Voyage A Boston:Macky déblaye le terrain avant sa rencontre avec Obama

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Interpellé sur le fait qu’étant invité à la fin de ce mois de mars à Washington Dc par Barack Obama, il anticipe pourtant un autre voyage à Boston durant le même mois, le Président Macky Sall, réplique en faisant remarquer : «Au Sénégal nous n’avons pas la même compréhension du rôle de l’université. Je rappelle que l’Université Harvard est quasiment la première université des Etats-Unis, donc du monde. Ici les influences des universités sont tout à fait remarquables.

L’université qui m’a fait l’honneur de m’inviter, à travers la Kennedy School of Governement, est l’école qui forme dans le management, dans l’administration et dans la gouvernance et elle a des relations d’intimité avec les pouvoirs publics à Washington. ».

Si dans l’entendement de beaucoup de francophones, le mot lobby signifie manipulation ou utilisation de forces occultes pour influencer les décideurs, il se trouve en effet que dans l’environnement américain, le concept est moins chargé.
Au-delà de la simple recherche d’influence, elle est une pratique qui fait partie de l’exercice normal de la démocratie. Cela est d’autant plus important que généralement, l’opinion publique américaine considère les relations extérieures sous l’angle de l’utilisation de l’argent du contribuable. Macky Sall a donc bien compris qu’aux Etats-Unis, pour avoir beaucoup plus d’impact auprès des hommes politiques, il importe de bénéficier de l’opinion favorable de l’intelligentsia.

C’est dans ce sens que les élites qui sont sorties des écoles comme Harvard sont non seulement au pouvoir dans les administrations fédérales et locales mais sont aussi les parlementaires et autres leaders des organisations de réflexion et de prospective (Think-Tank). D’ailleurs les étudiants et dirigeants de l’école de Kennedy School of Government se targuent des multiples sollicitations de chefs d’Etat du monde entier pour se faire inviter à ce type de forum. Et de citer un président d’Afrique centrale au portefeuille bien garni qui fait des pieds et des mains pour s’adresser aux étudiants de cette prestigieuse université.

Il est vrai qu’à l’instar de Harvard, Yale, Columbia University, Cornell University, University of Pennsylvania, les universités appelées IvyLeagues, à cause de leur passé glorieux, sont très influentes dans presque tous les domaines de la vie américaine. Ce sont elles qui produisent la majorité des Prix Nobel, des leaders Politiques (dont Barack Obama, les deux Clinton, les deux présidents Bush, etc.), les patrons de la finance, les capitaines d’industrie et autres.
Il n’est donc pas faux de dire que qui veut influencer Washington, Wall Street, ou le monde des affaires, gagnerait à se faire adouber par le monde universitaire ; surtout à ce niveau si bien considéré.

Cherchant certainement à prouver aux jeunes futures leaders qui l’avaient invité qu’il se veut un président moderne et « bien élu », Macky Sall a accès l’essentiel de son discours sur les questions de bonne gouvernance et la nécessité d’ancrer définitivement la démocratie en Afrique. A ce propos, il a voulu montrer qu’aucune démocratie ne pourra se pérenniser sans une gouvernance économique au service de la majorité. Sans compter que, dans le cas contraire, la minorité privilégiée court le risque de n’être pas en sécurité.

Evidemment, en attenda nt d’être reçu à la Maison Blanche par Barack Obama, le 28 mars prochain, Macky Sall n’a pas raté l’opportunité de rappeler qu’il a hérité de son prédécesseur d’un pays aux défis économiques immenses. Comme pour envoyer un avant-propos au président américain, Sall a rappelé que les relations diplomatiques entre le Sénégal et les Etats étant déjà très solides depuis des années, ce sont plutôt les questions de sécurité et de développement économique régionales et sous régionales qui doivent être au cœur des relations entre l’Amérique du Nord et le continent noir.
Pendant une bonne heure d’horloge Macky Sall qui parlait tantôt en anglais tantôt en français, s’est évertué à convaincre l’auditoire que l’Afrique, si elle est bien gouvernée, a les moyens de réussir son développement. Mais, a-t-il précisé, à condition de produire des dirigeants qui comprennent que le chemin qui mène vers ce développement ne peut passer que par la démocratie. Pour lui ces dirigeants doivent comprendre que c’est le peuple qui a l’unique droit d’embaucher et de licencier au besoin.

Au nombre des questions posées au locataire du palais de l’Avenue Léopold Sédar Senghor par les membres de l’audience, il faut citer celle, pas des plus faciles, provenant d’une étudiante sénégalaise qui voulait savoir si Macky Sall avait une offre en direction des cadres sénégalais formés dans les universités américaines et qui ne voudraient pas rajouter à la fuite de cerveaux. Visiblement, le chef de l’Etat qui savait que la réponse ne pouvait pas être simple, a répondu qu’il fallait beaucoup de patriotisme pour décider de venir servir son pays. Et de reconnaître que le niveau des salaires, la qualité de la vie de même que certaines commodités considérées comme des choses simples en Amérique, (tels que l’Internet garantie sans interruption, l’électricité sans délestage, les moyens de déplacement commodes etc.), vont certainement manquer à ceux qui feront le saut.

Néanmoins, il a insisté sur le fait qu’il faut répondre à l’appel du pays surtout que, malgré les défis, ceux qui ont reçu une formation bien solide pourront toujours trouver un travail décent en Afrique.

La visite Macky Sall à Cambridge a par ailleurs permis de relever la présence remarquable des Sénégalais dans les campus des Université de la Côte East des Etats Unis. Du professeur Ousmane Kane qui enseigne à Harvard aux dizaines d’étudiants éparpillés dans les universités de Boston et ses environs, on se rend compte que le Sénégal et l’Afrique sont bien représentés dans le monde académique de l’Amérique du Nord.

sudonline.sn

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