Pour le nouveau président de l’association des artistes comédiens du théâtre sénégalais, en remplacement au défunt Thierno Ndiaye Doss, Lamine Ndiaye explique, dans cet entretien, les maux qui gangrènent leur milieu. Non sans préconiser des solutions…
Qu’est ce qui explique la précarité des artistes alors qu’au sommet de leur art, ils gagnent relativement beaucoup d’argent, surtout dans la publicité ?
A mon avis, chacun vit en fait de sa popularité qui l’aide à travailler dans un spot publicitaire publireportage ou documentaire. Il y a également le nombre de rôles qu’on décroche. Le choix ne dépend pas du comédien, mais du metteur en scène ou dub scénariste qui veut tel ou tel artiste. Il faut beaucoup travailler, car les autres vous considèrent comme un privilégié, un nanti. L’artiste a une famille, une femme, des enfants et de parents qui, le voyant souvent à la télévision, pensent qu’il gagne des millions. Nous devons aussi aider nos proches et rendre l’ascenseur à nos bienfaiteurs. J’ai mon ambition : construire ma maison à la sueur de mon front. Mais, ces aspects font que l’artiste même s’il gagnait des millions un certain temps, ne peut mettre de l’argent de côté. Toutefois, il y a certains artistes qui ne s’en plaignent pas. Ils vivent modestement. Par rapport à la précarité, il faut le reconnaitre, il y a des gens qui ne savent pas s’organiser. Ce sont des flambeurs. Ils gagnent un temps beaucoup d’argent, mais au bout du compte, se retrouvent sans rien, ayant tout gaspillé.
Est-ce que l’artiste pense à son avenir, à l’après-théâtre ?
(Il coupe). L’après-théâtre n’existe pas. On ne vieillit pas dans le théâtre. On vit le théâtre jusqu’à la mort. Dans ce métier, il n’y a pas de retraite. Il ne faut pas prendre le cas de Sorano bâti sur le fonctionnariat. Notre métier a besoin de toutes ces personnes parce que les personnages varient. On peut avoir besoin d’un vieux dans une pièce de théâtre ou dans un film. C’est un métier qui embrasse toute la société. Donc, on utilise des jeunes, vieux ou même adolescents pour les faire jouer des rôles. ARTCOS existe dans tous le Sénégal à travers des cellules régionales. Mais, il y a des cellules qui ne fonctionnent pas car ne sachant pas que faire. Mais aujourd’hui on a mis en place des mécanismes qui peuvent rendre plus efficace l’ARCOTS. .
Quelles solutions préconisez-vous ?
D’abord se réorganiser. Nous devons organiser une assemblée générale pour la reprise de nos activités. Il faut aller de l’avant en ayant d’autres idées. Aujourd’hui, on aurait parlé des sorties d’artistes, d’actions bénéfiques aux artistes. Il y a de festivals culturels, il y’en a. mais on ne voit pas ARCOTS moi ça me fait mal. L’Etat doit d’avoir un regard sur ce que nous faisons parce que nous avons des projets. Vous savez au théâtre, il y a de nombreux métiers. Le théâtre aide à résorber le chômage. ARCOTS travaille dans ce sens en formant aux métiers du théâtre. On ne doit plus laisser les artistes en rade. Ils méritent de représenter leur corporation au Sénat, au Conseil économique et social (CES) et autres institutions.
A.FAYE
Le Pays au Quotidien