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SÉNÉGAL : Retour vers le moyen-âge ! (Par Nioxor Tine)

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Décidément, notre pays, au lieu d’emprunter les voies de l’émergence, semble plutôt opter pour l’immersion dans la fange boueuse des instincts humains les plus rétrogrades. Par plusieurs aspects, notre société renvoie plus au Moyen-Âge qu’aux canons les plus progressistes de la modernité universelle.

Il en est ainsi des talibés jetés dans la rue, forcés à la mendicité, enchaînés, torturés, assassinés, violés dans les daaras ! Mais aussi des jeunes filles violées, mariées de force et/ou prématurément ! Et il se trouve toujours quelques prêcheurs invétérés pour tenter de justifier l’inacceptable et dénier aux futures générations leurs droits et libertés. Même les escapades romantiques de jeunes filles théoriquement bien élevées deviennent des sujets de débat national.

S’il en est ainsi, c’est parce que nos gouvernants actuels, alliés aux forces les plus conservatrices de notre société, cherchent à faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers. 

Eux, que nous avons – en toute bonne foi – porté au pouvoir, semblent vouloir se métamorphoser en seigneurs féodaux, possédant leurs fiefs et leurs châteaux aux grilles inviolables,  régnant sur des serfs dociles, taillables et corvéables à merci, que nous simples citoyens, Guy Marius Sagna en tête, sommes censés représenter.

Alors que depuis 1981, le multipartisme intégral a été consacré par nos lois, le pouvoir actuel cherche à limiter, autant que faire se peut, l’expression libre des suffrages des citoyens. Il s’est d’abord agi de l’emprisonnement ou de l’exil forcé de rivaux politiques du président actuel. Il y a ensuite eu la funeste loi sur le parrainage citoyen, qui a éliminé des dizaines de candidats aux dernières présidentielles. Nous vivons présentement la suspension sine die des élections locales, sous le fallacieux prétexte de tenue d’une énorme supercherie pompeusement baptisée dialogue national.

Pour couronner le tout, ne voilà-t-il pas qu’on nous sort – comme un lapin d’un chapeau de magicien – l’idée de doter la capitale Dakar (et quelques autres villes, paraît-il) d’un statut spécial, rendant presque superflue l’organisation d’élections municipales dans ces localités. Cette proposition est tellement incongrue voire indécente, qu’elle en est devenue orpheline, personne n’osant plus en assumer la paternité.

On en viendrait presque – si cela ne s’apparentait pas, quelque peu, à du cynisme – à regretter la reculade du camp présidentiel. En effet, cette recommandation du HCCT aurait sûrement réussi, à enfin fédérer toutes les forces d’opposition contre elle, et par voie de conséquence, contre la dictature émergente de l’APR, comme le fit un certain projet de Loi Constitutionnelle, le 23 juin 2011, à la place Soweto.

Que dire de cette attitude cavalière consistant à emprisonner d’honorables citoyens pour des broutilles, au moment où des délinquants financiers du pouvoir apériste bénéficient de la clémence du Tout-Puissant Manitou de la République ? Ce sont plutôt ceux qui ont le courage de dénoncer les méfaits de cette mal-gouvernance, qui sont attraits devant la Justice et risquent de se retrouver en prison.

Heureusement, de plus en plus de voix s’élèvent, même au sein des partisans de l’APR, pour dénoncer les injustices flagrantes que ce pouvoir ne cesse de perpétrer. 

Les révoltes des pêcheurs, les frondes paysannes, les manifestations syndicales viennent renforcer le puissant mouvement de défiance initié par Ño Lankk et contribuent à réduire la marge de manœuvre de ce régime de prédateurs. 

NIOXOR TINE

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