[Vidéo]: Invité du 20H avec Mary Teuw Niane, Ministre de l’enseignement supérieur s’explique.
Invité du 20H avec Mary Teuw Niane, Ministre… par dakaractumovie
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c’est un grand travailleur Monsieur Niane,il est entrain de concrétiser la vision du Président au niveau de l’enseignement supérieur
Merci Mr le ministre. A vous entendre parler et voir en action sur le terrain nous savons que vous maitrisez parfaitement ce que le président vous a confié. Nous sommes plus que que convaincus qu’avec vous l’université se posera sur un socle solide et stable tout en gardant une ouverture vers l’horizon. La gestion traditionnelle de l’Université que nous a légué le colon n’est plus à la mode. Cependant, des syndicalistes nuls comme leurs pattes, des politiciens qui regardent à la vitesse de la fourmi, des administrateurs qui volent des biens publics, des enseignants réactionnaires et des étudiants qui dorment sur leurs copies ne peuvent pas comprendre le travail que vous êtes entrain d’abattre. Les dirigeants du SAES, y compris les vieux démons et anciens crocodiles accrochés à leurs avantages au détriment de la communauté estudiantine en particulier et de la société sénégalaise en général, doivent comprendre qu’il est temps de se débarrasser de leurs idées anachroniques qui font sombrer l’Université dans la paresse et la violence. Aujourd’hui nous devons soutenir et accompagner ce Mr qui se bat contre vents et marées sur tous les fronts pour une université nouvelle avec un enseignement de qualité et une formation innovante. Une telle Université est le seul point de passage des hommes et des femmes qui pourront porter l’avenir de notre peuple vers un Sénégal meilleur et une Afrique vivante et vivable.
L’échec des étudiants du premier cycle (1ère et 2ème années) dans les universités
publiques, particulièrement l’université de Dakar est un phénomène récurrent et qui a
toujours préoccupé à la fois les étudiants eux-mêmes, les autorités universitaires et les
pouvoirs publics (PDEF, 2012).
On mesure l’ampleur du drame qui se joue sur la corniche et en autres lieux quand on
prend en considération que l’éducation supérieure joue un rôle stratégique dans le
développement d’un pays. Nous le savons : ce développement affecte tous les domaines :
individuel, organisationnel, culturel, économique et politique … Étant donné le niveau de
développement de nos États (un petit nombre d’individus ont accès à une éducation de
qualité; des institutions d’enseignement conçues et dirigées par une élite qui, jusqu’à
maintenant, n’a pas su et ou n’a pas pu prendre en charge les aspirations des citoyens, une
culture complexée, une économie désaxée et des politiques publiques conçues et
financées de l’extérieur pour une large part), l’éducation supérieure devrait être le levier
que le pays peut activer pour relever le défi de son développement.
Dans cet article, nous examinons dans un premier temps l’apport d’une éducation
supérieure de qualité aux plans individuel, organisationnel, culturel, économique et
politique. Dans un second temps, nous examinons la piètre performance de nos
établissements universitaires; en troisième lieu, nous proposons des solutions susceptibles
d’améliorer la situation actuelle et future.
1. L’apport d’une éducation supérieure de qualité
Depuis plusieurs décennies, l’éducation supérieure du Sénégal, surtout au niveau du
premier cycle est confrontée à des taux d’échec très élevés. Dans certaines facultés, il
n’est pas rare de voir moins de 20 % d’étudiants qui réussissent en première année.
Quelle tristesse! Et quels gaspillages sociaux, humains et financiers pour un pays qui a
tant besoin de ces ressources pour son développement! Le bât blesse d’autant que
plusieurs recherches concordent et mettent en lumière la corrélation qui existe entre le
développement d’un pays et la qualité ses ressources humaines. Becker (1993) affirme
que la qualité de la formation du capital humain est la voie royale vers le développement.
1Cette formation aurait plus d’impact sur le développement que le total combiné des
ressources naturelles, de l’aide étrangère et du commerce international (Myers, 1996;
Banque Mondiale, 2009).
Pour Pappas (2008), le fonctionnement optimal d’un pays ainsi que son développement
économique sont tributaires du degré de qualification de ses ressources humaines.
Hanson, de son côté, (2008), s’appuyant sur les travaux de Linsu Kim (2000), a montré
qu’il y a une forte corrélation entre la courbe de l’apprentissage et la courbe du
développement; cette corrélation vaut autant pour l’entreprise que pour le pays dans son
entièreté. Pour ce chercheur, le niveau de développement technologique et industriel ne
dépasse jamais le niveau d’expertise des membres de l’entreprise ou du système éducatif
du pays.
