« L’émission Bébé Walf est à arrêter, parce que c’est un espace de pédophilie »

SERIGNE MOR MBAYE, PSYCHOLOGUE
L’idée selon laquelle l’enfant est un adulte en miniature, Serigne Mor Mbaye n’y croit pas. Avec la conviction que l’enfant doit gravir pas à pas les étapes de sa vie, le psychologue déplore certaines émissions de télé qui, selon lui, participent à violenter l’enfant et à érotiser son corps. Et l’émission « Bébé Walf » de Kader Piscinini et de Dj You, indique-t-il, est à arrêter parce que, argumente-t-il, « c’est un espace de pédophilie ». Il a fait cette déclaration hier à Saly lors d’un séminaire sur la maltraitance des enfants.

La maltraitance faite aux enfants est le plus souvent l’œuvre de personnes qui ne réfléchissent pas plus loin que le bout de leur libido. Toutefois, elle peut aussi être de la responsabilité des parents qui, à force de suivre la mode, exposent leurs enfants à d’éternels calvaires. Pour le psychologue Serigne Mor Mbaye, les greffages, maquillages et autres astuces ne sont pas pour les enfants. « C’est de l’entraînement aux rapports de séduction. Ce que nous observons dans cette société sénégalaise, c’est qu’il y a une déperdition progressive des valeurs du savoir et du savoir-faire. On a une tendance perverse et folle de déposer sur les enfants des attributs qui ne sont pas les leurs », s’indigne-t-il.

Pis, déplore-t-il, certaines émissions de télé participent à l’érotisation de l’enfant. « Une société humaine éduque ses enfants en fonction de ce qu’elle attend d’eux. L’érotisation du corps de l’enfant est très dangereuse », lance le psychologue. Poursuivant, il ajoute : « l’émission bébé Walf est un espace de pédophilie. Dans ces émissions là, c’est des compétitions de greffage, maquillage, saupoudrage chez les enfants. A partir de ce moment, ces enfants sont à risques ». Toujours dans la même lancée, il déplore cette sorte de violence que l’on fait sur ces gamins. Il se veut formel : « c’est une émission à arrêter ».
Serigne Mor Mbaye reproche aux adultes de projeter leur vie sur les enfants. Aujourd’hui, dit-il, on grandit comme une herbe folle. Selon lui, l’enfant doit vivre sa vie sans pour autant qu’il y ait un forçage. « On les force à s’habiller comme des adultes et on les force même au plan intellectuel. Les parents font même de la compétition en disant que leur enfant lit à 5 ans. C’est pourquoi j’ai toujours plaidé pour qu’on essaie de voir ce qui est fait dans ces instituts préscolaires. Ce sont des espaces où il ne doit pas y avoir de programme. On doit y apprendre à l’enfant à jouer, à découvrir son corps et à avoir de l’équilibre émotionnel », déclare-t-il.

Mariama Dianké DIEDHIOU (envoyée spéciale)
lasquotidien.info