Plusieurs domaines de la philosophie africaine restent non exploités. Et c’est le Pr Djibril Samb, Titulaire de chaire à l’Ucad, qui s’est lancé dans un projet majeur qu’est « l’histoire scientifique de la philosophie africaine ». Un projet dont le nouveau livre « Le vocabulaire des philosophes africains » ne constitue qu’un acte posé.
Le professeur Djibril Samb de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar projette de fonder une histoire scientifique de la philosophie africaine. Une ambition déclinée, la semaine dernière, à l’occasion de la présentation de son tout nouveau livre « Le vocabulaire des philosophes africains », 315 pages, édité par Harmattan Sénégal. Devant un public nombreux constitué essentiellement d’amis, de proches et surtout de ses camarades universitaires de l’Ucad, le Pr. Samb a livré quelques « secrets » de son ambitieux projet qu’il sait difficile et exaltant, à la fois. Car, a-t-il déclaré, « l’histoire de la philosophie est la discipline la plus scientifique de la philosophie ». Ainsi, selon lui, il s’agira de « procéder à une interprétation aussi exacte que possible des textes selon les techniques littéraires, philologiques, logiques et historiques en cours en histoire de la philosophie ». Mieux, a ajouté Djibril Samb, il lui appartiendra de se « tenir à l’écart de toute préoccupation polémique ».
L’essentiel restera alors de « s’intéresser aux liens constitutifs entre les doctrines professées » par les différents auteurs. De même que les méthodes qui les soutiennent tout en restant « attentifs aux tensions qui peuvent loger dans les réflexions les mieux élaborées ». D’ailleurs, dans ce travail qu’il a entrepris sur la philosophie africaine et principalement de son histoire, Djibril Samb fait remonter « les premières stades » de cette philosophie africaine à la philosophie bantoue rédigée en 1945 en Néerlandais par Tempels. Ce dernier entendait par philosophie bantoue « l’exposé systématique de la vision du monde des Bantous dans un vocabulaire adéquat ». Par la suite, les fondamentaux de la philosophie bantoue seront déclarés « valables » pour toute l’Afrique au Sud du Sahara.
Tempelsiens et Egyptophiles
Toutefois, a souligné le professeur Samb, la notion de philosophie africaine a donné lieu à de « multiples débats ». L’un est soutenu par le courant dit « traditionnel » qui recherche son enracinement, son origine et sa légitimité dans des traditions africaines. Dans ce même courant, plusieurs tendances sont notées. Il s’agit, principalement, selon le professeur Samb, de la tendance « tempelsienne » issue des travaux de Tempels et de Kagamé. Cette tendance assimile la philosophie à la « vision du monde » et donc à son universalité. L’autre tendance appelée celle des « égyptophiles » reste plus ou moins issue des travaux de Cheikh Anta Diop.
Trouvant son origine dans l’Egypte ancienne, cette tendance soutient que l’Afrique est partie prenante de l’histoire de la philosophie, pour avoir abrité des centres de recherches tels que Tombouctou, Djénné et Gao. Le deuxième courant dit « moderne », issue de l’Afrique des indépendances, se donne comme référence les écoles philosophiques occidentales. Enfin, le troisième courant est intitulé « endogène et autochtone ». Selon Djibril Samb, « chacun des trois courants répond, ainsi, dans trois directions distinctes à la même interrogation. « Qu’est-ce que c’est philosopher pour l’Africain ? Ou le non-africain, à partir de l’Afrique ou à son propos ? ». Mieux ajoute le professeur Titulaire de chaire, « Chacun de ces courants affichent des visées doctrinales, spécifiques, articulées à des méthodes propres. Or, c’est là une caractéristique majeure de toute activité philosophique comme espèce particulière de l’activité intellectuelle et littéraire ».
A travers cette démonstration, le professeur Samb reste convaincu de l’existence d’une philosophie africaine. C’est pourquoi, a-t-il expliqué, « le vocabulaire des philosophes africains » va servir d’instrument de lecture de son ouvrage actuellement en cours intitulé « La philosophie africaine contemporaine ». Précédent l’exposé du professeur Samb, ses amis et camarades, Abdoulaye Elimane Kane, Amadou Ly et Hamidou Dia, ont magnifié la rigueur et le sérieux qu’il met toujours dans le travail. Pour Hamidou Dia, Djibril Samb est incontestablement un érudit de la lignée des Hampâthé Bâ avec les connaissances en histoire, en langues et celles des livres qui le caractérisent. Abdoulaye Elimane Kane magnifie en lui, « un esprit d’organisation et de méthode qui ferait rougir Senghor ».
« Rougir Senghor »(elimane kane dixit) c’est le cas de le dire……
kor Collette chantre de la negritude doit se retourner dans sa tombe