D’autres chercheurs se sont intéressés de façon spécifique aux bienfaits de
l’enseignement supérieur :
a) Au plan individuel, des attitudes humaines seraient modifiées de manière
positive par la création, la transmission et l’acquisition de nouvelles connaissances
en psychologie, biologie, sciences religieuses, éthique, histoire, anthropologie
et philosophie entre autres (Viau, 2009). Le libre exercice de l’esprit, ou, si vous
préférez, la liberté intellectuelle si caractéristique du monde universitaire, a
comme conséquence sociale la diminution des préjugés, des superstitions, des
dogmatismes et des immaturités de jugements (Levin, 2003). De même, il
existerait une forte corrélation entre l’implantation d’une éducation supérieure de
qualité et la diminution de la mortalité infantile, la mortalité maternelle, et le
manque criant d’hygiène (Banque mondiale, 1991).
b) Au plan organisationnel, les enseignements et les recherches en sciences
sociales et en sciences du comportement modifient sensiblement la qualité des
organisations et des harmonies au sein de la société (Morgan, 2002 ; Unesco,
2005; Leclerc, 2008). Il existe une corrélation statistique entre le taux de scolarité
universitaire et les indicateurs de bonne gouvernance (Bloom, 2006; Emery,
2011).
2c) Au plan culturel, les recherches et les apprentissages de pointe sur les secteurs
les plus variés de la culture humaine enrichissent les systèmes de valeurs, les
normes, les choix et attitudes collectifs (Dill et Sporn, 1999). En outre, la grande
expertise et l’excellence en recherche au sein d’une société contribuent à son
prestige ainsi qu’à sa performance dans la lutte pour le développement
(McMichael, 2009).
d) Au plan économique, la nouvelle économie a comme premier facteur de
production la matière grise des êtres humains : leur savoir (Copeland, 2003 ;
Joshua, 2006). Et les universités sont les lieux privilégiés de l’éclosion de ce
savoir (Unesco, 2008). Il existe également une corrélation entre l’éducation
supérieure de qualité et l’entreprenariat : le diplômé de l’éducation supérieure est
souvent plus apte à créer des entreprises de qualité et les entrepreneurs plus
instruits créent plus d’emplois que les entrepreneurs moins instruits (Bloom et al.,
2006).
e) Au plan social, l’accès à l’éducation supérieure entraîne une élévation du
niveau intellectuel, culturel et souvent économique des individus. Par
conséquent, elle contribue à la hauteur de la pyramide sociale et stimule la
mobilité vers le sommet de cette pyramide (Nowotny, 1995). En outre, la
présence même des universités crée des emplois, contribue à l’urbanisation,
stimule la consommation, et entraîne des améliorations sociales locales et
régionales (Levin, 2003 ; Unesco, 2008; OCDE, 2010).
f) Au plan politique, les innovations technologiques modifient les politiques
économique, culturelle, éducationnelle et autres (Levin, 2003). La présence de
spécialistes et de «think tanks» parmi les acteurs politiques bonifient la
formulation, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques de divers ordre; on
note le même effet bénéfique dans la recherche des solutions (Lemieux, 2002).
La majorité des changements sociaux apparus dans les politiques publiques sont
dérivés des recherches effectuées dans les universités ou par ceux et celles
formés à l’université (Bowen, 1977).
3Comme on peut le constater, un enseignement supérieur de qualité constitue un enjeu
majeur pour le développement d’un pays. Alors, comment expliquer l’incapacité de nos
universités à assurer la réussite du plus grand nombre d’étudiants? Comment pouvonsnous
nous payer le luxe de ne pas mettre en valeur le potentiel de si nombreux citoyens?
Est-ce là une fatalité? Il n’est pas question ici de trouver un bouc émissaire et nous
savons de façon certaine que les facteurs liés aux échecs répétés des étudiants sont
nombreux. Cependant, nous examinons ceux, parmi ces facteurs, qui sont contrôlables
par l’institution universitaire, qu’il s’agisse des politiques d’accueil ou encore de celles
relatives aux approches pédagogiques utilisées par les enseignants.
2. L’échec ou la réussite scolaire : les facteurs liés à l’université
Plusieurs recherches ont été consacrées aux approches adoptées par les universités pour
favoriser la réussite scolaire des étudiants. Puisque l’éducation supérieure est considérée
comme un facteur important pour la promotion de la citoyenneté et de la cohésion
sociale, ces recherches ont identifié ce que les universités pouvaient offrir aux étudiants
pour accroitre leurs performances scolaires.
