Wade sur sa gestion et celle de son fils : «Qu’on nous audite ou qu’on nous colle la paix !»

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Il est toujours au front. Abdoulaye Wade, ancien président de la République, est profondément déçu par l’indifférence de Macky Sall et la tournure des audits et surtout sa succession à la tête du Pds.
L’inoxydable Abdoulaye Wade a toujours des chats à fouetter. A Fann résidence où il vit amèrement sa retraite, l’ancien chef de l’Etat contrôle, à sa façon, le débat politique national rythmé par les Législatives, les audits, l’avenir du Parti démocratique sénégalais (Pds) entre autres. Il broie du noir en multipliant à travers des interviews comme celle accordée à Bbc Afri­que. Selon son entourage, il a beaucoup discouru sur les relations glaciales qu’il entretient avec Macky Sall malgré «toute sa disponibilité» pour lui prodiguer des conseils. «Nous n’avons aucune relation parce que les échanges ne sont pas établis», répond Abdoulaye Wade. En quittant le pouvoir, il pensait qu’il serait un guide pour son successeur, une boîte à idées pour le nouveau chef de l’Etat formé et façonné par le Pds. Aujourd’hui, il est déçu par l’indifférence du quatrième Président. «Pour tout ce que j’ai fait pour ce pays, mon successeur devrait continuer mon œuvre. Je croyais qu’il poursuivrait mon œuvre. Et s’il a des difficultés, il s’adresserait à nous qui sommes plus proches de lui, nous ne lui priverions pas de soutiens», rapporte-t-on.
Près de trois mois après son départ de la présidence de la Répu­blique, il espérait de nouvelles orientations. Il est passablement désillusionné. Dans ce con­texte de suspicions, il a tenu d’abord à préciser la pensée de ses sorties intempestives dans la presse. Selon son entourage, il a machinalement insisté sur ces mots : «Les gens vont croire que je suis en train de mener une critique systématique contre le gouvernement. Je suis un citoyen libre, si je veux m’attaquer au gouvernement actuel, je le ferai. J’en ai les moyens. Personne ne peut m’en empêcher.» Conscient de son prestigieux statut d’ancien chef de l’Etat, il ajoute : «Je ne devrais pas le faire. Cela ne veut pas dire que je ne pourrai pas le faire. Je ne veux pas rendre le Sénégal ingouvernable. Personne ne le comprendrait d’ail­leurs.»
Pour ce combattant pétulant, l’omerta est un déni. Son discours est une ode aux luttes démocratiques qu’il a menées, au sacrifice versé pour le triomphe du Pds au sommet de l’Etat. Ces temps-ci, il est surtout affligé par la tournure du débat sur les audits qui saturent le paysage politique. Karim Wade aurait-il reçu une convocation ? «Je ne sais s’il a reçu une convocation. Si on lui envoie une convocation, il répondra. Je serai le premier à lui dire d’y aller parce que je ne sais ce qu’on peut lui reprocher», répond-il. Il tonne : «Si vous avez quelque chose à me reprocher ou à mon fils, il faut le faire. Et qu’on nous colle la paix. Il faut aussi remonter jusqu’au fils de Sen­ghor.»
Aujourd’hui, il tient à restaurer l’honneur de sa famille citée à tort ou à raison dans plusieurs dossiers de malversations. D’après son en­tourage, Abdoulaye Wade est prêt à toutes les initiatives pour éclairer l’opinion sur la véracité du patrimoine qui lui est attribué. «Je n’ai pas de fonds encore moins d’immeubles à l’extérieur. Je suis prêt à mettre en place une Com­mission comprenant les journalistes, la société civile et mon entourage. On va demander au gouvernement du Sénégal de payer le transport pour visiter tous les pays du monde. Je vous ferai une procuration pour identifier mes immeubles. Si on les trouve, il faut les vendre et donner l’argent aux pauvres. Je suis prêt à vous donner une procuration pour qu’on me colle la paix», suggère Abdoulaye Wade.

«Pape Diop travaille pour Macky Sall»
Il consent à admettre que les audits sont aussi un mécanisme républicain après surtout un changement de régime. «Tout gouvernement a le droit de faire des audits. Il ne faut pas faire des choses de façon discriminatoire. Il faut faire l’audit de tous mes gouvernements depuis 2000. Macky Sall est là-dedans ainsi que d’autres qui sont à ses côtés aujourd’hui. C’est ça l’équité», dit-il. Sans oublier d’assimiler les convocations des dignitaires de l’ancien régime à une pression politique.
Habitué aux départs de ses proches collaborateurs depuis l’opposition, Abdoulaye Wade n’a pas encore totalement évacué l’amertume provoquée par le départ de Pape Diop. «Quelque part, ça me fait mal. Pape Diop a trompé les autres. C’est ça qui me fait mal. Il leur a dit : «Vous n’êtes pas sur la liste du Président. Vous n’avez aucune chance. Venez avec moi, on va créer une liste et capter tous les mécontents.» Ses proches viennent ici à longueur de journée pour me dire qu’ils ont été trompés.» Paranoïa­que, il voit la main de l’ennemi derrière Bokk gis gis. Sans ciller, il dit : «Pape Diop travaille pour Macky Sall. Il n’y a aucune honte à le dire. L’avenir nous départagera.»
Au rayon de la colère qui l’étreint au quotidien, l’affaire Cheikh Béthio Thioune, incarcéré à Thiès depuis presque deux mois pour complicité de meurtre. Ce dossier a fait ressurgir les fantômes de la dernière Présidentielle. «J’ai été profondément choqué. J’aurais fait des investigations pour être sûr de ce que je dis. Pour ne pas seulement dire qu’il a été proche de Me Wade, il faut l’arrêter.»
A l’âge où raccrochent ses pairs, il trouve de nouvelles ressources pour rester toujours sur le fil de l’actualité. Alors que ses prédécesseurs ont toujours observé de loin la situation politique nationale. Mais Wade est un briscard singulier. «Je suis un homme libre, je me sens le droit de participer à la politique sénégalaise. Il n’y a pas de retraite en politique.» A 86 ans, il a déjà son avenir politique derrière lui même s’il continue à guider ses derniers fidèles pour la reconquête du pouvoir. Sans parti pris. «Je ferai des primaires après les Législatives. Je vais convoquer un congrès qui va élire mon successeur. Je pourrai bien pousser l’un ou l’autre. J’es­père que mon parti reviendra au pouvoir pour continuer mon message sur la liberté, la démocratie, l’indépendance. Je veux faire les choses de façon démocratique. Je pouvais faire comme Senghor, Diouf ou Obasanjo et désigner un successeur et le soutenir vaille que vaille. Je suis différent de ces gens. Chacun avec sa personnalité, je suis fondamentalement un démocrate.» La fidélité ne dispense pas d’un zeste de prudence.

lequotidien.sn

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