La francophone que je suis, mûe par une nostalgie sans doute causée par les préparatifs du 15ème sommet de la francophonie tant attendu à Dakar, s’est récemment abonnée à la TV5- la chaîne francophone.
A la place du magnifique français de Maupassant, j’ai été servi émission après émission, un français fatigué, déphasé qui s’infuse à chaque bout de phrase de jeunes mots hip anglais tel que: wow-hot-super-cool….
What’s going on here? Well, apparemment le français ne peut plus décrire les fortes émotions de la jeunesse française. Il leur faut autre chose de plus…cool.
Au lieu d’accepter avec grâce cette évolution naturelle à toutes les langues, La France, elle, obéit à un réflexe qui lui est aussi naturel. Elle retourne vers ses anciens colonisés et leur demande de se battre à sa place contre… des mots. Des tirailleurs pour arrêter l’avancée imparable de: please-hard-tough-oufit….
Elle revient puiser, encore une fois, dans la vaillante jeunesse africaine de nouveaux combattants!
Et qui sont les bons sujets qui vont tout organiser?
Les gouvernants sénégalais qui, le temps d’une francophonie redeviennent des gouverneurs de Métropole.
Wade, auprès de sa blonde, en hurle de frustration. Et pour punir le sujet Macky, le Maître hausse le verbe et complémente d’une marche. L’élève n’a pas assimilé sa leçon. On gaspille l’argent du contribuable sénégalais pour se glorifier (FESMAN) et non pour glorifier la langue française (Francophonie).
Maintenant, parlons un peu de cette jeunesse pour qui tout ce beau monde se grouille. Elle a d’autres rapports avec le français de Senghor; elle ne nourrit aucun complexe. Elle est bien dans sa peau! Elle rap en wolof (“Diogoufi”- Keur Gui) et se met en scène dans ses propres réalités (Dina ma nekh). Elle ne se laisse pas limiter par la vision d’un président-poète. La France-Afrique ne peut plus la contenir. Elle a la toile du Web comme univers.
La francophonie ne constitue donc pas un réel danger pour cette jeunesse “au pays”. Elle est une menace plutôt pour les enfants de nôtre Diaspora.
Parlant d’autres langues comme l’espagnol, l’allemand, l’anglais, le chinois, le japonais…. , ils seront exclus d’office du cercle francophone. L’Afrique, ayant besoin de tous ses enfants, ne peut pas se permettre cette phobie linguistique.
Au lieu de la pousser dans les tranchées de la francophonie, la jeunesse africaine devrait être encouragée non à assimiler une certaine langue mais à parler le langage universel, dénudé de racisme et de complexes du HTML.
Guilleme.
