Wade méritait-il un tel accueil?

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L’inoxydable Me Wade a encore une fois drainé des foules dans la capitale sénégalaise. L’accueil populaire et triomphal – digne de celui d’un chef d’État en exercice – qui lui a été réservé ce 10 juillet 2017 a montré une fois de plus qu’il est sans conteste l’un des hommes politiques les plus populaires que le pays ait connus depuis son accession à l’indépendance. Tel un phénix, l’intraitable patriarche, après s’être lamentablement consumé dans les flammes ardentes de sa cuisante défaite de 2012, semble renaître de ses cendres.
Cependant, tout cela paraît invraisemblable! Pour ceux qui refusent l’amnésie volontaire et le masochisme, cet accueil, pour grandiose qu’il soit, ne doit pas effacer des esprits le climat morose et délétère dans lequel Me Wade avait plongé le pays à cause d’une série de scandales et de déceptions ayant marqué son magistère ; ce, d’autant que, comme l’affirmait W. Churchill : « Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre. »
Il devient dès lors utile de rappeler quelques-uns de ces évènements pour rafraîchir la mémoire de ceux qui seraient susceptibles de se laisser tenter par l’oubli.
En effet, sous le règne de Wade, il s’est passé une noria de scandales au vu desquels l’accueil qui lui a été réservé devient incompréhensible, sinon incongru : 12 milliards1 de FCFA pour le monument de la renaissance ; 28 millions de dollars en l’air pour réparer l’avion présidentiel ; 205 milliards dépensés pour l’OCI dont Karim Wade était le responsable de l’organisation; plus de 45 milliards de francs Cfa pour chanter et danser avec le Fesman géré par Sindjily Wade ; 90 millions en cash dans l’affaire Segura ; coûts mirobolants et stériles du plan Tàkkal ; 20 milliards dans l’affaire Sudatel2; un voyage controversé en Libye dont on ignore toujours les soubassements ; 7.5 milliards des fonds de Taïwan2; surfacturations dont certains de ses ministres ont été coupables; wax-waxeet flagrant; plusieurs manifestations tant au niveau national qu’international pour la dénonciation constante des nombreuses dérives du pouvoir de Gòor gi. Le comble semble toutefois avoir été atteint lorsqu’il avait voulu imposer son fils nolens volens au peuple sénégalais. Mais heureusement, celui-ci s’est levé comme un seul homme pour lui dire NON!
Il est d’autant plus nécessaire de rappeler les faits susmentionnés que l’ancien Président de la République – qui, à la lumière de son récent discours, semble plus mû par des motivations personnelles et familiales que par l’intérêt national – dit être revenu au pays pour soulager les souffrances des populations. Ce qui est non seulement très démagogique mais peu vraisemblable puisqu’il avait largement le temps et la possibilité de le faire pendant les douze années durant lesquelles il avait les pleins pouvoirs en détenant la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, et au cours desquelles ses partisans lui obéissaient au doigt et à l’œil comme un monarque. Par conséquent, cette promesse est d’autant moins surprenante et crédible que la saison de la pêche aux voix est ouverte avec le démarrage de la compagne électorale en vue des prochaines élections législatives. De plus, Me Wade est aujourd’hui officiellement âgé de 91 ans, et comme le dit Yasmina Khadra : « A quatre-vingt ans, notre avenir est derrière. Devant, il n’y a que le passé. »
En définitive, l’accueil très discutable qui lui a été réservé ne peut, en mon sens, être « compris » que dans la mesure où il constitue un pied-de-nez, une sorte de manifestation de colère et de frustration envers le gouvernement en place. En effet, celui-ci à déçu plus d’un en commettant les mêmes fautes que celui qu’il a précédé; parfois en le dépassant dans la bêtise dans certains domaines. Ses nombreux errements et scandales et sa traque des biens mal acquis qui ne semble avoir été dirigée que dans le sens du régime précédent se sont retournés contre lui comme un boomerang en créant beaucoup de « sympathies » autour de Karim Wade et de son père, qui, il faut le reconnaitre, a toujours beaucoup d’inconditionnels.
Maintenant le dernier mot incombe au peuple-arbitre, qui est très courtisé ces derniers temps. C’est la raison pour laquelle il doit être conscient de son pouvoir en plus d’avoir une certaine clarté d’esprit afin de reconnaître la bonne graine de l’ivraie, ceux qui plaident pour sa cause et ceux qui prêchent pour leur paroisse, ceux méritent ses applaudissements et de ceux qui méritent ses huées…Il est grand temps de faire peau dans le champ politique. D’où la nécessité de disqualifier tous ces politiciens qui ont un long « casier judiciaire politique » et de faire place à la jeune et intègre génération.

Bosse Ndoye
[email protected]
Montréal
1-http://www.senxibar.com/Walfadjri-liste-tous-les-scandales-financiers-de-Wade_a71.html
2-http://deboutlespatriotes.over-blog.com/article-les-scandales-de-la-republique-sous-wade-103907731.html

CAN 2023

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