Ainsi, Yorke et Thomas (2005); OCDE (1997, 1999, 2006) ont examiné les politiques
de 150 universités à travers le monde qui se démarquent des autres en termes d’accès, de
rétention et réussite des étudiants issus de milieux défavorisés ou de ceux qui éprouvent
des difficultés dès leur entrée à l’université. Ils ont identifié que ces universités avaient
une approche centrée sur l’étudiant. Ces universités offrent d’emblée du soutien pour la
préparation à l’entrée à l’université. Dès le début des études, ces universités ont, entre
autres, des services d’aide pour les étudiants qui éprouvent des difficultés, une
organisation du curriculum qui réponde aux besoins des étudiants; des dispositifs
d’insertion sont mis en place, un soutien financier, sous forme de bourses ou prêts, est
disponible dès la première semaine d’étude.
À l’occasion d’une étude réalisée dans une université de Norvège, Helgesen (2012) met
4en relief la satisfaction des étudiants, leur perception de la réputation de l’université et
leur loyauté envers leur université. L’étude conclut que 1) la satisfaction est
positivement reliée à la loyauté à l’université, 2) la perception que les étudiants ont de la
réputation de leur université est positivement reliée à la loyauté de l’étudiant et 3) la
satisfaction est positivement reliée à la perception de la réputation de l’université. Ce
chercheur incite les universités à sonder les étudiants quant à leur satisfaction à l’égard
de l’institution, quant à leur perception de la réputation de l’institution ainsi qu’à leur
loyauté. Ces sondages peuvent aider les dirigeants des universités à mettre en place des
politiques efficaces en matière d’intégration des étudiants.
Abondant dans le même sens, Sauer et O’Donnell (2010) invitent les universités à traiter
l’étudiant comme un client et montrent que la création de nouveaux programmes pour
répondre à de nouveaux besoins a une influence positive sur la réussite des étudiants.
Les études citées plus haut confirment celles de Tinto; ce dernier, depuis 1975, a mis en
place un modèle interactionniste fondé sur les concepts d’intégration et d’appartenance
à la communauté universitaire. Pour cet auteur, la persévérance et la réussite à
l’université constituent un processus longitudinal d’interactions entre l’étudiant et les
systèmes académique et social de son université.
Conséquemment, l’abandon et l’échec résulteraient d’un manque de congruence entre
les caractéristiques de l’étudiant et celles de l’institution choisie (Cabrera, Castaneda,
Nora et al., 1992 ; Kahn & Nauta, 2001); également d’un manque d’intégration de
l’étudiant dans l’université. Ce modèle (Tinto, 1987, 1993) figure parmi ceux qui sont
les plus connus et les plus utilisés dans l’étude de la persévérance et de la réussite à
l’université (Braxton, 2000 ; Kahn & Nauta, 2001 ; Pascarella & Terenzini, 2005).
Nous pensons que si ces mesures peuvent s’avérer efficaces pour l’accueil, la rétention,
la persévérance et la réussite des étudiants, d’autres mesures, reliées, celles-là, aux
pratiques d’enseignement, devraient être envisagées. En effet, plus souvent
qu’autrement, l’enseignement universitaire dans notre pays reste encore largement
dominé par la récitation des concepts désincarnés faisant ainsi de notre « élite » une entité
5qui peine à porter le développement que l’on attend d’elle. C’est pourquoi, nous
pensons que l’enseignement supérieur doit impérativement se doter d’une pédagogie
universitaire axée sur le développement des compétences. Nous avons souvent entendu
des collègues dire n’avoir pas besoin de pédagogie pour enseigner à l’université. Nous
pensons que cela représente une fausse croyance car, l’enseignement universitaire a
aussi besoin d’une pédagogie. Il faut modifier la façon d’enseigner à l’université. Les
cours magistraux que l’on appelle incarnés par l’ »enseignant conférencier » ou
l’ »enseignant chef d’orchestre » ne seraient plus appropriés.
L’université, comme le monde, est en constante évolution. Rappelons quelques-uns des
changements qui ont marqué l’histoire de l’enseignement universitaire :
a) L’université du 18e siècle était axée sur la transmission des savoirs dans le but
d’atteindre à la « vérité » d’inspiration divine; on le voit bien, la méthode
scientifique n’était pas la voie privilégiée. Dans ce contexte c’était le travail
théorique qui importait.
b) L’université du 19e siècle est d’abord et avant tout incarnée par l’université
allemande qui a été pionnière dans la recherche ainsi que dans la consécration de
l’autonomie relative de cette dernière. Dans ce contexte, des façons de faire vont
être codifiées à la faveur l’évaluation de la recherche par des comités de pairs.
En bref, l’université du 19e siècle veut transmettre le savoir ainsi que le créer; la
méthode scientifique prend naissance et s’impose dans l’espace universitaire.
c) Au 20e siècle, l’université américaine va accoucher de sa propre spécificité et
la consolider par la suite. Prenant appui sur les conquêtes de l’université
allemande, elle se définit, en plus, comme un acteur social. Il faut mettre le
savoir au service de la collectivité. D’où une rencontre entre les dimensions
culturelles, scientifiques et sociales.
