Libéré hier, vers les coups de 20h, Barthélémy Dias déclare que ce qui s’est passé à la mairie de Sicap Mermoz-Sacré-Cœur est une opération de « sacrifice humaine qui a mal tourné ». Et que Me Wade en serait le commanditaire. Il a ensuite présenté ses condoléances à la famille du défunt, après avoir regretté ce qui s’est passé. Barthélémy Dias bénéficie désormais d’une liberté provisoire et a affirmé sa volonté de se mettre à la disposition de la justice pour les besoins de l’enquête.
« Je sais de quoi je parle, c’est un sacrifice humain qui a mal tourné ». C’est ce qu’a déclaré hier, Barthémémy Dias, moins de deux heures après sa libération, au domicile familial de Baobab, aux environs de 20h, de la prison centrale de Reubeuss, pour expliquer les vraies raisons de l’attaque de la mairie de Sicap Mermoz-Sacré-Cœur et qui s’est soldée par mort d’homme. Pour lui, c’est l’ex président de la République, Me Abdoulaye qui en était le commanditaire. « Je regrette ce qui s’est passé devant la mairie de Mermoz-Sacré-Coeur. C’est, malheureusement, le destin. J’accuse Abdoulaye Wade d’avoir commandité cette attaque de la mairie Sacré-cœur », affirme-t-il, avant d’ajouter : «Des gens sont venus pour exécuter un sacrifice humain. Je présente mes sincères condoléances à la famille du défunt. Mais depuis que Macky Sall est président de la République, on entend plus de sacrifice, de corps retrouvé sans bras. Je suis désolé, c’est regrettable ce qui s’est passé. Et une fois de plus, nous présentons nos excuses à tout le monde, en espérant que ce qui s’est passé devant la mairie de Mermoz-Sacré-Cœur ne se répétera plus jamais, par la grâce de Dieu ».
La face visible de l’iceberg
Et Barthélémy Dias de révéler que « ce qui s’est passé devant la mairie Mermoz-Sacré-Cœur est regrettable », mais ce n’est que la face visible de l’iceberg, dit-il. Le maire de Sicap Mermoz de noter que les jeunes qui ont été arrêtés lors de l’attaque de sa commune d’arrondissement ne sont pas des militants du Pds. « Ce sont des jeunes dont on a exploité la misère. Les commanditaires, on les connaît : en tête il y a Abdoulaye Wade et ses garde-corps. Ces derniers sont là, on sait où ils habitent, c’est eux qui doivent être arrêtés et mis en prison », martèle l’édile de Sicap Mermoz.
Se mettre à la disposition de la Justice…
Par ailleurs, Barthélémy Dias a noté que « La justice sénégalaise est là pour faire son travail. Je suis prêt à se mettre à sa disposition. J’ai entendu certains dire que si j’étais élu député que je ne répondrais plus à la justice sénégalaise. Si la justice sénégalaise prouve ma culpabilité, je ne vais pas chercher à se réfugier derrière une immunité parlementaire, je vais simplement démissionner de l’Assemblée nationale pour aller en prison », dit-il. Le maire de Sicap Mermoz « reste convaincu, par la grâce de Dieu, on ne peut pas prouver ma culpabilité parce que je vous ai dit que ce qui s’est passé à la mairie est un sacrifice humain qui a mal tourné et c’est Abdoulaye Wade qui en est à l’origine ».
Libérer les jeunes manifestants des 23 et 27 juin
En outre, Barthélémy Dias s’est fait l’avocat des jeunes manifestants des 23 et 27 juin dernier qui sont toujours en prison. Il a lancé un appel aux autorités étatiques et judicaires pour leur libération immédiate. « Je demande aux Procureurs de la République de Dakar et de Thiès de faire preuve de clémence et de compréhension à l’égard de ces jeunes qui ont été arrêtés contre la dictature qu’ils ont combattus. Ils ont été arrêtés pour l’approfondissement de la démocratie », dit-il, avant d’ajouter : « Je voudrais dire au Président Macky Sall que s’il est chef de l’Etat, c’est parce qu’il y a des jeunes qui se sont battus les 23 et 27 juin dernier. Ce sont des combattants de la liberté, de la démocratie c’est pourquoi ils sont en prison. Ils sont en prison pour troubles à l’ordre public. Des étudiants font des troubles à l’ordre public tous les jours. Et les troubles publics participent à l’approfondissement de la démocratie ».
