L’agence de notation Moody’s a abaissé ce vendredi 4 octobre 2024 la note à long terme du Sénégal de Ba3 à B1, en raison d’une situation budgétaire et d’un endettement nettement plus faibles que prévu.
Le Sénégal est en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) pour des mesures correctives après qu’un audit ordonné par le président nouvellement élu Bassirou Diomaye Faye a révélé que le déficit budgétaire de 2023 est supérieur à 10 %, par rapport aux 5 % déclarés par l’administration précédente.
Le rapport de Moody’s mettant le Sénégal sous surveillance en vue d’une nouvelle baisse de sa note financière témoigne des défis auxquels le pays fait face en matière de stabilité macroéconomique. Malgré une perspective de forte croissance économique à partir de 2025, l’agence souligne que le processus d’assainissement budgétaire sera long, mettant en évidence une vulnérabilité persistante des finances publiques. Cette situation est préoccupante car un abaissement supplémentaire de la note pourrait compromettre l’accès du Sénégal aux marchés financiers internationaux à des conditions favorables, et par conséquent, ralentir les investissements nécessaires pour soutenir la croissance économique.
Pour sortir de cette crise et restaurer la confiance des investisseurs, plusieurs pistes peuvent être envisagées :
Accélérer l’assainissement budgétaire:
Il est crucial que le Sénégal adopte des mesures d’austérité ciblées pour réduire le déficit budgétaire, notamment en contrôlant mieux les dépenses publiques, en rationalisant les subventions, et en améliorant la gestion des entreprises publiques.
Le renforcement de la transparence fiscale et la lutte contre la corruption sont également essentiels pour garantir l’efficacité des dépenses publiques et maximiser les recettes fiscales. À cet égard, les initiatives en cours du Gouvernement du Sénégal méritent d’être soutenues par tous.
Renforcer la mobilisation des ressources internes:
Le Sénégal pourrait améliorer la collecte des recettes fiscales en renforçant l’administration fiscale et en élargissant la base imposable, notamment en luttant contre l’évasion fiscale. La formalisation de l’économie informelle permettrait d’augmenter les recettes fiscales tout en soutenant le développement de petites et moyennes entreprises.
Promouvoir la diversification économique:
Bien que la production de pétrole et de gaz offre des perspectives intéressantes, il est essentiel que le Sénégal diversifie ses sources de revenus pour éviter de dépendre uniquement du secteur des hydrocarbures.
La diversification dans l’agriculture, l’industrie, les services numériques, et le tourisme est primordiale pour rendre l’économie plus résiliente face aux chocs externes.
Renforcer la gouvernance économique et la gestion de la dette:
La mise en place d’une stratégie de gestion de la dette à moyen et long terme est nécessaire pour s’assurer que l’endettement public reste soutenable. Cela implique des négociations avec les créanciers pour rééchelonner certaines dettes et des emprunts responsables basés sur des priorités d’investissement.
Le Sénégal doit également améliorer la gouvernance économique en adoptant des réformes qui renforcent l’efficacité des politiques publiques et en intégrant les meilleures pratiques de gestion des finances publiques.
Favoriser l’investissement privé:
Le Sénégal doit créer un environnement plus attractif pour l’investissement privé, national et étranger, en réformant son cadre juridique, en réduisant les obstacles bureaucratiques, et en offrant des incitations fiscales pour attirer les investisseurs.
La stabilisation du climat des affaires, notamment par des réformes pour protéger les investisseurs et améliorer la sécurité juridique, renforcerait la confiance du secteur privé.
Exploiter les ressources du secteur privé et de la diaspora
Une meilleure intégration du secteur privé dans le financement du développement pourrait réduire la pression sur les finances publiques. Cela inclut le renforcement des partenariats public-privé (PPP) et l’encouragement de la diaspora à participer aux projets de développement via des initiatives de financement ciblées.
La diaspora sénégalaise peut jouer un rôle clé dans la mobilisation de ressources financières à travers des obligations diasporiques ou des initiatives d’investissement direct.
Stimuler la productivité et l’emploi:
Les réformes doivent viser à améliorer la productivité dans tous les secteurs, en particulier l’agriculture et l’industrie manufacturière, en investissant dans la formation professionnelle, la recherche et l’innovation.
Le renforcement de l’accès au financement pour les petites et moyennes entreprises (PME) pourrait stimuler la création d’emplois et la croissance inclusive.
Accroître l’implication du secteur privé:
La relance économique passe nécessairement par le dynamisme du secteur privé. Le gouvernement doit renforcer son soutien aux PME/PMI, simplifier les démarches administratives pour les investisseurs, et promouvoir des partenariats public-privé (PPP) pour attirer davantage d’investissements dans des projets structurants.
Reprendre les discussions avec les partenaires financiers internationaux:
Il est important que le Sénégal continue à collaborer avec les institutions financières internationales telles que le FMI et la Banque mondiale pour bénéficier de leur soutien en termes de conseils politiques et de financement à conditions favorables. Ces institutions peuvent jouer un rôle clé dans la mise en œuvre de réformes structurelles nécessaires à la relance économique.
En conclusion, il est nécessaire de comprendre que la relance économique du Sénégal passera par une approche équilibrée, qui combine discipline budgétaire et soutien à la croissance économique à long terme. La mise en œuvre rigoureuse des réformes structurelles et la gestion prudente des ressources pétrolières et gazières à venir seront déterminantes pour sortir de cette crise financière. Une communication claire et transparente sur les efforts du gouvernement pour rétablir la confiance auprès des investisseurs et des partenaires financiers internationaux sera également essentielle pour éviter une dégradation supplémentaire de la note souveraine du pays. Il est donc nécessaire de soutenir les nombreux efforts en cours du Gouvernement pour l’assainissement budgétaire et la transparence des comptes publics. Il conviendra aussi d’avoir un alignement stratégique impératif entre le pouvoir exécutif et législatif pour permettre au Sénégal de pouvoir redresser la barre et espérer bâtir un pays souverain, juste et prospère. D’où l’impérieuse nécessité d’accorder une majorité parlementaire à confortable au régime du Président Bassirou Diomaye Faye et à son Gouvernement conduit par le Premier Ministre Ousmane Sonko. C’est mon intime conviction
Babacar Sané BA
Président Alternatives Citoyennes
Coalition MIMI 2024