C’est dans cette perspective plus intégrée de l’espace de formation qu’il faut situer
l’université du 21e siècle et penser autrement l’enseignement universitaire. On attend
d’elle qu’elle soit équitable, juste et démocratique. Cette perspective exige que
l’enseignement universitaire soit plus orienté vers le développement des compétences
6qu’uniquement vers la transmission des connaissances. Aujourd’hui, on assiste à un
chamboulement des contenus et des approches d’enseignement au niveau universitaire.
Le recours à des compétences dans les contenus d’enseignement pose des questions
nouvelles qui doivent logiquement amener l’ensemble du système d’enseignement
universitaire du pays à innover.
En pédagogie universitaire, les chercheurs (Kember et al, 2002; Prosser et Trigwell,
1999) démontrent clairement que «tout enseignant est guidé dans son action par une
vision, ce que l’on nomme sa conception de l’enseignement et de l’apprentissage».
Cette conception est souvent influencée par le vécu de l’enseignant. Ainsi, ceux qui ont
étudié dans des universités sélectives comme ce fut le cas de l’Université de Dakar,
auront tendance à reproduire leur expérience. C’est à dire que ces enseignants auront
tendance à sélectionner et focaliser sur les « meilleurs » étudiants, exposant par
conséquent la grande majorité des autres à l’échec. Ces collègues doivent revoir leur
pratique et se tourner résolument vers un enseignement centré sur l’étudiant; vers un
enseignement qui favorise la réalisation des projets individuels et de groupe; un
enseignement qui offre un accompagnement des étudiants par les enseignants tout au
long de leur formation.
Dans l’organisation de l’enseignement supérieur, deux modèles coexistent : le premier
et le plus populaire, sinon le seul qui existe dans nos universités est «l’approche-cours».
Celle-ci consiste à élaborer en vase clos les cours d’un programme d’études ; dans cette
approche, on confie au professeur la tâche d’élaborer tout seul ses cours sans avoir de
compte à rendre à personne, ni à son département et encore moins à ses étudiants. Ces
derniers, bien entendu n’ont aucun espace dans lequel ils peuvent évaluer
l’enseignement reçu. Tout se passe dans le bureau de l’enseignant qui agit avec une
certaine méconnaissance des autres cours du programme d’études et sans interactions
longitudinales avec les autres enseignants non plus qu’avec les autres composantes du
programme.
Le deuxième modèle d’organisation de l’enseignement est «l’approche-programme»; il
7s’agit là d’une approche très utilisée dans les universités modernes et qui est
caractérisée par un souci permanent des enseignants pour la réussite des étudiants. On y
trouve des mécanismes de reddition de comptes à la fois de la part de l’enseignant de la
part de l’institution. Dans une approche programme, l’ensemble des cours repose sur un
projet de formation élaboré et poursuivi de manière collective par l’ensemble des
enseignants de l’unité en question. Par ailleurs, si l’approche-cours manque désormais
de pertinence devant les nouveaux besoins et la complexité des situations vécues,
l’approche-programme est beaucoup plus porteuse puisque collective et collaborative.
Bien entendu, l’introduction de cette approche dans nos universités ne fera pas sans
effort, compte tenu des habitudes bien incrustées.
Toutefois, il nous semble que la responsabilité de nos universités eu égard au
développement du pays ainsi que les promesses que recèle cette institution obligent nos
chers collègues à prendre ce virage. A notre avis, tout en évitant de bafouer l’autonomie
des enseignants, il faut trouver un équilibre entre les ressources investies et la
performance attendue. Cette exigence est à la citoyenne, politique et éthique.
Citoyenne, parce que les populations payeuses de taxes sont en droit de connaitre la
finalité et les objectifs de l’université en tant qu’instrument de développement; ils sont
également en droit de connaitre le degré de réalisation de ses objectifs. Politique parce
que selon le principe de responsabilité de l’élu, le gouvernement est le responsable
ultime de l’efficacité de l’action publique; à ce titre, il doit être imputable de la
performance ou non de toute institution publique. Éthique, parce qu’en situation
professionnelle, l’éthique peut être envisagée comme une démarche de réflexion
personnelle et pragmatique qui permet d’orienter son action, de faire des choix et d’agir
en conséquence au profit de l’institution.
Mamadou Vieux Sané
Ph.D, administration de l’éducation
Université du Québec à Montréal-UQÀM
Intérêts de recherche
– Gestion par résultats
– Pratiques et processus d’amélioration de la qualité des systèmes scolaires et des
établissements d’enseignement
– Planification de l’éducation
– Étude comparée des systèmes et pratiques de formation à l’enseignement primaire,
secondaire, universitaire et de gestion du personnel enseignant