2ème revue conjointe : L’agriculture confirme ses performances en 2015

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Les acteurs étatiques et non-étatiques ont passé en revue, hier, les performances du secteur agricole au sens large (agriculture, élevage, pêche et aquaculture, environnement et ressources naturelles) pour l’année 2015. Cet exercice d’évaluation entre dans la Revue conjointe du secteur agricole (Rcsa) recommandée par l’Union africaine.

Les performances du secteur agricole sénégalais (agriculture, élevage, pêche et aquaculture, environnement et ressources naturelles) en 2015 et leur impact sur la sécurité alimentaire et la nutrition ont été passés au peigne fin, hier, par l’ensemble des acteurs étatiques et non-étatiques. Le prétexte de cet exercice de bilan est la 2ème Revue conjointe du secteur agricole (Rcsa) qui est une directive de la commission de l’Union africaine (Ua) et du Secrétariat du (Nepad). Il ressort de ce document que les investissements publics, notamment dans l’agriculture, les infrastructures et l’énergie, conjuguées à la relance des industries et aux bonnes performances du sous-secteur agricole, ont concouru à relever nettement le taux de croissance du Pib réel à 6,5 %, en 2015. La croissance du secteur agricole, essentiellement tirée par le sous-secteur agricole, s’est établie à 18,16 % entre 2014 et 2015. Cette tendance haussière apparaît également dans la contribution du secteur agricole au Pib. De 13 % en 2014, la part du secteur primaire est passée à 15 % en 2015. Cette performance résulte du bon comportement du sous-secteur agricole avec une contribution au primaire de 55 % contre 51 % pour l’année 2014. En effet, la production des principales spéculations a augmenté considérablement avec 75,81 % pour le riz, 60,58 % pour le sorgho, 36,31 % pour le maïs, 28,27 % pour le manioc, etc., selon le rapport.

La riziculture pluviale tire la production locale vers le haut
Ce document s’est particulièrement intéressé aux performances des différentes filières. En ce qui concerne le riz, il relève que la production, en 2015, a atteint 906.348 tonnes, soit 73,33 % de l’objectif annuel de 1.236.000 tonnes fixés dans le Pracas.

Comparée à l’année 2014 et à la moyenne des trois dernières années (2012-2014), cette production a augmenté respectivement de 62 % et de 85,62 %. La production de 2015 est tributaire de l’accroissement de celle de la riziculture pluviale qui a enregistré un taux de réalisation de 104 % par rapport à l’objectif de départ. Quant à la riziculture irriguée, l’objectif de 816.000 tonnes n’a pas été atteint. La production s’est établie à 466.293 tonnes soit 57,14 %. Le rapport note qu’en plus d’une pluviométrie favorable, l’augmentation de la production de riz sous pluie est le résultat du développement de la riziculture de plateau avec l’introduction de nouvelles variétés et l’amplification d’autres. Les objectifs d’emblavure en riz ont connu une importante hausse pour la riziculture pluviale car ayant atteint 169.401 hectares contre une cible de 140.000 hectares.

En 2015, la filière arachide a enregistré une production de 1.050.042 tonnes contre un objectif de 838.728 tonnes, soit une hausse de 57 % par rapport à 2014. Selon le rapport, l’Etat a consenti beaucoup d’efforts pour cette filière qui s’est traduit par l’augmentation des superficies qui, en 2015, se situent à 1.135.339 hectares, soit une hausse de 29 % par rapport à 2014, le déroulement d’un programme de reconstitution du capital semencier, la mise à disposition des producteurs de 25.000 tonnes d’engrais 6-10-6… La même embellie est notée dans la filière oignon dont la production a atteint, en 2015, 367.500 tonnes, soit 41,43 % du total des légumes et 116 % de l’objectif qui avait été fixé. Cette « performance remarquable », note le rapport, s’explique, en partie, par les « efforts fournis par l’Etat à travers la subvention d’engrais, la construction d’infrastructures de stockage et la régulation des importations ».

