A ce niveau, également, les partisans de Wade sont sans ambages. Selon eux, ce dernier passera dès le premier tour. Le plus effarant dans leurs prévisions, c’est que leur candidat caracolerait devant ses autres concurrents avec plus de 70 % des suffrages. C’est-à-dire un score qui n’est même plus d’actualité dans des pays où règne le parti-Etat. En n’envisageant que cette seule hypothèse, c’est-à-dire, la victoire au 1er tour de leur candidat, l’on imagine déjà les moyens tous azimuts que les partis membres du Fal 2012 comptent mettre en œuvre, y compris ceux que les adversaires de Wade redoutent tant. Autrement, on voit mal comment, dans les conditions socio-politiques actuelles, Wade pourrait faire l’économie d’un deuxième tour. Perdre Idrissa Seck, Macky Sall et, à un degré moindre, Aminata Tall, lesquels constituent des poids politiques avérés et gagner la présidentielle dès février, relèverait d’un miracle de la part du président sortant. D’ailleurs, qu’est-ce qui aura fondamentalement changé dans la manière de gouverner des tenants du pouvoir, depuis mars 2009, pour que toutes les grandes villes du pays qui avaient tourné le dos à Wade au profit de l’opposition lui fassent, de nouveau, confiance ? La crise énergétique avec ses conséquences sociales dramatiques est toujours là ; les prix des denrées sont de plus en plus insupportables par les ménages ; les scandales politico-économiques sont toujours à l’ordre du jour, et l’on en oublie.

En plus de toutes ces considérations, les libéraux ont dû, aussi, faire une analyse empirique des élections ayant eu lieu ces dernières décennies en Afrique pour en arriver à la conclusion que : ne pas gagner au 1er tour serait suicidaire pour leur camp. En effet, nulle part, l’on se rappelle qu’un président sortant, mis en ballottage, ait remporté une élection. Le cas du président Abdou Diouf en 2000 est patent. L’ex-président de la République ivoirienne en était si conscient que, lorsqu’il s’était retrouvé dans cette situation, et en prévision de l’irréparable, avait lâché sa fameuse phrase restée célèbre : ‘On gagne ou on gagne !’. Au Cap-vert, également, quand le candidat du parti au pouvoir est allé au 2e tour à la dernière présidentielle, il a perdu le scrutin. Il est vrai que pour ce cas-ci, le président sortant ne s’était pas représenté puisqu’il avait épuisé ses deux mandats que lui autorisait la constitution de son pays. Mais, toujours est-il que le Paigc qui s’est vu obliger de présenter un autre candidat a été battu.

C’était le même cas de figure au Ghana où John Kuffuor, ne pouvant plus aspirer à un troisième mandat, a cédé la place à un de ses camarades de parti qui a été mis en ballottage et battu. Tout cela prouve qu’en Afrique, les partis au pouvoir n’ont pas de politique d’alliance efficace lorsqu’ils se retrouvent dans une situation de ballottage. Cela se traduit par la mobilisation à outrance des moyens dont ils disposent, y compris l’appareil d’Etat, dès le premier tour. Au second tour, ils n’ont plus généralement de marge de manœuvre. A cela s’ajoute le fait que le second tour déstabilise le camp du pouvoir au point qu’on assiste à une débandade. Chaque responsable politique tente de se sauver comme il peut. D’où le phénomène de la transhumance politique.

C’est conscient de tous ces facteurs que la peur de l’invalidité de la candidature de leur leader et celle de ne pas gagner au premier tour se lisent sur les visages des partisans de Wade. D’où leur posture résolue présente : se sauver ou périr.

Aguibou KANE

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