La récente déclaration du Ministre de l’Energie, Karim Wade, sur le montant réel des investissements consentis à la Société nationale d’électricité (Senelec) depuis l’alternance est un pavé dans la marre. Un choc énorme. Cette affirmation ébranle toute la communication jusque-là entretenue par le gouvernement du Sénégal et qui faisait croire qu’un montant de 800 milliards de FCFA serait mobilisé, entre 2000 et 2009, pour moderniser l’outil de production et de distribution de la Senelec. Une communication dont le Chef de l’Etat en personne a été une des courroies de transmission.
Mais au-delà d’enfler la polémique sur le montant exact du coût de l’opération de sauvetage de la Senelec, cette déclaration remet sur la table la question de la transparence dans l’utilisation des deniers public. Invité à l’émission « Grand débat » du dimanche 13 février 2010 sur la Rts 1, Karim Wade, le tout nouveau ministre de l’Energie, faisait une révélation surprenante : « c’est 139 milliards de FCFA qui ont été investis à la Senelec depuis 2000 et non 800 milliards comme le soutiennent certains ». Il ajoute au passage que « le problème est que cet argent est mal investi. On a acheté des turbines à gaz alors que la Senelec n’en avait pas besoin ». Une déclaration qu’on aurait pu prêter à un opposant au régime de Wade. Tellement elle contredit les discours des différentes autorités en charge de la gestion de l’énergie du pays depuis 2000. Ainsi, selon Karim Wade, le montant réel des investissements qui sont consentis dans la Senelec, depuis l’alternance, est en-deçà de ce qui a été jusque-là annoncé. Le gouvernement faisait entendre que 800 milliards ont été engloutis dans l’abysse Senelec. Mieux, le chef de l’Etat, Maître Abdoulaye Wade, et son ex-ministre de l’Energie, Samuel Sarr, ne se privaient pas de vanter de tels investissements qu’ils considéraient de loin supérieurs à ce que le régime du Parti socialiste avait fait dans ce secteur pendant quarante années de règne.
Valse des chiffres
Dans un article intitulé « Investissement à la Senelec sous l’alternance, 803 milliards injectés en 10 ans », La Gazette confirmait qu’un montant de 803 milliards a été investi dans la Senelec depuis 2000. Il s’agit, entre autres, d’un programme de 174 milliards FCFA initié en 2005 par Samuel Sarr et qui faisait suite à un plan industriel élaboré par les ingénieurs de l’entreprise. Ce plan devait permettre de ceinturer la région de Dakar avec quatre postes supplémentaires dès 2007 et renforcer les capacités de production de Ziguinchor, de Tambacounda, de la ligne Tobène-Touba-Kaolack, de Mbour, de Fatick et d’autres localités du pays. Un autre programme d’investissement de 520 milliards FCFA a été consenti pour les réseaux électriques et postes de transformation, les postes haute tension de Mbour, Mbao, Touba et Kaolack. Ce plan a également intéressé les moyens de production (334 milliards hors projets communautaires), les réseaux de transport (83 milliards), les réseaux de distribution (19 milliards), les bâtiments (16 milliards), les Télécoms et l’Economie d’Energie (17 milliards). Ce deuxième programme d’investissement n’a pas laissé en rade le volet production. Ainsi, dès 2005, d’importantes extensions sont menées à Dakar. Il sera suivi en 2006 du poste de Hann et en 2007 de celui de Bel-Air. A l’intérieur du pays, cet investissement a pris en charge en 2008 le renforcement des réseaux de Touba et de Mbour, pour un financement de 7 milliards 300 millions FCFA octroyé par la Banque ouest-africaine de développement (Boad).
Récemment, alors qu’il était l’invité de l’émission « Grand jury » sur la Radio Futur Média (Rfm), Mademba Sock, secrétaire général de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas) et Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec) a brandi un autre montant. Selon le syndicaliste, l’Etat aurait injecté 295, 6 milliards à la Senelec entre 2000 et 2009 au lieu des 800 milliards annoncés par le gouvernement et il (l’Etat) s’est endetté pour 260 milliards dont 202 milliards au titre de la compensation financière à la Senelec. Et le total tournera autour de 600 milliards révèle M.Sock.
Devoir de transparence
Au-delà de la contradiction, ces chiffres cachent bien une absence de transparence et de rigueur dans la gestion de la crise énergétique. Sinon comment comprendre de tels écarts entre les déclarations d’autorités situées au cœur du processus ? Combien a-t-on réellement investi dans la Senelec ? Que cache cette valse des chiffres ? Interpellé dans l’émission Grand Jury, l’expert comptable, Aziz Dièye, a tenté d’apporter des explications. Selon lui, « Une bonne partie des 800 milliards investis est allée à la compensation en faveur des clients ». En tout état de cause, ces interrogations demeurent sans réponse au moment où la Senelec, conformément aux directives du président Wade, déroule une campagne de communication à outrance dans les médias de la place. Pour autant, le mystère demeure quant à la vérité sur les montants réellement investis dans la Senelec. Peut-être qu’une communication en ce sens permettrait aux contribuables d’y voir plus clairement.
Ahmed DIAME
LAGAZETTE.SN
ce montant n a pas ete investi……….mais c est bien detourne de son objectif………tenez – vous ce montant de huit cent milliards peut meme serivir a demarrer les centrales nucleaire en amerique a plus forte raison dans un petit pays comme le senegal………..donc pour resumer ce montant a été transfére dans des paradis fiscaux loin des senegalais………………
c’est la corruption qui domine ce pays . et comme au senegal il nya ni assemble nationale ni justice independante , tout les escandales sont permis ..