14 heures à la Dic autour des malversations à l’Aser : Modibo Diop à jeun d’arguments. Retour devant les limiers vendredi pour confrontation avec les 7 voleurs

Pour un passage devant les limiers de la Division des investigations criminelles (Dic), c’en était vraiment un. Modibo Diop, ex-Dg de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser) était en effet, hier à court d’arguments sur pas mal d’interpellations servies par les limiers au sujet de malversations notées dans sa gestion de l’Aser. Il va repasser devant eux vendredi, pour une confrontation avec 7 membres de son staff bénéficiaires de chèques émis par lui.
Par Mamadou Ticko DIATTA

ImageModibo Diop, ex-Dg de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser) va passer encore vendredi devant les limiers de la Division des investigations criminelles (Dic). C’est pour les besoins d’une confrontation avec les 7 membres de son staff, déjà entendus à la Dic et qui ont bénéficié des chèques émis pour eux – pour des montants de 2 à 10 millions de francs Cfa – par M. Diop.
Mais selon des sources proches du dossier, l’audition de l’ex-Dg de l’Aser a été laborieuse. Interpelé sur les prêts consentis au personnel de l’Aser, Modibo Diop a reconnu les avoir effectués, mais a précisé que «cela entrait dans le cadre d’un plan social visant son personnel». Les enquêteurs vont lui rétorquer qu’«il n’y avait aucun texte qui réglemente ces prêts» au sein de l’Aser, ce qui les rend du coup «illégaux». Et ces derniers d’interpeler l’ex-Dg de l’Aser : «Comment pouvez-vous faire dans l’illégalité ?» Cette question restera sans réponse, puisque Modibo Diop «n’(y) a pas répondu».
Il niera même avoir perçu les sommes tirées des chèques qu’il avait signés pour les bénéficiaires de prêts. En soutenant que «personne ne (lui) a rien donné». Ces bénéficiaires avaient, pourtant, déclaré aux limiers avoir remis à M. Diop lesdites sommes. Cet aspect de l’enquête fera l’objet d’une vive confrontation, confient nos sources.
Les limiers ont aussi relevé dans le dossier que Modibo Diop «s’est fait payer des primes indues, lors de la signature d’un accord avec une entreprise marocaine, à deux reprises, des primes comprises entre 70 et 100 millions de francs Cfa, sans l’aval du Conseil d’administration (de l’Aser)». Tout comme son staff «a eu aussi droit à ces primes à l’insu du Conseil d’administration».
Interrogé sur les sources de financement de ses activités politiques, l’ex-Dg de l’Aser a répondu que «c’est avec son argent personnel qu’il les finançait». Une réponse qui va pousser les policiers à lui demander s’il avait hérité d’une fortune pouvant justifier ces dépenses. Modibo Diop n’a pas fourni d’explications face à cette interpellation.
Les marchés fictifs et ceux non exécutés ont aussi été évoqués au cours de l’audition. Ainsi, à propos des marchés non exécutés, Modibo Diop va soutenir avoir effectué les décaissements, parce qu’il était «soucieux que l’entreprise (contractante) achève les travaux. Mais, finalement l’argent a été bouffé».
Pour les marchés fictifs, nos sources constatent l’absence de début d’exécution de la part des bénéficiaires de ces dits marchés. Sur la liste de ceux qui ont bénéficié des marchés fictifs et des marchés de gré à gré, les enquêteurs ont relevé la présence de beaucoup d’hommes religieux de Touba, d’hommes politiques de la mouvance présidentielle, beaucoup de personnalités et de proches de la base politique de Colobane de Modibo Diop.
Cependant, il faut souligner qu’aucune information relative au découvert bancaire de près de 3 milliards de francs Cfa, opéré par Modibo Diop à la Cbao, encore moins à la disparition d’un montant de 275 millions de francs Cfa de la contrepartie des projets financés par la Banque mondiale à l’Aser, n’a filtré.
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