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2013 : une année comme les autres…Tamsir Ndiaye Jupiter reprend la plume

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Décidément, au Sénégal, les années se succèdent et ne diffèrent pas trop. 2013 a été comme les autres, ……terne, débrouillarde, monotone avec surtout les éternelles querelles politiciennes, les décevantes défaites sportives et les conflits politico-judiciaires incessant sur fonds de règlements de comptes.

C’est que le Sénégal est très politique et la politique n’y est qu’un agrément d’intérêts. Tout y indique que sa finalité n’est pas la construction d’une société à visage humain encore moins l’accomplissement d’un sacerdoce mais plutôt l’accès au pouvoir et à… l’avoir. Naturellement, les rivalités se manifestent parfois avec une impertinence criarde jusque dans les structures de compagnonnage politique. La République et les Institutions se retrouvent ainsi toujours prises en otage.

Coalition Benno Bokk Yakaar : encore un bloc bloqué ?

Malgré, durant toute l’année 2013, le Pr. Macky Sall a affiché une volonté déterminée de mettre le Sénégal sur une excellente orbite par une gestion rationnelle des ressources de l’Etat pour aboutir à au minimum à 38 milliards d’économie budgétaire. Mais malgré le soutien manifesté de la Coalition Benno Bokk Yakaar dont il est l’autorité politique centrale, il tarde encore à trouver clairement ses marques. Avec cette Coalition qui constitue son appareil politique, il est ainsi avec tout le monde et n’est avec personne de sorte que le compagnonnage est ainsi plus que jamais transi.

D’abord, la Coalition BBY composée des anciens animateurs des Assises Nationales, n’a pas une idéologie politique lisible, cohérente et classifiable. Trotskistes, Marxistes, Communistes, Libéraux, Socialistes, entre autres, s’y côtoient difficilement dans l’épreuve des challenges. Chacun y contrôle chacun et surveille tout le monde. La Députée Elène Tine est ferme. Dans L’Observateur du 03 janvier 2014, elle affirme : « c’est claire qu’il n’y a pas de Benno, ce concept est un jeu de dupes ». Plus loin, elle avoue : « nous avons « échoué parce que chacun a voulu faire prévaloir ses intérêts partisans. En nous tirant par les pattes, nous avons échoué ». No comment !

Durant toute l’année 2013, les controverses politiciennes dues aux enjeux électoraux locaux et surtout l’inexistence d’espaces structurels réguliers de dialogue, d’échanges, de lectures politiques, de prises de décisions et d’évaluations politiques dans le domaine de la gouvernance collective ont fini par paralyser la coalition. Pourtant Macky, Dansokho, Tanor et Niasse, s’entendent merveilleusement. Mais leurs partis, le PS, l’AFP et l’APR sont en permanentes chamailleries pour des questions électorales, de positionnement ou d’orientation politique. A cela s’ajoute la coalition pionnière Macky 2012 qui ne se retrouve plus dans la dynamique actuelle de la majorité présidentielle. Des velléités de mise en place d’une autre structure de majorité présidentielle qui se substituerait à la Coalition Benno Bokk Yakaar ont même commencé à être cogitées en 2013.

Très tôt, Idrissa Seck du parti REWMI a eu le flaire controversé de prendre ses distances. Ses « éléments » Pape Diouf et Omar Sarr ne le suivent pas. Ils désertent REWMI pour s’accrocher au pouvoir apériste contrairement à Abdourahmane Diouf, ancien DG de la Sones, qui prend le sens inverse. Dans le même sillage, REWMI subit une série de défections. La notaire Nafissatou Diop Cissé dont le nom est lié à l’Affaire des Chantiers de Thiès avec le fameux « protocole de Rebeuss » ainsi que l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Youssou Diagne rejoignent Macky Sall. Mais Idrissa Seck reste inflexible, stoïque et aguerri.

Toutefois la crise puis la rupture entre l’APR et REWMI ne donnent pas pour autant un nouvel élan à Macky Sall.

Les Sénégalais sont très partagés sur les capacités de son régime à répondre aux questions sociales. Les étudiants se révoltent. Les ménages rouspètent. Les jeunes invectivent. Le monde rural peste.

Pour mieux tenir le gouvernail, le Pr. Macky Sall procède à un remaniement ministériel. Le Premier Ministre Abdou Mbaye dont la nomination a été accueillie à l’applaudimètre quitte la Primature emportant ses hommes comme Amadou Kane, qui fut Ministre de l’Economie et des Finances. Youssou Ndour s’en va, à sa « demande ». Un vaste chamboulement est opéré. Aminata Touré, ancienne Ministre de la Justice dont l’action n’a été déterminante que dans la « traque des biens mal acquis », devient Premier ministre et promet de faire « accélérer la cadence ». Mais durant l’année 2013, elle semblait plutôt peiner à démarrer pour pouvoir bien accélérer. Son autorité s’accommode plus de méthodes coriaces, faites de crans et d’aplombs que de génie salutaire.