Le maire de Sicap Mermoz-Sacré-Cœur a, dans le même ordre d’idée lancé un appel à Monsieur Alioune Tine de la Raddho « que personne n’a entendu depuis que ces jeunes sont en prison. C’est lui qui était le coordinateur du M 23. Je lui demande d’assurer ses responsabilités ». Le même appel est adressé au Président d’honneur du Pit : « Je demande à Monsieur Amath Dansokho, qui est une référence pour le M 23, de se mobiliser pour qu’on puisse libérer ces jeunes. Dans un mois, ça va faire un an que ces jeunes ont été arrêtés. Ils se sont battus pour que ce régime odieux d’Abdoulaye puisse déguerpir d’ici ». Il ajoute :« Si malheureusement ces jeunes manifestants des 23 et 27 juin dernier sont condamnés, eh bien, on sera obligé d’assumer nos responsabilités. On n’a pas fait partir Abdoulaye Wade pour continuer à subir des injustices. Et on ne peut pas réparer une injustice par une injustice. C’est pourquoi que je demande à Alioune Tine de prendre ses responsabilités. La place de ces jeunes n’est pas en prison ».
Exprimer sa gratitude
Le maire de Sicap Mermoz a « dit toute ma gratitude à tous ces jeunes qui m’ont soutenus et accompagnés ». Et « présente également mes condoléances à toutes les familles de ces personnes décédées en menant le combat pour le triomphe de la démocratie de notre pays. Et dire aux parents de ces victimes : vous avez, certes, perdu vos enfants, mais sachez qu’ils ne sont pas morts en vain. Ils sont morts pour une bonne cause. Et par la grâce de Dieu, cette cause ne sera pas trahie ».
Plus de 200 prisonniers dans une cellule
Barthélémy Dias a, par ailleurs, dénoncé les conditions carcérales. « Il est temps de changer les conditions carcérales dans les prisons du Sénégal. Il est temps de donner à l’administration pénitentiaire les moyens de faire son travail. Je lance un message aux « droit de l’hommistes », particulièrement à Monsieur Alioune Tine. Les chambres 9 et 10 de Reubeuss sont des pièces de 50 m2 chacune et à l’heure où je vous parle, à la chambre 9 il y a 2004 personnes entassées comme des sardines. C’est inacceptable. Personne n’est à l’abri de la prison »
La deuxième arme
Interpellé sur la deuxième arme que cherchait les enquêteurs, Barthélémy Dias explique : « J’ai été clair avec le Procureur. J’ai été entendu au niveau du commissariat central où on a, malheureusement, voulu faire une enquête à sens unique – c’est l’impression que j’ai eu à un moment donné. Ce n’était pas de la faute des enquêteurs mais de Messieurs Ousmane Ngom, Cheikh Tidiane Sy et du Premier ministre de l’époque. C’était un dossier politique ». Et d’ajouter : « Comme on ne m’a pas donné l’opportunité pour donner ma version des faits, on a refusé de convoquer les commanditaires. J’espérais donner ma version des faits devant le doyen des juges et quand je suis arrivé dans son bureau il m’a dit qu’il me mettait sous mandat de dépôt. Et que je n’ai qu’à attendre d’être entendu dans le fond pour pouvoir donner ma version des faits. Ce que j’ai fait. Je suis allé sous mandat de dépôt pendant quelques mois et quand il m’a sorti de prison, il m’a entendu et je lui ai dit que la deuxième arme était avec moi ».