Wade et ses jeux d’ombres à Versailles par Madiambal Diagne

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La résidence du Président Abdoulaye Wade à Versailles, la cité des Rois de France, est très courue. La visite qui a été rendue à l’ancien chef de l’Etat par une délégation de proches du maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, et de celle de El hadji Malick Gakou, le leader du Grand parti, ainsi que celle de Me Aïssata Tall Sall, sont très médiatisées. Abdoulaye Wade a sans doute trouvé du plaisir à recevoir ces personnalités politiques qui, il faut le dire, ont demandé à être reçues à Versailles. Il ne déplairait pas à Idrissa Seck d’être lui aussi reçu à Versailles mais Abdoulaye Wade continue de lui fermer la porte, conditionnant leur rencontre à une visite que son ancien Premier ministre devra préalablement rendre à Karim Wade en prison. Or, en dépit des suggestions insistantes de son entourage, Idrissa Seck refuse de sacrifier à un tel geste. Abdoulaye Baldé de l’Ucs, qui avait déjà été reçu par Abdoulaye Wade, il y a un peu plus d’un an déjà, peut à nouveau accéder à une audience à Versailles après avoir visité Karim Wade en prison. Youssou Ndour demande à voir Abdoulaye Wade, qui reste encore réticent, mais la visite que Mamoudou Ibra Kane, Directeur général de Futurs Médias, vient de rendre à Karim Wade en prison, pourrait débloquer une telle rencontre.

Abdoulaye Wade trouve beaucoup d’intérêt à ce que ces visites soient connues du grand public. L’ancien chef de l’Etat montre ainsi qu’il n’est pas hors du jeu politique, et donne même l’impression de faire l’initiative et de tirer les ficelles. Une telle posture le met en quelque sorte à son avantage, lui permettant d’exercer une certaine pression sur le Président Macky Sall et son régime. En recevant aussi en prison des leaders politiques et certaines célébrités, Karim Wade se rappelle ainsi au bon souvenir de Macky Sall.
Les visiteurs qui du coup, font le «buzz» dans les médias, trouvent de leur côté l’occasion de chercher à nouer des alliances politiques et surtout de renforcer leur crédibilité et peuvent donner l’impression de constituer un recours ou une alternative. C’est pour cela qu’ils se font le devoir de faire savoir la longueur de leur tête-à-tête et l’importance des sujets abordés pour conclure à une convergence de vues dans l’analyse de la situation du Sénégal. El Hadji Malick Gakou a même publié un communiqué de presse sur sa rencontre avec Abdoulaye Wade. Cela ne doit pas tromper. En effet, ces visites permettent à Abdoulaye Wade d’envoyer des signaux au camp de Macky Sall, que certaines «bonnes volontés» vont conforter assurant que «Abdoulaye Wade et son fils Karim Wade restent persuadés que des ententes ou compromis seront trouvés avec Macky Sall et que l’ancien chef de l’Etat considère que ce serait un échec personnel si les Libéraux ne restaient pas au pouvoir pendant 50 ans comme il l’avait lui même prédit». Quand certains milieux du Parti démocratique sénégalais (Pds) semblent s’offusquer de ces consultations qui semblent se dérouler à leur insu et dont ils pourraient faire les frais, Abdoulaye Wade s’empresse de les rassurer pour faire savoir qu’il n’aurait pris aucun engagement avec Khalifa Sall ou Malick Gakou par exemple et que ces derniers n’ont même pas encore fait leurs preuves de leur représentativité pour que le Pds songe à se ranger derrière eux. Il n’en demeure pas moins que ces visites provoquent un gros désordre au Pds. Les responsables sont frustrés que les visiteurs de Wade à Versailles semblent les snober au Sénégal et plastronnent après avoir rencontré leur leader. «Nous ne pouvons pas comprendre qu’ils ne nous voient pas à Dakar et ne font rien pour se rapprocher de nous et dans le même temps se font recevoir à Versailles», peste un Wadiste. C’est dire que s’il décidait au final de mettre en selle une personnalité politique non issue du Pds, Abdoulaye Wade rajouterait à l’implosion de son parti. Il reste que le Pds devra forcément se trouver un autre candidat à une prochaine élection présidentielle pour remplacer Karim Wade qui avait été investi et qui vient de se disqualifier lui-même en excipant de sa nationalité française pour ester en justice en France. Cet aveu de double nationalité le prive d’un droit de se présenter à une élection présidentielle et si, entre-temps, il renonçait à sa nationalité française pour espérer se présenter, il sonnerait le glas de la procédure ouverte à Paris et dont l’examen durera de longues années. Karim Wade s’est donc véritablement tiré une balle dans le pied car, tant que la procédure judiciaire intentée en France n’est pas close, le Président Macky Sall ne pourrait pas lui faire bénéficier d’une grâce.
Les prétendants à la candidature du Pds ne manqueraient pas. Le coordonnateur du parti, Oumar Sarr, légitimé par son récent emprisonnement, pourrait se disputer la candidature avec les Aïda Mbodji et les Me Madické Niang entre autres. Ces fidèles parmi les fidèles, accepteront-ils de se ranger derrière un Pape Diop ou un Idrissa Seck ? Rien n’est moins sûr, même si les mesquineries et les autres insanités échangées ont pu être oubliées quelque part. N’est-ce pas qu’on a vu un Cheikh Tidiane Sy ne plus se souvenir des «belles» paroles assénées naguère contre Idrissa Seck et le présenter désormais comme «le plus compétent de tous» ? Seulement, on peut se demander si Idrissa Seck pourra avoir le Pds sans les Wade ? Khalifa Sall a eu à bénéficier du soutien actif du Pds aux élections locales de 2014. La ligne des responsables du Pds, qui n’avaient pas un candidat de grande envergure à Dakar, a été de faire barrage à «Mimi catastrophe Touré», pour reprendre leur formule. Le Pds traîne encore un léger contentieux avec El Hadji Malick Gakou que Wade affirme avoir soutenu en 2009 pour la conquête du Conseil régional de Dakar, contre la promesse que Gakou allait le rejoindre. C’est un truisme que de dire que les enjeux d’une élection présidentielle sont bien différents de ceux d’élections locales.

Madiambal Diagne

Lequotidien.sn

4 Commentaires

  1. IL NE DORMIRA PLUS DU JUSTE SOMMEIL PUISQU’IL EST AUSSI A L’ORIGINE DE LA CARICATURE DE SERIGNE TOUBA A JEUNE AFRIQUE AVEC DE FORTES SOMMES D’ARGENT EN RANCON.PAUVRE MADIAMBAL.

  2. M. Diagne, oubliez Me Wade svp il n’est plus Président encore moins candidat. Défendez davantage le Président Sall en mettant l’accent sur ses réalisations et de façon générale sur son bilan. A mon humble avis, c’est mieux que de vous attarder sur les activités de l’ancien chef de l’Etat.

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