Le même chamboulement de l’Exécutif est effectué à l’Assemblée nationale. Moustapha Niasse « sauve » son poste de Président. Les tenaces Abdou Mbow et Moustapha Cissé Lo occupent les premières loges de la suppléance du Parlement et lui donnent une autre physionomie.

« Deuk bi dafa Macky », dit-on

C’est en 2013 que pour marquer leur désillusion, les Sénégalais ont commencé à avertir que « le pays est bloqué, le pays ne vas pas, le pays ne marche pas etc.… », ou plus prosaïquement, en Wolof, « Ndeuk bi dafa Macky ». L’expression est caricaturale. Mais elle n’en demeure pas moins politique et singulièrement défavorable à Macky Sall. Ce ne sont pas seulement les déçus et les détracteurs du nouveau pouvoir qui le disent mais aussi les partisans même de Président de l’APR. Beaucoup parmi eux ne croient pas au Sénégal Emergent. Pour l’agriculture, Ibrahima Sène du PIT, membre de la Mouvance présidentielle, assène qu’en 2014, « elle sera pire que celle de l’année dernière ».

C’est dans cette atmosphère qu’une tragique pénurie d’eau assoiffe les populations dakaroises en raison d’une panne inopinée du tuyau de Keur Momar Sarr. Ce furent la panique. Macky Sall et son Premier Ministre, Aminata Touré, débarquent sur « les lieux du drame », en tenue de…militaires ! Mais l’’objectif de communication n’eut pas le couronnement attendu.

Plus grave, le débat politique s’est engourdi, en 2013, dans l’abjection : injures, calomnies, diffamations, diabolisations, diatribes et conspirations envahissent l’espace politico-médiatique. D’ailleurs, jamais le débat politique sénégalais n’a été d’un si avilissement qu’en 2013 si bien que les esprits illuminés durent se mettre en retrait, laissant les insulteurs à gage rivaliser de vilénies.

2013 a été aussi une année de nervosité judiciaire. Les anciens frères libéraux de Macky Sall sont accablés. L’Affaire de la Traque des Biens supposés Mal acquis semble outrepasser même l’opinion publique qui diverge sur sa pertinence. Les procédures judiciaires tirent en longueur, ne reculant guère mais n’avançant point. Le régime s’avère être pris par ses propres appâts. Karim Wade, jusque là combattu et diabolisé, gagne petit à petit en popularité. Les libéraux se sentent à l’aise dans la défense de leurs sœurs et frères de parti. En même temps, les Sénégalais découvrent la « perfidie » des politiciens. Abdou Fall, Me Ousmane Sèye, Thierno Lo, Iba Der Thiam, entre autres, “transhument”, tout en récusant le vocable.

Les enjeux locaux y sont pour beaucoup certes. Mais Macky Sall est en quête d’une majorité solide et consolidée. L’APR n’a encore aucune structure comme tout parti politique. Ça rouspète à l’interne. ABC, membre fondateur, y mène une farouche bataille malgré son « exclusion » de Directoire. A tort ou à raison, on reproche à Macky de vouloir apprivoiser sa famille. Les railleurs parlent même d’une facétieuse « dynastie Faye-Sall », en référence à la dynastie saoudite Fayçal. Ibrahima Sène, dans « L’Enquête » du 03 janvier 2014, est même catégorique : « Macky Sall est en voie d’être perçu en Afrique comme son prédécesseur honni » (sic) L’avenir électoral du parti de même que celui de son « propriétaire » paraissent ainsi ambigu.

La dynamique de massification entamée en 2013 s’inscrit ainsi dans une volonté d’œuvrer à la conservation du pouvoir en 2017 ou 2019, c’est selon. Pourtant, l’année 2013 a été, pour Macky Sall, une année de bourde. Lors de la cérémonie de la Couverture Maladie Universelle, il commet l’erreur de se mettre dans l’hypothèse d’une perte du pouvoir. Ce fut bien une balourdise politique.

Mais la bourde n’a pas trop retenu les attentions. Heureusement pour Macky Sall qui, en parallèle, œuvre autant qu’il peut pour entretenir avec la classe maraboutique, les forces syndicales et les mouvements de jeunesse les meilleures relations possibles. La finalité est politique. 2014 est une année électorale.

Mais elle s’amorce mal pour les « échappées libres et désinvoltes ». Sidy Lamine Niasse en est le premier. Il a passé la nuit du 31 décembre 2013 au 1er janvier 2014, entre les mains de la gendarmerie de Colobane pour des propos jugés graves lors de l’émission « Sortie » de Walf.

Macky Sall paraît aboulique. Il est l’Autorité et incarne une Institution. Or, instruit Paul Valéry : « Quand l’Etat est fort, il nous écrase. Quand il est faible, nous périssons ». Alors quelle hypothèse choisir en 2014 et suite ?

tamsirsenefocus.com

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