Le spectacle est séduisant. Et seuls les initiés peuvent le suivre. Omar Pène de retour sur les terres traditionnelles de Super Diamono, et de son enfance, Derklé. Les « 40 ans » du chanteur en sont le prétexte. L’événement, diffusé en direct sur la TFM, est un mélange de nostalgie, de passion, de sensations… et se déroule en trois scènes.
Scène I Rappel aux anciens de « Diamono »
Tant le Super Diamono est une longue histoire écrite par une bande de jeunes copains. Certains l’ont quitté, d’autres ne sont plus dans ce monde. Mais ce qui se passe, malgré les difficultés, c’est le sacre d’un homme (Omar Pène) qui a su faire renaître le mythe « Diamono ».
Quand l’homme se met à parler de ses débuts dans la musique, son arrivée à Derklé, le premier cercle de Super Diamono. Ce sont de grands noms de la musique sénégalaise qui apparaissent, Baila Diagne, Aziz Seck, Bass Diagne, , Bob Sène, l’énorme bassiste, le meilleur de son époque etc. Et ses amis.
Scène II « Les amis de toujours ».
Omar Pène l’a dit, et ses fans le savent, il ne chante que ses amis. Parmi eux, celui qui l’a accueilli et hébergé à Derklé, Assane Mbaye. L’ami d’enfance, l’ami de toujours.
Ecoutons, pour mieux comprendre l’intensité de ces mots (Quand Omar Pène a quitté Pikine pour venir s’installer à Derklé ». « Quand je l’ai présenté ma mère ». Ces mots, pourtant simples, portent une histoire dont le narrateur ne veut pas évoquer explicitement. L’histoire, c’est le royaume d’enfance d’un jeune de 13 ans, abandonné et livré à la rue. La rue, cette méchante ! Cette mégère ! Cette jungle ! Qui détruit les enfants ! Mais pour Omar Pène, cette rue fut l’école. Il le dit avec des mots touchants. La rue a forcé son intelligence, son talent et son caractère d’un homme au mental fort.
Cette rue sera le premier titre du chanteur sous le générique « Tolou Baye Demba » repris plus tard sous le nom de « Bita baan » (l’enfant naturel), un cri contre l’abandon (dans la rue) des enfants non reconnus par leur père.
Scène III « Tolou Baye Demba »
Dj Boubs qui l’a invité, le surnomme « le seigneur du live ». Il n’a pas tort. Sur le plateau de la TFM, Omar Pène, comme il a l’habitude, fait preuve de talent incroyable. Il entonne « Tolu Baye Demba », sans percussionniste, sans guitariste…, seules les notes du korafa, El Hadji Noumoucounda Cissoko, l’accompagnent, la voix grave et suave distillait allégrement le son. Il faut être du Omar Pène pour pouvoir faire ça !
Oui, la musique de Omar Pène est puissante. C’est un mélange de rythme du blues, de salsa du jazz et du reggae
Ces trois séquences décrivent la vie d’un homme entre la rue et les studios. Une vie d’un combattant, d’un courageux, d’un intègre qui a su imprégner sa marque dans le paysage musical sénégalais et de faire super Diamono une école, un vivier de grands musiciens.
Omar Pène a fait aussi du Super Diamono une famille, créant ainsi, un lien horizontal entre « trois générations » (Habib Demba Fall) : « la génération des pères (témoins de la création de l’orchestre), celle des cadets (admiratifs des prouesses des anciens) et, enfin, celle des enfants (apôtres du nouveau cri de ralliement « Baye Pène » ».
Plus loin le journaliste ajoute que « L’un des mérites de Omar Pène et de son groupe est sa capacité à innover dans le tempo typique du « Diamono » et dans des thématiques déjà explorées comme l’unité africaine, le rapport aux fans, la dilapidation des richesses, la question de la survie, etc. Pène sait accrocher en restant dans ses convictions fortes, mais en créant un transport d’émotions grâce à sa voix, les mélodies et les choeurs (…) Il sait être l’auteur d’une complainte assez touchante comme dans « Teuss Teuss » dédiée aux marchands ambulants. Dans une autre mesure, il sait aussi devenir le sage ami qui tambourine ses conseils : « Ne jamais toucher à l’argent d’autrui et avoir des ambitions en fonction de ses propres moyens ».
Cette voix engagée et aussi une voix amoureuse, sentimentale. L’amour chez Omar Pène, c’est « Bana », la femme fidèle, la femme attachante, la femme battante, toujours à côté de son mari, la femme qui mérite « une promenade en avion ».
L’amour c’est aussi les autres, c’est-à-dire les fans. Entre Omar Pène et ses fans ça dépasse même le cadre de la musique. C’est comme une famille. « Baye Pène » (notre père Pène) en est l’illustration la plus parfaite.
Tout ça, c’est l’esprit de « Diamono »
Longue vie à toi, Baye Pène