« Ni le Ps encore moins l’Afp ou un autre parti de Benno ne refuse de voter pour Macky Sall »

Selon vous, Wade a-t-il laissé tombé son projet de dévolution monarchique du pouvoir ou y croit-il toujours ?

Tout d’abord je veux que Wade arrête de nous mettre en mal avec des voisins, avec lesquels nous ne voulons que bien vivre. C’est une erreur catastrophique ce qu’il a fait avec Alassane Ouattara. Nous l’avons suivi dans la durée. Plusieurs fois, il a pris son bâton de pèlerin pour éteindre le feu. Mais aujourd’hui, il est en train de se fourvoyer. La période dans laquelle se trouve la Côte d’Ivoire est très délicate. C’est une période extrêmement sensible où des problèmes ethniques sont sous-jacents. De telles bassesses ne devraient vraiment pas lui ressembler. J’ai mal quand je me rends compte de l’héritage qu’il risque de laisser derrière lui après tant d’efforts qu’il aura faits autant pour les acquis politiques que pour la démocratie en Afrique. C’est dommage. C’est la diplomatie sénégalaise qui risque d’en pâtir. Madické ou Gadio, le Président n’a laissé personne gérer la diplomatie en ces lieux et places.

Le Président Wade s’en serait-il tenu à la réserve, à la raison, à la décence, il allait laisser des traces indélébiles dans l’histoire du Sénégal. Aujourd’hui, il devrait se mettre de côté et boire son petit lait et mettre le Sénégal sur les rails du développement. Il est perturbé par ce qu’on lui prête à tort ou à raison, mais qui se profile et qui se dessine de plus en plus. Il s’agit de la dévolution monarchique avec toutes ces révisions sur les lois de passation de marché, toutes ces accumulations autour de son fils, si compétent soit-il. Je pense qu’il jette son héritage aux gémonies et ce serait dommage pour lui. C’est manquer de respect aux Sénégalais que de vouloir placer son fils au détriment des autres. Ses collaborateurs sont aujourd’hui ses principaux détracteurs. On ne pilote pas à vue quand on veut diriger un pays. Personne dans son entourage ne prend sa défense. Pour réaliser cette dévolution monarchique, Abdoulaye Wade devra passer sur nos cadavres. Ce projet ne peut pas prospérer dans un pays comme le Sénégal. Ce n’est pas parce qu’il s’est réalisé au Gabon ou au Togo que le Sénégal doit l’adopter.

Mais que fait concrètement l’opposition pour lui barrer la route ?

Mais, l’opposition manque de courage. L’attitude qu’elle adopte n’est pas la bonne. Elle aurait pu descendre dans la rue et défendre ses intérêts comme le faisait Me Wade, lorsqu’il était dans l’opposition. Abdoulaye Wade s’est déclaré candidat, alors qu’il ne peut pas être candidat. Il a choisi un directeur de campagne et va entrer en campagne. Pis, il va utiliser les moyens de l’Etat pour battre campagne. Il va s’imposer et comme disait la ministre d’Etat Awa Ndiaye, une fois qu’il sera élu, il va passer le pouvoir à qui il veut par des réformes constitutionnelles. Cependant, je dois dire que la riposte n’est pas seulement une affaire de politiciens. C’est une affaire de citoyenneté. Si vous attendez que les leaders politiques le fassent, il faudra attendre encore longtemps. Il faut que les Sénégalais sachent ce qu’ils veulent, si c’est rester en régime démocratique ou basculer dans la monarchie. C’est une affaire de chaque Sénégalais. L’opposition a vraiment montré ses limites.

La candidature de Macky Sall est en train de faire désordre dans les rangs de Benno Siggil Senegaal…

S’agissant de la candidature de Macky Sall, il faut dire que c’est clair dans la tête de tout le monde. Je pense que ni le Ps encore moins l’Afp ou un autre parti de Benno ne refuse de voter pour Macky Sall. La candidature plurielle ne nous dérange pas. Seulement, on peut s’entendre sur un programme et faire en sorte que le candidat de l’opposition le mieux placé soit soutenu par les autres. Il faut tenir compte de ces propositions, mais chez nous à l’Apr, nous avons fini de porter la candidature de Macky Sall à la Présidentielle de 2012.

Entretien réalisé par Gallaye Sène

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