L’oignon maintient le rythme
La filière pomme de terre épouse la même tendance haussière de sa production. Celle-ci a atteint 52.230 tonnes durant la campagne 2014-2015 faisant ainsi passer la couverture des besoins de deux mois et demi à trois et demi. En 2012 par exemple, la quantité de pomme de terre produite au Sénégal était juste de 15.000 tonnes. Dans les filières fruits et autres légumes, on observe une hausse de 13 % de la production entre 2014 et 2015. Pour cette année, elle est évaluée à 1.133.430 tonnes avec une part importante des légumes qui représentent 78 % du total, soit 886.930 tonnes. La production fruitière est estimée à 246.500 tonnes.

Le rapport note que les cultures maraîchères restent encore le moteur des filières horticoles et que la culture de mangue connaît une expansion.

Dans le sous-secteur de l’élevage, le volume de la production nationale de viande et d’abats est estimé à 214.300 tonnes dont 38 % de viande de volaille et 34 % de viande bovine, soit ¾ de la production, indique le rapport. Quant à la production nationale de lait, les réalisations en 2015 portent sur un volume de 226,7 millions de litres contre un objectif de 261 millions de litres dont 61 % fournis par le système extensif et 39 % par les systèmes semi-extensifs et intensif. Contrairement à ce qui a été enregistré pour la viande, la filière avicole a été moins performante en ce qui concerne les œufs de consommation. Avec une production de 571 millions d’unités en 2015, l’objectif de 645 millions d’unités n’a pas été atteint. On enregistre aussi une baisse de 60 millions d’unités par rapport à l’année 2014.

Plaidoyer pour une révolution des attitudes et des comportements
Présidant la cérémonie d’ouverture de la Revue conjointe du secteur agricole (Rcsa), le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a plaidé pour une révolution agricole dont le préalable est le changement des attitudes et des comportements.

Le gouvernement entend faire du secteur agricole la force motrice pour un Sénégal émergent. Ce qui sous-entend une révolution agricole qui doit être, elle-même, précédée par une autre révolution : « celle des attitudes et des comportements », selon le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Papa Abdoulaye Seck. Le ministre a indiqué que « ce préalable est incontournable » et qu’il est crucial d’en saisir tous les contours, rappelant que le gouvernement est conscient que, dans le secteur de l’agriculture, il faut « plus de transparence dans toutes les opérations », « plus d’équité territoriale, organisationnelle et chez des individus et dans le management de notre agriculture », et « une obligation de résultats ».

Papa Abdoulaye Seck a soutenu que l’agriculture n’est plus considérée comme un secteur social mais comme un secteur économique. Ainsi, il faut « tirer la productivité en apportant plus d’innovations dans le secteur agricole sénégalais ». Cela doit se traduire, selon lui, par la disponibilité de semences certifiées, par une bonne mécanisation, par un suivi des itinéraires techniques, par la facilitation de l’accès à la terre aux femmes, aux jeunes et aux handicapés, par une massification de l’investissement privé, par davantage de soutien aux exploitations familiales, etc. « Une bonne agriculture se développe grâce à une hétérogénéité entre les systèmes de production, de transfert et de consommation, elle se développe dans la diversité et avec la diversité. Une agriculture d’exclusion n’est pas une agriculture de progrès », a insisté le ministre.

Progrès notoires
Dans cette révolution, Dr Papa Abdoulaye Seck a déclaré que le gouvernement du Sénégal ne plaide pas pour une « économie rurale administrée », « dirigiste ». « L’option est de laisser les acteurs prendre en charge leur destin », a-t-il dit, ajoutant que l’Etat se charge de les accompagner en améliorant l’environnement de la production et de la commercialisation. Toutefois, sur le chemin de cette révolution souhaitée, il y a encore beaucoup de chantiers que le gouvernement est en train de conduire, a souligné le ministre.

