MADANY SY, PORTE-PAROLE DES TRAVAILLEURS DU NETTOIEMENT :
«Depuis la rupture de son contrat, Veolia continue à percevoir 215 millions par mois»
Durant deux jours, les ordures ménagères ont envahi de nouveau les rues de Dakar, faute d’être ramassées par les travailleurs chargés du nettoiement. Mais, les techniciens de surface ont repris depuis hier soir le ramassage des ordures, après avoir observé un mouvement d’humeur. Ces travailleurs regroupés au sein du Front unitaire des syndicats du nettoiement ont décidé, «pour respecter leur mission de service public», de surseoir à leur mot d’ordre de grève.
Selon leur porte-parole, Madany Sy, c’est suite au sit-in tenu par les travailleurs devant une chaîne de télévision, la semaine dernière, que les responsables de Veolia ont sévi en renvoyant 4 travailleurs. Il ajoute que ces responsables ont reproché à ces travailleurs d’être des gens qui ne travaillent pas. Pour lui, «cela est archi-faux, il y a juste eu des règlements de comptes». Et à leur niveau, ils avaient déclaré comme mot d’ordre de paralyser tout le système, s’ils touchent à un travailleur. Après ces représailles, ils ont exigé la réintégration immédiate et sans condition des 4 licenciés.
Madany Sy et Cie dénoncent le fait que depuis la rupture du contrat de Veolia en décembre 2009, cette société continue de percevoir 215 millions de francs par mois, en attendant un nouvel appel d’offres et un cahier des charges. Et M. Sy de se demander où va l’argent ? En plus, depuis cette date, selon lui, la Direction générale de Veolia a démissionné, les travailleurs ont abandonné la collecte publique au profit de la collecte privée, en ne gérant que les hôtels de la place et certains de leurs partenaires. Aujourd’hui, les populations de la Médina et du Plateau sont laissées à elles-mêmes.
Les travailleurs fustigent le fait qu’ils soient laissés pour compte alors que ceux de l’Entente Cadak-Car, au nombre de 1 200, ont mis en place une mutuelle de santé. Ce, au moment où les agents de Veolia ne sont que 200.
Pour deux communes d’arrondissement, ils perçoivent 215 millions de francs alors que la masse salariale des travailleurs ne dépasse pas 1,5 milliard de francs. C’est pourquoi Madany Sy déclare : «Veolia bouffe presque 3 milliards par an.» Ce qui le pousse à dire que ses travailleurs sont dans une nébuleuse.
Hier, lors de leur Ag, les autorités de l’Entente Cadak-Car ont convoqué quelques syndicalistes qui, à leur retour, ont annoncé à leurs camarades que le directeur de Véolia, Jean Claude Dupont, a accepté de réintégrer les 4 travailleurs licenciés, l’installation d’une unité syndicale qu’il avait refusée au départ, le paiement des salaires et la mise sur pied d’un cadre de concertation.