Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté vendredi 1er avril à l’unanimité une résolution visant à ouvrir la voie à une présence policière onusienne au Burundi, pour tenter d’apaiser les violences dans ce pays.
Préparée par Paris, ce texte confie au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon le soin de dresser dans les quinze jours une liste des options envisageables pour ce déploiement policier, en collaboration avec le gouvernement burundais et l’Union africaine
« Nous avons besoin que les Nations unies soient davantage présentes sur le terrain », a affirmé François Delattre, ambassadeur de France auprès des Nations unies, devant le Conseil. Cette résolution aidera la communauté internationale « à réagir rapidement pour éviter le pire », a-t-il fait valoir.
« Désarmement, sécurité et l’état de droit »
Le vote vendredi était incertain en raison de réticences des Etats-Unis, qui estimaient que le Conseil n’avait pas eu assez de temps pour étudier le texte. A la mi-journée, l’ambassadeur de Chine à l’ONU, Liu Jieyi, qui en tient la présidence tournante en avril, affirmait encore qu’aucun scrutin n’était prévu. Sa tenue n’a été annoncée qu’environ une heure avant qu’il ne se tienne, signe de difficiles tractations.
Washington s’inquiétait notamment du langage jugé trop imprécis d’une partie de la résolution appelant les Nations unies à aider le Burundi sur les questions de « désarmement, sécurité et l’état de droit ». Cette clause pouvait ouvrir la porte à un soutien gênant, selon les Etats-Unis, car le gouvernement burundais a lancé une campagne de retrait des armes contre des partisans de l’opposition qui a été marquée par la violence. La version finale de la résolution n’y fait d’ailleurs plus référence
« Travailler en toute transparence »
Le texte adopté vendredi ne précise pas l’ampleur de la force policière envisagée. Selon l’ambassadeur du Burundi auprès de l’ONU Albert Shingiro, entre 20 et 30 policiers pourraient être déployés en tant qu’« experts et observateurs ». « Pour le gouvernement, il est très important d’avoir une présence internationale à Bujumbura pour travailler en toute transparence », avait-il dit à des journalistes avant le vote.
Le Burundi est plongé depuis près d’un an dans une crise politique profonde, née de la volonté du président Pierre Nkurunziza de se maintenir au pouvoir pour un troisième mandat, qu’il a obtenu en juillet. Les violences ont déjà fait plus de 400 morts et poussé plus de 250 000 personnes à quitter le pays.
Depuis avril 2015, une crise sanglante secoue le Burundi : 500 morts, 4 000 arrestations, des dizaines de disparus et 220 000 personnes réfugiées dans les pays voisins. Pour expliquer le contexte et les dynamiques de cette crise, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) s’associe avec Le Monde Afrique et publie une chronologie interactive des principaux événements qui ont marqué le pays, de la guerre civile de 1993 à aujourd’hui.
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