Papa Abdoulaye Seck cite la réforme de la filière arachidière afin de concilier les intérêts des producteurs, ceux des huiliers et de tous les acteurs de toute la chaîne de valeurs, avec la réforme foncière qui doit permettre une meilleure gestion de la terre et une cohabitation intelligente des exploitations familiales et l’agro-business ; la mise en place de chambres d’agriculture ; le renforcement de la transparence avec la mise en application de la plateforme électronique de suivi rapproché des intrants. Autant d’initiatives qui ont poussé le ministre à déclarer : « nous avons une agriculture en mouvement accéléré et l’accélération se fait dans la bonne direction. Nous sommes en train de tirer un progrès social, économique et technologique de notre agriculture. Mais nous devons toujours la revisiter pour qu’il y ait une meilleure correspondance entre les activités développées et la vision stratégique définie par le chef de l’Etat ».

Babacar Diop de la Cncr, au nom des organisations de la société civile, a listé un certain nombre de préoccupations dont la prise en charge adéquate devrait permettre, selon lui, d’avoir une agriculture plus performante. M. Diop a indiqué que cette revue doit questionner les dispositions agricoles et proposer des alternatives pour corriger les manquements, consolider les acquis de production, conduire à la contractualisation entre les industriels, les privés, les exploitations familiales, sécuriser les productions des petits producteurs et le foncier, permettre d’impliquer les femmes, les jeunes dans le circuit de production.

Lisa Franchett, Directeur de l’Usaid et co-chef de file du groupe des partenaires techniques et financiers a estimé que le Sénégal a réalisé des « progrès notoires » dans le secteur agricole. Mais, ajoute-t-elle, certains défis comme l’efficacité des investissements méritent d’être discutés. Selon elle, les bonnes performances liées à la pluviométrie favorable de 2015 et 2016 ne doivent pas ralentir le processus de réformes et de ciblage en cours par les pouvoirs publics. Cela va contribuer, a-t-elle ajouté, à « l’accélération et à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs, des éleveurs et des ruraux ».

Accès au foncier : La terre échappe toujours aux femmes
Le rapport de la Revue conjointe du secteur agricole souligne que le secteur agricole concentre 65 % de la population totale en 2013 et que 49 % des ménages sont agricoles. Il montre que 62 % des femmes participent aux travaux agricoles en milieu rural, mais elles éprouvent encore du mal à accéder aux facteurs de production. Le document conclut que « la terre demeure une ressource très peu exploitée et contrôlée par les femmes ». En effet, si en 2013, 86,5 % des parcelles étaient exploitées par les hommes contre 13,5 % pour les femmes, l’année 2015 a enregistré une petite évolution avec 19,3 % des parcelles exploitées par les femmes contre 80,7 % par les hommes. « Cela est dû à une meilleure prise en compte du genre par le ministère en charge de l’Agriculture à travers des actions menées par les projets et programmes en vue d’appuyer les femmes à mieux accéder à la terre, aux intrants et aux équipements agricoles », indique le rapport.

Les produits agricoles ont apporté 350 milliards de FCfa
En 2015, les exportations de produits agricoles ont apporté au Sénégal plus de 350 milliards de FCfa, indique le rapport de la Revue conjointe du secteur agricole. Les 20 %, soit 71 milliards de FCfa, proviennent des transactions avec les pays de la Cedeao. Le rapport note que les principaux clients du Sénégal demeurent la République populaire de Chine (17 % des exportations), la Côte d’Ivoire (13 %), l’Italie (10%), la France (9 %) et l’Espagne (8,5 %). Les principaux produits exportés sont à dominance des productions végétales, suivi de ceux de la pêche, de l’élevage.

En ce qui concerne les importations, il ressort de ce rapport que le Sénégal a importé une valeur de 505 milliards de FCfa en produits agricoles. Les 6,8 % viennent des pays de la Cedeao et 93,2 % du reste du monde. Les principaux fournisseurs sont l’Inde (23 %), la France (18 %), la Thaïlande (9 %), la Côte d’Ivoire (4 %) et la Russie (4 %).

Compte rendu d’El hadji Ibrahima THIAM

lesoleil.sn

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